Quel regard portez-vous sur la JSK, cette saison ?
C'est le regard d'un ancien joueur de la JSK. Par rapport aux bons moments qu'on a vécus jadis, on peut dire que la JSK a perdu un peu de son âme. Notamment par rapport aux résultats, l'arrivée du professionnalisme, l'entourage du club. En fait, pas mal de choses font que le club a perdu de son prestige aujourd'hui.
On a enregistré ces derniers temps pas mal de cas d’indiscipline au sein du club, voilà qui contraste singulièrement avec votre époque…
La renommée de la JSK à l'époque était d'abord liée à la discipline et au respect de chacun. Quand on ne forme pas les joueurs, la base n'est pas solide et on ne se comporte pas comme un professionnel ; on ne prend pas très tôt les bonnes habitudes.
En matière de recrutement aussi, la JSK cumule les ratages. D'ailleurs, on songe déjà à se débarrasser des recrues de l'hiver passé…
Un manager est celui qui s'occupe du recrutement, après, c'est le président qui a le dernier mot pour valider ou pas. C'est comme ça qu'on travaille dans le monde entier. Avant de recruter un joueur, il faut le suivre pendant une à deux années afin d'être sûr de sa régularité et voir s'il correspond aux besoins du club. Aujourd'hui, j'ai l'impression que, dans le football algérien en général, on recrute pour recruter. On pense aussi trop vite au résultat immédiat, à la Champions League et au championnat. Finalement, on en arrive à oublier le sérieux dans le recrutement pour préparer une équipe d'avenir.
Mardi prochain, la JSK jouera un match costaud contre Sétif en Coupe d'Algérie…
Oui, surtout que Sétif est ces derniers temps en confiance, les titres qu'il vient de gagner en Afrique lui donnent des ailes, notamment sur le plan mental, et on sait l'importance de ce facteur au niveau du football.
Le MOB vient de battre l'ESS 3-0, le grand frère ne peut-il pas réaliser ce cas déjà accompli par le petit frère ?
Oui, tout est possible dans le football, surtout lors d'un quart de finale. Tout dépend du mental et de l'envie que l'on a le jour du match pour l'emporter. Sur un match, tout peut arriver, on peut se surpasser et remporter la victoire.
Quelques semaines après, on aura droit au Clasico JSK-MCA, sauf que ce sera pour le maintien, n'est-ce pas malheureux ?
Il y a quelques années, cette rencontre s'était déjà jouée pour le maintien. C'est vraiment malheureux de voir deux grands clubs, deux grandes histoires du football algérien et africain s'affronter à ce niveau et faire perdre son charme à une rencontre aussi prestigieuse.
Le titre de meilleur buteur du championnat en Espagne est dénommé Pichichi. En tant que détenteur du record de buts dans le championnat algérien, avec 36 réalisations, seriez-vous contre l'idée que le titre soit dénommé chez nous "Bouichichi" ?
Oui, normalement ça doit être ça. C'est la pratique qui a cours dans le monde entier. Malheureusement, on a une autre culture en Algérie, une certaine jalousie qui empêche d'aller dans ce sens. Celui qui n'aime pas la JSK, par exemple, ne serait pas d'accord. On n'a pas aussi cette reconnaissance qui existe ailleurs. Heureusement que nous, on ne cherche pas ça et on ne court pas derrière. Mais, quand un joueur écrit une histoire, qui dure maintenant depuis 1986, on lui doit une petite reconnaissance. Beaucoup de gens à l'étranger me posent la même question que vous, je leur réponds en expliquant qu'on vient juste de lancer le professionnalisme, que notre culture est différente… Mais même si c'est malheureux, on ne pourra pas y échapper, personne ne peut effacer l'histoire !
H. D.
- «Bouichichi est un titre qui devrait être institutionnalisé en Algérie»