Raouraoua : «Ni Fekir ni son père ne répondent à mes appels»

En marge de l’assemblée générale ordinaire de la Fédération algérienne de football, le président Mohamed Raouraoua a bien voulu répondre à nos questions qui touchent à l’actualité du football national, l’organisation de la CAN 2017, mais aussi de l’équipe nationale et le cas Fekir. Sans langue de bois et avec une grande franchise, il répond à nos questions. Entretien.

Aujourd’hui (NDLR : entretien réalisé hier en fin de matinée) a eu lieu l’assemblée générale ordinaire, alors comment se porte la Fédération ?

Plutôt très bien, c’était effectivement le rendez-vous annuel de l’ensemble des membres de la Fédération, ils étaient nombreux, environ une centaine sur les 113 qui composent cette assemblée générale, et nous nous en félicitons. Les deux rapports moral et financier ont été adoptés à l’unanimité, et cela prouve la confiance placée en nous, moi-même et les membres du bureau fédéral pour la conduite et la gestion de notre Fédération nationale de football, mais aussi pour les opérations concernant le football. Nous avons aussi adopté le budget pour l’année prochaine, et vous avez pu remarquer que ce budget est composé de 80% de ressources propres à la Fédération, car nous n’utilisons plus les subventions de l’Etat, puisque depuis 2010 nous n’avons pas dépensé un seul centime du Trésor public.

Lors de cette assemblée générale, vous avez voté la levée de sanction de la JSK, mais vous avez tenu à souligner que la Fédération restera vigilante quant à tout agissement à l’encontre de l’éthique sportive ?

Absolument, notre devoir c’est de faire respecter les règlements, notre devoir c’est de faire respecter l’éthique et notre devoir c’est de faire respecter la bonne organisation des compétitions. Ce qui s’est passé à Tizi-Ouzou, c’est une regrettable affaire qui a fait énormément de mal à notre football et nous n’avons pas cessé de payer les retombées de cet acte gravissime qui nous a tous perturbés. D’ailleurs  nous sommes autant touchés que la JSK et ses dirigeants car, il ne faut pas croire que cela a touché seulement la famille de la JSK ; nous avons tous été touchés par ce malheureux évènement et nous souhaitons que plus jamais ne se reproduise ce type d’acte dans nos enceintes sportives. C’est l’occasion d’ailleurs pour dire à tous les supporters : s’il vous plaît, préservez vos stades et qu’on laisse le football se développer en harmonie avec son public et les supporters doivent eux-mêmes s’organiser pour combattre ceux qui font la violence…

Un record dans les matchs à huis clos cette saison ?

Vous savez, ces matchs à huis clos, nous ne voulons les imposer à personne. Il faut que les gens sachent que nous ne sommes pas heureux lorsque des clubs sont sanctionnés, nous ne sommes pas heureux lorsque des joueurs sont sanctionnés ou que des membres dirigeants soient sanctionnés. Ce que nous voulons bien au contraire, c’est de féliciter tout le monde pour la bonne organisation, et je citerai d’ailleurs l’exemple du match MOB-ESS le week-end dernier qui a été l’exemple parfait d’une très belle organisation d’un match de championnat avec un fair-play total et une éthique de haut niveau. Nous espérons que cela soit généralisé dans tous les autres stades à travers le territoire national.

Les supporters kabyles n’ont cessé de vous demander au cours de ces dernières semaines de lever la sanction, et vous avez expliqué aujourd’hui que vous n’étiez pas en droit, ni vous ni le bureau fédéral, de le faire…

Exactement, si les gens lisent les statuts et les règlements, personne n’a le droit de grâce. Ni le président de la FAF ni le bureau fédéral n’a le droit de pardonner ou d’annuler une décision de la commission de discipline ou de la commission d’appel. Seul le Tribunal arbitraire du sport (TAS) est habilité à le faire. Et lorsque les clubs ou les membres qui sont sanctionnés épuisent leurs recours, les organes juridictionnels sont à trois niveaux : la commission de discipline, et si quelqu’un n’est pas content, il fait appel devant la commission de recours. Si celle-ci confirme et que le concerné n’est pas content, il peut aller devant le TAS, qui, lui, peut casser la décision de n’importe quel organe juridictionnel d’une fédération sportive en Algérie qui se doit de respecter toute décision du TAS. Maintenant l’assemblée générale est souveraine, elle met en place des textes…

D’où la levée de sanction lors de cette assemblée ?

Tout à fait, la demande de la JSK a été présentée par le club au bureau fédéral, lequel l’a présentée à l’assemblée générale qui a décidé de lever la sanction, et nous nous en félicitons. Nous souhaitons bon vent à la JSK, mais nous espérons aussi que son public soit un exemple de bonne conduite dans les gradins et bonne chance dans toutes les compétitions.

Vous disiez que cette affaire gravissime a fait du mal à notre football, peut-on comprendre par là que l’organisation de la CAN 2017 est fortement compromise ?

L’attribution de la CAN se fait par le comité exécutif de la CAF lors de sa réunion du 8 avril au Caire. Je pense que les gens ici et là qui parlent de cet évènement, et qui tricotent beaucoup de mensonges autour de ça, ne savent pas de quoi ils parlent ; ils devraient davantage nous aider par leur silence…

Etes-vous optimiste ?

Moi je suis toujours optimiste. Le problème, c’est que les gens qui ne connaissent rien à ce système de gestion des confédérations ou des institutions footballistiques internationales ne devraient pas intervenir dans ce débat. Il y a un dossier qui est présenté par chaque pays qui soumissionne pour l’organisation de cette CAN, il y a un comité exécutif qui va juger en son âme et conscience l’attribution à X ou à Y et nous devons attendre la décision de ce comité exécutif…

Dans le cas où l’Algérie n’abriterait pas cette CAN, serait-ce un échec ?

On n’en est pas encore là, chaque chose en son temps. Aujourd’hui, nous parlons d’une candidature déposée et soutenue par le gouvernement algérien qui va être étudiée par le comité exécutif le 8 avril prochain. Nous attendons la décision pour pouvoir parler plus tard de ce qui se passera.

Bien évidemment, on aimerait avoir votre version des faits sur le cas Fékir. La famille de ce dernier affirme que vous ne prenez pas assez contact avec le joueur et son père, qu’en est-il au juste ?

C’est complétement faux. J’ai moi-même reçu le père de Nabil Fakir chez moi dans ma maison il y a quelque temps avant la CAN, et le coach monsieur Gourcuff a parlé à plusieurs reprises avec le joueur il y a longtemps. A maintes reprises, nous avons essayé de joindre le joueur qui ne répond pas aux personnes qui l’appellent, même pas à moi. Je l’ai personnellement appelé, et il ne m’a pas rappelé ; j’attends toujours qu’il le fasse, aussi bien lui que son père. Maintenant, laissez-moi vous préciser une chose…

Oui, allez-y ?

Je pense que c’est un débat qui a pris beaucoup d’importance, il faut le restituer à sa juste valeur. Nabil Fekir est un joueur comme tous les autres ; s’il a envie de venir en équipe d’Algérie, il sera le bienvenu, et s’il a envie d’opter pour une autre sélection, alors bon vent en lui souhaitant beaucoup de succès. Nous voulons des gens qui adhèrent totalement avec le cœur et avec tout l’esprit de nationalisme qu’il faut pour venir jouer en équipe d’Algérie…

Donc la balle est dans son camp ?

Bien sûr que oui, et cela depuis longtemps.

A. H. A.

Dernier appel de Raouraoua le 21 février dernier

Si des membres de la famille Fekir essayent de faire croire à l’opinion publique que la Fédération algérienne de football ignore le joueur en ne prenant pas attache avec lui depuis un moment, hier nous avons eu la preuve que tout cela est faux. En effet, le président Mohamed Raouraoua est allé jusqu’à nous montrer ses derniers appels pour Nabil Fekir et son père. Ce fut le 21 février passé, c’est-à-dire il y a à peine près de 12 jours : « Vous voyez bien que je les ai appelés et vous avez la date ici, mais ni lui ni son père ne répondent », nous fera savoir le boss de la FAF.

 

«C’est un joueur comme tout le monde, on en fait beaucoup trop»

«On veut des joueurs qui adhèrent totalement avec le cœur et l’esprit de nationalisme»

«Ni moi ni le BF avions le droit de lever la sanction de la JSK»

«CAN 2017, beaucoup racontent des mensonges, mieux vaut qu’ils se taisent»

«Tant que la décision n’a pas été prise, bien sûr que je demeure optimiste»

 

 

 

 

 

Classement