Le site internet de la FIFA s’est intéressé de près hier à ce qui a été nommé le «collé-serré» sur la scène algérienne.
Au terme de la 25e journée, le championnat de notre pays est loin d'avoir livré son verdict. A l'heure actuelle, la lanterne rouge et le leader ne comptent que 14 petites longueurs d'écart.
À la même époque l'an dernier, l'USM Alger possédait une confortable avance de 37 points sur Bordj Bou Arréridj et Aïn Fakroun, les teams relégués en division inférieure. Douze mois plus tard, une équipe pourrait théoriquement troquer l'une des trois dernières places contre l'une des trois premières en l'espace de quelques journées, au prix d'une série de bons résultats. Le championnat d'Algérie n'a sans doute jamais été aussi serré.
Avec l'aide d'une poignée de joueurs et d'entraîneurs familiers de cette compétition, FIFA.com a tenté de comprendre les causes de cette situation peu commune.
S. M. A.
Jules Accorsi (ent. MCEEE) : «Le niveau s’est rééquilibré»
Le Français, 77 ans, effectue en ce moment son deuxième passage à la tête du MC El Eulma. Selon lui, les supporters ne sont pas les seuls à se réjouir de l'incertitude qui entoure l'exercice actuel : «En ce qui me concerne, ce championnat très serré est une bénédiction», explique l'ancien sélectionneur de la République centrafricaine. A l'en croire, le niveau s'est rééquilibré car aucune équipe n'exerce une domination comparable à celle de l'USM Alger en 2014. «Les formations de pointe ont un peu baissé par rapport à l'année dernière.»
«On joue le couteau sur la gorge»
«Je crois que les clubs ont peur de perdre avant tout. Tout le monde joue avec le couteau sur la gorge et cette menace pèse sur les comportements. Les matches manquent souvent d'entrain et de dynamisme.»
Alain Michel : «Tout le monde joue de la même façon, le physique a pris le dessus»
Alain Michel, pour sa part, pense que le football algérien a pâti de l'instabilité qui règne sur les bancs de touche. «Les changements permanents opérés au niveau de l'encadrement technique commencent à se faire sentir. Aucune équipe ne parvient à s'approprier un système sur le long terme. La plupart des clubs pratiquent un jeu similaire. Le football algérien est devenu très physique et les matches sont de plus en plus serrés. Les écarts se sont réduits, au point qu'il n'y a plus grand-chose pour séparer deux équipes.»
«Aller gagner à l’Arba, par exemple, est une mission impossible»
Michel souligne également qu'il est de plus en plus difficile de s'imposer loin de ses bases, ce qui accentue ce resserrement des valeurs au plus haut niveau : «Il est, par exemple, pratiquement impossible de gagner sur le terrain du RC Arba, qui n'a perdu qu'un seul de ses 12 matches à domicile. Les visiteurs doivent gérer un environnement très hostile. Certains prennent peur et ne jouent pas à 100%.»
Velud : «Le niveau baisse, un petit club pourrait être champion»
Sacré champion d'Algérie deux années de suite avec l'ES Sétif en 2013, et l'USM Alger en 2014, Hubert Velud partage cette opinion : «Les entraîneurs changent très souvent. Pour arriver à quelque chose, il faut de la continuité et de la patience. C'est ce qui explique que le niveau baisse.»
«Le MOB, le modèle à suivre»
Pour Velud, la compétition restera serrée jusqu'au bout : «Un petit club pourrait parfaitement gagner le championnat et un grand club être relégué. A cinq journées de la fin, le MO Béjaïa est deuxième et peut rêver du titre. Cette équipe a conservé son entraîneur et vit sur une bonne dynamique. Je crois que c'est le modèle à suivre, si l'on veut obtenir de bons résultats.»
Ironie du sort
Avec beaucoup d’étonnement, la FIFA essaye d’expliquer le phénomène du classement de la Ligue 1 qui renvoie vers une chute vertigineuse du niveau, ironie du sort, le football algérien connaît une certaine réussite sur la scène internationale : «L'an dernier, l'ES Sétif est devenu le premier représentant algérien à remporter la Ligue des champions de la CAF depuis 1990. Cette année, le pays compte encore trois qualifiés en huitièmes de finale (USM Alger, MC El Eulma et le tenant du titre). Tous peuvent espérer accéder à la phase de groupes», pouvait-on lire sur le portail électronique de la FIFA.