Que dites-vous de la pratique du football pendant le Ramadhan ?
Le football et le Ramadhan cohabitent depuis longtemps. J'ai été confronté à la situation en tant que joueur et en tant qu'entraîneur. Comme joueur, on éprouve de la peine quand on n'a pas mangé. On n'a pas un rendement à cent pour cent. En vérité, on ne ressent pas la fatigue durant le match. C'est au terme de celui-ci que survient l'effondrement.
Donc, on tient le coup durant le match ?
Oui, le bon Dieu nous donne une énergie telle qu'on ne ressent pas les efforts déployés durant 90 minutes. Je peux vous donner un exemple récent et édifiant. Il y a peu, un tournoi s'est tenu à Milan, où je suis établi. Une équipe égyptienne a été opposée à une autre du Pérou. Je peux vous assurer que j'ai vu les joueurs égyptiens courir beaucoup plus que leurs adversaires péruviens. Et c'était les Egyptiens qui étaient à jeun ! Il faut dire cependant que, après la douche, je voyais les Egyptiens lessivés, par terre, sans la moindre énergie.
Les gens se trompent donc quand ils affirment que la fatigue survient surtout pendant le match ?
Oui, absolument. A jeun, on se donne le temps de bien digérer ce qu'on a pris, le problème ne se pose pas. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'on joue les matches au moins trois heures après avoir mangé. Après, je vous l'ai dit, on a suffisamment d'énergie pour tenir un match. Le véritable problème se pose après, d'où la nécessité de bien récupérer, reprendre des forces en mangeant et en s'hydratent, sans parler du sommeil réparateur aussi.
Et quand vous êtes devenu entraîneur, c'était peinard…
Il ne faut pas croire ça. Au contraire, en plus d'être à jeun, le coach vit le match sur les nerfs. Le joueur joue, il se divertit un peu, l'entraîneur, lui, regarde le jeu en étant impuissant, cela affecte énormément le moral. Tout se passe dans la tête. J'ai d'ailleurs une bonne petite anecdote à vous raconter à ce propos.
Allez-y…
Je me souviens du match que j'ai dirigé contre Dynamos Zimbabwe, chez lui, sous les couleurs de l'Entente. Figurez-vous que j'ai bu une bouteille d'eau minérale à la mi-temps sans m'en rendre compte. Ce n'est que bien après la fin du match, quand on a déjeuné, que les joueurs sont venus me voir pour me dire : coach, tu as bu une bouteille d'eau entière à la mi-temps ! Je n'en revenais pas quand ils me l'ont dit tellement je ne m'en suis pas aperçu.
Quelle différence y a-t-il entre l'Algérie et les pays du Golfe où vous avez entraîné aussi ?
En Algérie, on maintient le championnat même avec l'avènement du Ramadhan, je n'ai pas vu ça dans aucun pays du Golfe où j'ai entraîné. J'ai vécu la situation une fois en Arabie Saoudite, on ne jouait aucune compétition officielle. On dormait le jour et on s'entraînait le soir. Cela ne posait vraiment aucun problème.
Une autre petite anecdote ?
Oui, celle-là remonte à l'époque où j'étais joueur. J'étais au CA Batna, on est partis jouer à Médéa. Figurez-vous que le bus est parti, me laissant à Médéa, seul, en plein Ramadhan ! J'ai rompu le jeun chez une de mes connaissances, mais je ne suis pas près d'oublier cette mésaventure.
H. D.