On dit que l'arbitre est celui qui souffre le plus lors d'un match durant le Ramadhan, est-ce vrai ?
Oui, c'est exact. Normalement, on ne doit pas disputer une compétition officielle durant ce mois. Mais quand on est confrontés à la situation, on doit y faire face. Cela m'est arrivé lors de la Coupe du monde U20 en Colombie et durant le dernier Mondial brésilien. L'arbitre court plus que le joueur durant une rencontre. Il parcourt 13 à 15 km par match, alors que le joueur fait entre 8 et 9 km. Le joueur intervient quand le ballon est dans sa zone, tandis que le referee se déplace sur toute la surface du terrain durant tout le temps que dure la partie.
Comment se prépare-t-il dans ces conditions ?
Il n'y a pas de préparation spéciale sur le plan physique ou technique. La seule différence est que le travail physique s'effectue après la rupture du jeûne, pour des raisons d'hydratation évidentes.
En plus, durant le Ramadhan, les joueurs ont tendance à s'énerver…
Oui, c’est connu. Dans ce cas, l'arbitre doit se montrer fin psychologue. Il doit savoir communiquer avec les joueurs pour calmer les esprits. Si le joueur s'énerve et que l'arbitre y met du sien aussi, on risque d'avoir des incidents sur le terrain et la bagarre n'est jamais loin. L'arbitre doit être intelligent, calme et communicatif.
Avez-vous en mémoire un dérapage qui vous a marqué ?
Une fois, j'ai arbitré Dziri Bilel et, vous le savez, il s'énerve durant Ramadhan. Malgré toute son expérience, il n'a pas pu se maîtriser et il s'est emporté contre moi. Mais j'ai réussi à le calmer et à finir le match sans incident.
Vous êtes à Paris actuellement pour la World Cup des U15, parlez-nous en.
En vérité, je suis à Paris en vacances avec ma petite famille. Il se trouve que j'ai été invité pour cet événement, qui se tient du 5 au 11 juillet dans la capitale française. Je suis appelé à donner quelques cours théoriques aux arbitres qui vont officier durant ce tournoi, leur donner un peu de mon expérience et arbitrer la finale. Un autre honneur pour moi et l'Algérie. J'espère être de nouveau à la hauteur.
Il y a aussi les Lionceaux du Sebaou du DBK, parrainés par Moussa Saïb, qui participent...
Oui, j'en ai entendu parler. C'est une fierté pour l'Algérie, j'espère les arbitrer en finale, incha Allah.
Est-il vrai que vous envisagez de vous installer en France ?
Pour le moment, pas encore. Après une carrière de 27 ans, je suis écarté de l'arbitrage algérien, je n'en connais pas les raisons. Il y a des gens avec un CV inférieur au mien qui ont pris des postes. Si je vois que la situation perdure, toujours isolé de l'arbitrage algérien, je pense qu'il serait alors préférable d'envisager mon avenir dans un autre pays.
H. D.