Hachoud : «On sélectionne des binationaux parce qu’il n’y a pas de bons joueurs ici»

« Le professionnalisme ? On est très, très loin» «Un local en EN ? Sans hésiter, Aouedj Sid Ahmed»

Vous êtes l’une des stars de notre championnat, que pensez-vous du niveau de la compétition ?

Je vais être très franc avec vous. Il ne faut pas se mentir, le championnat algérien est encore loin du niveau que tout le monde souhaite. Personnellement je pense qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, et ce, à tous les niveaux. Il faut dire la vérité, on ne joue pas dans un championnat professionnel.

C’est quoi le problème ? Quelles sont les solutions, selon vous ?

Ce n’est pas à moi de vous dire où réside le problème. Cependant, en tant que joueur et acteur, je pense que le manque de moyens en Algérie est la raison principale de la baisse terrible du niveau de notre championnat. Si on prend un exemple qui n’est pas très loin de nous, la Tunisie, qu’on voie les moyens qu’ils mettent en œuvre pour la bonne évolution du football chez eux, on se dit, comme on est loin !  Je dirai la même chose de l’Egypte ou du Maroc… Les équipes ont besoin de terrain d’entraînement, de matériel pédagogique, de ballons, de moyens de récupération, une administration forte, des staffs forts… On n’a rien de tout ça en Algérie, le malheur, c’est que les choses ne semblent pas beaucoup vouloir évoluer. Lors de la fermeture du 5-Juillet, aucun stade à la capitale n’est digne d’abriter une rencontre de football de haut niveau. Les grandes affiches sont programmées dans de petits stades, et après, il y a des incidents, le huis clos…

 

USMA-MCA est le meilleur exemple…

Un grand match comme ça se joue sans public !  Ce n’est pas possible de priver le public de ce derby ! Ce n’ai qu’un exemple. Grand nombre de derbys se jouent sans public, mais bon… ce n’est pas à moi de parler de tout cela. Par contre, fournir les moyens nécessaires à chaque club sera l’un des premiers pas à faire.  Si chaque équipe avait son propre stade, sa propre académie ou centre de formation, on n’en serait pas là. Il y a du talent en Algérie, sauf qu’ils sont livrés à eux-mêmes. Vous n’avez jamais vu les jeunes s’entraîner ? 3 catégories partagent un même terrain de foot ? Comment vont-ils évoluer ? Et encore, là, je vous parle des clubs qui ont un terrain, parce que j’en connais qui n’ont même pas un ballon pour organiser un match d’application…

C’est parce qu’aussi les catégories séniors, c'est-à-dire vous, vous prenez tout le budget…

Exact. Les clubs n’attendront plus le mercato afin de renforcer leurs effectifs avec de nouveaux joueurs qui ne connaissaient rien au football algérien. Pourquoi aller chercher des joueurs ailleurs quand on sait qu’on a une bonne relève sur laquelle on peut compter ? Ce n’est pas qu’aux dirigeants de travailler afin d’arriver à un meilleur niveau mais il faut que tout le monde y mette du sien, joueurs, supporters, sponsors, partenaires…

Donc, selon-vous, on n’est pas encore prêt pour le professionnalisme…

Oui. C’est un problème qu’il faudra régler avec le temps, car ce n’est pas une chose facile à mettre en place. Comme je l’ai dit précédemment c’est notre travail à tous et il faut que tout le monde fasse sa part des choses.

Vous êtes le capitaine de l’équipe mouloudéenne. Que pouvez-vous nous dire sur cette responsabilité ?

Etre le capitaine d’une équipe et qu’importe le nom de l’équipe, sa reste difficile à faire. On n’est pas capitaine que sur le terrain mais aussi en dehors, il faut toujours être présent pour ses coéquipiers, donner l’exemple, travailler et faire en sorte à ce que tout le monde vous respecte. C’est une grosse responsabilité. Il faut aussi toujours s’assurer que tout va bien pour les joueurs. Le capitaine est l’intermédiaire entre la direction, le staff et les joueurs. Le capitaine de l’équipe est le premier concerné lorsqu’il s’agit de communiquer avec les supporters du club que ce soit dans les bons moments comme dans les mauvais. En tout cas, j’ai toujours essayé de faire de mon mieux afin de réussir mon travail. Mes coéquipiers m’ont beaucoup aidé car tout faire tout seul est impossible. Par exemple Faouzi Chaouchi a toujours été là pour aider ou encore Redouane Bachiri, Amir Karaoui et d’autres joueurs cadres de l’équipe. En tout je les remercie pour tout ce qu’ils font pour l’équipe.

Vous êtes le capitaine, mais aussi le buteur, la star… ressentez-vous de la pression ?

Sincèrement oui. Je subis un peu de pression. Car comme tout le monde le sait le Mouloudia est un très grand club et qui possède des millions de supporters. Ces derniers attendent toujours de nous que l’on donne le meilleur, ce qui est normal. Quel que soit l’adversaire, notre position ou les conditions, on n’attend de nous la victoire, toujours !  Avant les matchs on essaye toujours de faire de notre mieux afin de diminuer la pression qui pèse sur nos épaules. Quand vous êtes enfant du club, de surcroît capitaine, la pression est plus grande et plus pesante.  

D’après vous, quels sont les clés afin qu’une équipe réussisse une bonne saison ?

Il n’y a pas de secret pour cela, pour pouvoir réussir la saison et remporter des titres il faut avoir un bon esprit de groupe.  Si l’équipe est bien soudée alors tout devrait se passer très bien mais s’il y a des clans au sein du groupe  ou encore des problèmes, ce serait l’échec assuré.

Un début de saison catastrophique, une fin de saison époustouflante, que s’est-il donc passé la saison dernière ?

Le Mouloudia a traversé beaucoup de problèmes… C’est difficile à expliquer... Ce sont les mêmes joueurs qui ont souffert lors de la première moitié de la saison qui ont ensuite réussi de très bons résultats en fin d’année. Le groupe n’a pas changé, mais son esprit si. Ce qu’on a réussi à faire lors de la phase retour, même l’équipe championne ne l’a pas fait lors de la phase aller. Tout ceci prouve que l’esprit de groupe et la bonne entente entre les joueurs de l’équipe sont les choses qui permettent au club d’aller loin dans le championnat.

D’un autre côté, vous faisiez partie des joueurs sélectionnés en équipe nationale lors du dernier match face aux Seychelles… 

Mon arrivée en équipe nationale n’était pas un hasard. J’ai travaillé durement afin d’arriver au point où j’en suis maintenant. Ma motivation était sans faille, car j’ai toujours voulu faire partie de l’équipe nationale. J’ai mis la sélection en ligne de mire et el hamdoulilah j’y suis arrivé que ce soit pendant l’air Vahid Halilhodzic ou celle encore de Christian Gourcuff.

Vous n’êtes pas beaucoup de joueurs locaux à évoluer avec l’équipe nationale, même si vous êtes sélectionnés, vous ne jouez pas, une explication ?

Il ne faut pas penser que les joueurs locaux ne sont pas les bienvenus en équipe nationale.  C’est totalement faux. Si on cherche des joueurs. C’est le manque de bons joueurs dans notre championnat qui est la principale cause qui a laissé les dirigeants à aller chercher des joueurs algériens à l’étranger. En tout cas, l’équipe nationale contient quelques joueurs locaux qui ont un bon niveau à l’image de mes deux coéquipiers au Mouloudia, Karaoui et Gourmi, et d’autres joueurs du championnat aussi. Il ne faut pas oublier aussi des footballeurs comme Islam Slimani qui jouait pour l’équipe nationale alors qu’il était encore au CRB. Il y a encore l’exemple de Belkalem qui jouait à la JSK.

Quels sont les joueurs locaux capables d’intégrer l’équipe nationale d’après vous?

Si je devais donner un exemple ce serait sans nul doute mon coéquipier Sid Ahmed Aouedj. Je sais qu’il n’a pas encore été sélectionné mais je suis sûr qu’il finira par s’imposer et ainsi gagner sa place en sélection.

M. K.

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