Le Bureau fédéral a décidé d'interdire le recrutement des joueurs étranger à partir du prochain mercato, qu'en dites-vous ?
Les travailleurs étrangers sont régis par une disposition de la loi sur le travail en Algérie, à savoir la loi 90-11. Quel que soit le travail exercé, il y a des dispositions particulières. Entre autres, il est stipulé que si l’on recrute un travailleur étranger, il faut que son équivalent n'existe pas en Algérie. Déjà, dans l'interprétation de cet article, la Fédération algérienne de football (FAF) est habilitée à fixer des termes techniques pour le recrutement des joueurs étrangers, qu'ils soient internationaux par exemple. Cela est du droit absolu de la Fédération.
D’autres textes de loi en faveur de la décision de la FAF ?
Oui, il y a un autre article qui dit que si un travailleur est recruté, il est soumis à une autorisation de travail. Son contrat doit être déposé au niveau de l'inspection du Travail pour qu'il obtienne un permis de travail. Il doit aussi disposer d'une carte de séjour, c'est la wilaya qui s'en charge. De cette manière, le travailleur étranger ne sera pas soumis au visa à l'entrée et à la sortie du pays. Cette loi existe depuis trente ans, elle est d'ailleurs en train d'être refaite. La Fédération est en droit de faire application de ces articles. Ce qu'elle n'a pas à faire, c'est d'interdire le travailleur étranger, cela est du ressort du ministère du Travail.
Justement, c'est ce qui a été décidé...
Mais j'ai lu une déclaration de Mahfoud Kerbadj, le président de la Ligue nationale de football, qui met un peu d'eau dans son vin en disant que si les clubs s'adaptent, l'interdiction sera levée au prochain mercato. De mon point de vue, il serait plus intéressant d'imposer une réglementation très claire aux clubs pour recruter un étranger.
Comment ?
En obligeant les clubs à disposer d'un compte devises et d'une somme équivalent au moins à12 mois de salaires du joueur. On doit leur imposer de déposer une déclaration à la CNAS, avec une copie du permis de séjour et du permis de travail ; faute de quoi, la licence du joueur serait annulée trois mois après. C'est au niveau du club qu'il faut axer le travail, et non pas chez le joueur. On aurait dû agir dans ce sens-là, et non pas en interférant dans les prérogatives du ministère du Travail. La loi 90-11 suffit largement.
Si quelqu'un devait saisir la FIFA sur cette interdiction, y aurait-il un risque pour l'Algérie ?
La FIFA n'interviendra pas si elle n'est pas saisie. Pour que cela se produise, il faudrait une partie concernée, c'est-à-dire un club. Ce dernier devrait être en mesure de prouver qu'il respecte la législation, par ailleurs.
Ne regrettez-vous pas la mise au placard de la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) des clubs ?
Si, justement, et c'est dommage ! La DNCG aurait pu faire ce type d'étude et transmettre des propositions à la Fédération en lui disant : il faut imposer dans la réglementation l'ouverture d'un compte devises, de stipuler dans le contrat où se trouve ce compte, dans quelle banque à l'étranger, exiger du club une caution qui garantit de payer les joueurs parce que, il faut le dire, les grands clubs du pays ont des comptes devises. C'est le cas de la JSK, de l'USMA et de l'ESS. Par exemple, l'Entente a perçu l'an passé 1,5 million de dollars en tant que champion d'Afrique ; elle a donc de quoi payer un joueur. On peut prendre comme précaution de bloquer une partie de cet argent pour garantir le salaire du joueur.
H. D.