Henkouche : «Combien de fois Simondi a-t-il été limogé en Algérie ?»

Bernard Simondi vient d'être éjecté de son poste à la JS Saoura. Mohamed Henkouche, le coach actuel de Mostaganem, ne s'en étonne pas, il explique pourquoi.

La JS Saoura, votre ancien club, a limogé Simondi, son entraîneur, cela vous étonne-t-il ?

Première nouvelle, je ne le savais pas. J'ai joué un match avec mon équipe, Mostaganem, je n'ai pas eu le temps de lire les journaux. Cela dit, il ne faut pas croire que c'est propre à la JS Saoura. Tous les clubs songent à éjecter l'entraîneur comme première solution à une crise. Chez nous, il y a une espèce de valse européenne. Ainsi, certains coaches se retrouvent tantôt au MCA, tantôt à la JSK... Ce sont toujours les mêmes. Et quand ils rentrent chez eux, ils ne travaillent pas, comme par hasard. Ce Simondi-là, combien de fois a-t-il été limogé en Algérie ? La JS Saoura l'a repris pour le licencier encore ! Il va aller dans un autre club algérien, et il sera une nouvelle fois licencié. A croire qu’il y a encore des Algériens nostalgiques du colonialisme.

Apparemment, nous avons affaire à des produits bien recyclables…

Ah, oui, en plus ça leur plaît. Ils signent un contrat de deux à trois ans, ils savent qu'on est obligés de les payer. Au bout de deux à trois matches, ils se font virer et ils auront gagné deux à trois ans de salaire.

Maintenant, Simondi n'aura pas le droit de prendre plus d'un autre club en Algérie cette saison, comme le prévoit le règlement, qu'en dites-vous ?

Il aurait fallu imposer cette restriction aux clubs, pas aux techniciens. Simondi ou un autre technicien entraîneur licencié, je ne suis pas étonné, je le serai lorsqu'il s'agirait d'un Madoui ou un Amrani, deux coaches locaux qui ont raflé les titres la saison écoulée. Dans tout ça, où sont ces techniciens étrangers qu'on estime meilleurs que nous ?

Il y a aussi Hamdi, l'entraîneur algérien de l'USMA, qui va jouer la finale de la Champions League africaine...

Voilà, et ce n'est pas un Italien ! C'est pour vous dire qu'on n’est pas plus mauvais que d'autres. Vous savez, les études en médecine sont partout les mêmes, que ce soit en Algérie ou en Europe, les études en matière de football, c'est kif-kif. En plus, ces techniciens étrangers ont une difficulté majeure, ils ont du mal à transmettre leur message en raison de la langue. On sait très bien que la plupart de nos joueurs ne comprennent pas toutes les langues étrangères. Pour rigoler un peu, je vais vous relater une anecdote.

Allez-y…

Un jour, j'avais un adjoint au CRB qui s'est mis à crier pour recadrer un joueur. Il a lancé en français : "Reviens à la réception !" Pour le sommer de revenir en arrière pour la réception du ballon. J'ai alors dit à mon adjoint : "Ton joueur va se diriger droit vers la réception de l'hôtel si tu continues à lui parler ainsi !" J'en ai une autre moins drôle, cependant.

Allez-y encore, on en redemandera toujours…

La dernière fois que j'ai pris le CRB, mon équipe était encore qualifiée en coupe d'Afrique, j'avais perdu un match sur six. Mon contrat s'est terminé, on ne l'a pas renouvelé, au profit de Gamondi. Au premier match de la coupe d'Afrique, il a éliminé le CRB. En 2009, nous avons remporté la coupe d'Algérie avec un entraîneur venu de Mascara. Ensuite, on a fait appel à un Argentin, un Français, un Suisse... Mais depuis cette fameuse coupe d'Algérie, aucun entraîneur étranger n'a ramené quelque chose. Après mon passage, les seuls techniciens qui ont fait du bon boulot au CRB, ils ont pour noms Menad et Bouali. Qu’ont fait les autres venus de l'étranger ? Rien. Pire, ils ont dénaturé le club.

H. D.

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