Djelloul : «Feghouli et Brahimi ne sont pas les mêmes en sélection»

Zoheir Djelloul, l’ancien sélectionneur adjoint, ne reconnaît plus les Verts. En technicien avisé, il met le doigt sur les failles de la sélection de Christian Gourcuff.

Peut-on dire que la panique s'est emparée de Christian Gourcuff, à en juger par ses derniers propos ?

Je crois qu'il ne s'agit pas d'une grosse panique mais, effectivement, le sélectionneur national sait maintenant ce qu'est la pression algérienne, au niveau des médias et du public. Nous avons un public connaisseur, qui se déplace avant tout pour voir du beau jeu. Malheureusement, ce n'est pas ce que nous avons vu lors des deux derniers matches. L'équipe n'était pas stable, il n'y avait pas d'équilibre entre le milieu, la défense et l'attaque. Il n'y avait pas une bonne organisation tactique sur le terrain, on n’a pas vu beaucoup de choses.

À quoi tout cela est-il dû, selon   vous ?

Je pense que c'est parce que la sélectionne nationale n'a pas la chance de se regrouper très souvent. Aussi, je note qu'il y a beaucoup de changements au sein de l'équipe. A chaque fois, il y a deux ou trois nouveaux joueurs qui rentrent, notamment en défense. Il est une règle qui recommande d'avoir une bonne assise défensive si on veut bâtir une grande équipe. Malheureusement, je constate que cela fait plusieurs années que la défense change, on n'arrive pas à la stabiliser. Contre la Guinée, on a vu Hachoud et Ghoulam sur les côtés de la défense. Contre le Sénégal, ce sont Ziti et Boudebouda qui ont pris le relais. Avec qui va-t-on affronter la Tanzanie au prochain match ? En plus, il faut dire qu'il y a quelques joueurs qui sont en train de passer par une phase vraiment critique et difficile. 

A qui songez-vous ?

Je pense surtout à Feghouli et Brahimi et à un degré moindre Slimani. Ils ne sont pas constants dans leur jeu, c'est surtout le cas de Feghouli. Quand on compare ses prestations par rapport à son club, on se rend compte qu'on a affaire à un joueur différent. Sur les plans défensif, offensif et collectif, c'est un autre joueur que celui qu'on a l'habitude de voir à Valence. Et j'ai remarqué encore une chose.

Laquelle ?

L'équipe tire plus vers le jeu individuel que collectif, et cela m'intrigue beaucoup. Une grande équipe, c'est d'abord le collectif. Si, après tant d'années, on n'est pas arrivé à huiler le collectif, cela veut dire qu'on a un gros problème. Avez-vous vu comment les Sénégalais faisaient circuler le ballon ? Ils ont monopolisé le ballon au milieu du terrain. Et quand on parvenait à avoir le ballon, on le perdait tout de suite ou alors on privilégiait la solution individuelle en faisant des courses de 30 mètres, sans succès à la fin. Il y a un gros problème sur le plan de la construction du jeu.

Cet individualisme donne aussi lieu à de l'indiscipline, comme on l'a vu avec Ghoulam face à la Guinée, puis le clash Brahimi-Soudani contre la Sénégal...

C'est un autre gros problème. Mais ce qui me préoccupe, c'est l'absence du jeu collectif. Quand je vois l'équipe de la Guinée, je suis jaloux. Sans avoir de grosses pointures comme les nôtres, la Guinée développe un jeu collectif, on voit un bloc qui défend et attaque en même temps. Ils attaquent avec quatre à cinq joueurs et ils ne laissent pas de vide au milieu du terrain. Cela ne peut être que le fruit d'un bon état d'esprit qui anime l'équipe et du jeu collectif qui en découle logiquement. Il y a beaucoup de choses à faire au sein de notre sélection nationale. Et si M. Gourcuff laisse le doute s'installer au sein de l'équipe, ce sera foutu ! Il ne faut que qu'il doute, lui aussi, de ses capacités ni de celles de ses poulains. Il faut qu'il retrousse les manches et se mette à travailler sérieusement. Il doit imposer sa discipline et son mode de jeu. Autrement, soyons sûrs que la Tanzanie ne nous fera pas de cadeau.

H. D.

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