Après un tiers du parcours de cette saison, nous avons sollicité le président de la Ligue de football professionnel Mahfoud Kerbadj pour un petit bilan sur ces dix journées de championnat. En plus de son Chabab de Belouizdad de toujours, Mahfoud Kerbadj, qui est un féru du football et du beau jeu, est aussi un invétéré Blaugrana.

Quelle lecture faites-vous du championnat après dix journées ?

Je pense que tout se passe dans de bonnes conditions, j’ai vu quelques matches, je crois que le niveau est bien meilleur que l’an dernier, disons qu’il est acceptable. Je pense que le niveau de l’arbitrage est meilleur aussi. Je dis cela parce que quand je vois des dirigeants, dont l’équipe a perdu, rentrer dans le vestiaire pour féliciter les arbitres, cela me laisse penser qu’il y a de grands progrès qui se font à ce niveau-là. Bon, tout n’est pas parfait c’est sûr, il reste encore le problème, et pas des moindres vous me direz, celui des stades, on fait avec. Des clubs comme le Mouloudia, le NAHD, le RC Arba, etc. souffrent de la domiciliation, cela nous désole mais on ne peut pas faire grand-chose. Comme il nous reste à régler le problème de la violence et de certains dépassements qui n’ont pas lieu d’être dans nos stades de football. Là, c’est un travail de longue haleine qui concerne tout le monde. Voilà, je pense que dans l’ensemble, c’est bon.

 

Justement, en parlant de stades en Ligue 1, il y a encore des clubs qui sont domiciliés dans de très petites enceintes…

Avant, cela veut dire il y a une, voire deux années, nous avions pris des sanctions contre des équipes dont le stade était de petite contenance. Là aujourd’hui, on s’est rendu compte que nous avons pénalisé des clubs pour des raisons qui ne dépendaient pas d’eux. Le cahier des charges au début exigeait un stade d’une capacité de 10.000 places. Or, on s’était rendu compte que le club n’est pas propriétaire de ce stade et ne pouvait en aucun cas améliorer sa capacité. Prenant le cas du stade de l’Arba ; j’ai discuté avec les autorités de la wilaya de Blida, elles avaient promis d’élever la capacité du stade Smail-Makhlouf et de faire construire une grande tribune. Celle-ci n’a jamais été construite, je parle de la grande tribune. Alors pourquoi doit-on sanctionner, pénaliser le RCA qui n’y est pour rien ? C’est le même cas pour le NAHD. Sachez que pour ce club, j’ai dû intervenir une fois auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur afin qu’il fasse pression sur l’APC de Belouizdad pour autoriser le NAHD à s’y domicilier… Vous voyez alors dans quelles conditions, nous et les clubs pros, sommes en train de travailler. Et avec tout ce qu’on est en train de faire, on nous critique.

 

C’est normal qu’on vous critique, vous êtes les gestionnaires des deux championnats professionnels du pays…

Moi, je suis un homme qui accepte les critiques. Toutes les critiques constructives qui peuvent faire avancer les choses sans les bienvenues. Mais parfois, j’entends les gens nous comparer à l’Europe et qui disent : «Voyez ce qui se fait en Europe, on ne vous demande pas autre chose que de copier l’Europe.» Mais ces gens-là avent-ils que nous n’avons pas les stades d’Europe, nous n’avons pas le public de l’Europe ? Comment voulez-vous que je fasse de même que l’Europe, alors que nous accusons un retard d’un siècle par rapport à ce continent qu’on appelle le Vieux ?

Président, on sait que c’est votre dernière année à la tête de la Ligue.

Est-ce qu’en quittant la LFP vous allez quand même rester dans le milieu du football ?

Ah ça ! Non, je suis fatigué. Je vais quitter ce milieu. Je suis usé. Je vais me reposer, n’oubliez pas que je suis un bénévole et à ce titre, je crois que quand on ne peut plus rien donner autant laisser sa place ; je sais qu’il y a déjà des postulants. Il y en a qui se sont déjà positionnés. Tout ce que je leur souhaite, c’est qu’il fasse au moins mieux que nous. Sinon, moi, je me retirerais complètement du football.

 

Mais pas du FC Barcelone en tout cas, dont vous êtes un socio, rassurez-nous…

Ah le Barça ! Je suis un peu déçu… J’ai vu le match hier (entretien réalisé jeudi) contre le BATE Borisov. Sans Messi, je crains pour le clasico. Ce sera une catastrophe.

M. O.