Comme tout le monde a pu le constater, le match retour contre la Tanzanie aura été celui de tous les changements. Si la plupart ont fait une fixation sur le 4-3-3 vu par certains comme étant un 4-1-4-1, ce qui est pratiquement la même chose vu le rôle de chaque élément dans son compartiment, il n’en demeure pas moins que le passage vers ce nouveau schéma tactique a impliqué des remaniements assez larges.
On n’a jamais imaginé Gourcuff capable de faire autant de changements sur son onze de départ, lui qui a un regard et des idées fixes avec une certaine tendance à ne pas vouloir changer pour éviter de se noyer. Mais la noyade, l’EN l’a évitée de peu à Dar Es Salaam, et cela l’a contraint à repartir presque à zéro, c’est-à-dire là où le bateau a été abandonné par l’ancien maître à bord, Halilhodzic.
Ainsi, on a tous vu une EN entreprenante et même pas une minute après le coup d’envoi, elle était déjà devant au score grâce à Brahimi, aligné après plusieurs mois dans son poste de prédilection, celui où il a brillé au Mondial. Il ne s’est pas arrêté là puisque durant tout le match, il a été magnifique au point qu’on a carrément oublié qu’il revenait d’une blessure. Magnifique, c’est le mot qui va aussi avec un Mahrez meilleur qu’au match aller et se sentant libre dans une position qu’il affectionne particulièrement, la même que celle où il joue dans son club ; il a profité pleinement de l’absence de Feghouli, qui a enchaîné un 9e mois sans la moindre rencontre officielle avec l’EN. Il faut dire qu’il aura tout manqué ces derniers temps, et le stage de Doha était le dernier où on l’a vu fouler la pelouse, avant de connaître une longue traversée du désert. D’ailleurs on se demande même si le dernier stage et le match contre la Tanzanie ne lui ont pas été préjudiciables.
Le retour aux vieilles habitudes fait peur
Gourcuff a compris donc qu’il était préférable d’être plus souple et d’opter pour les choix les plus efficaces, plutôt que de rester sur un seul plan, avec tous les risques que cela puisse entraîner. Mais ce changement aura été brusque et a apporté des nouveautés, qui pourraient ne pas faire les affaires de Feghouli.
Si le schéma choisi le 17 novembre dernier à Blida a plu aux plus critiques des Algériens, il faudra cependant accepter tout ce qui va avec. Cela nous amène à impliquer Feghouli, qui risque dès lors de perdre sa place en sélection. On imagine mal comment l’équipe va réintégrer ce joueur dans ce même schéma, surtout que cela aura aussi un lien avec les éléments qui constitueront le milieu de terrain, car la présence de Medjani en sentinelle occupe une place de plus dans le système défensif. Du coup, il n’y aura pas assez de places pour tout le monde. Lors du dernier match, Bentaleb et Mesloub ont tous les deux joué et la reconduction d’un tel dispositif ne laissera aucune chance à Feghouli ; si ce n’est l’obligation de retrouver le très critiqué 4-4-2, ce retour est-il donc inévitable ?
Encombrement
En tout cas, il y aura du chemin à faire avant d’arriver au mois de mars, date du prochain regroupement de l’EN et des deux matches contre l’Ethiopie. L’équipe risque d’ici quatre mois de faire peau neuve vu le rajeunissement et les renforts annoncés, dont l’arrivée possible de Benzia. Et lorsqu’on sait que Benrahma, Ghezzal et Boudebouz, pour ne citer que ceux-là, sont déjà en place, on imagine mal comment intégrer tout ce beau monde dans le plan. Certes, ça créera une rude concurrence qui risque de faire l’affaire de l’EN, mais elle impliquera aussi une certaine confusion où des têtes risquent de tomber et d’autres paramètres peuvent entrer en jeu.
Remettre le 4-4-2 d’avant avec Mahrez à gauche, Brahimi en 2e attaquant avec Feghouli à droite impliquera la suppression du poste de sentinelle, qui, pour plusieurs techniciens, aura été la dynamo qui a permis à l’EN de dominer les Tanzaniens. L’assise défensive a été retrouvée, et il sera extrêmement difficile de la stabiliser avec l’ancien schéma. Le retour de Feghouli risque donc de tout brouiller.
S. M. A.