François Bracci, l’ancien coach corse du MC Alger, est choqué par l’agression dont Ighil et ses joueurs ont été victimes. Il tire la sonnette d’alarme.

Des supporters du MCA ont agressé l'entraîneur et les joueurs du Doyen, comment réagissez-vous à cela ?

Pour avoir déjà exercé en Algérie, je connais un peu le phénomène. Aller jusqu'à l'agression physique, c'est quand même très, très grave ! Cela dénote un manque d'éducation. On peut comprendre certains débordements des supporters, mais en arriver jusqu'à l'agression physique, c'est inadmissible. Comme si ce qui est arrivé à Ebossé n'était pas suffisant. C'est vraiment très regrettable. Et maintenant, je suppose que le coach va s'en aller.

Non, il poursuit sa mission...

C'est vraiment courageux. Je prends toujours à ce propos l'exemple de la voiture qui reçoit un projectile et lui brise une vitre. Dans ce cas, soit on laisse la vitre ainsi et on en garde la trace, soit on change la vitre. Cela me fait toujours penser à ça. Je veux dire par-là qu'au moindre faux pas, ça recommencera. C'est regrettable pour la profession.

Aucun entraîneur en Algérie n'a dénoncé cet acte ignoble, n'est-ce pas aussi regrettable ?

C'est parce que chacun se cache derrière je ne sais quoi, il n'y a pas de leader pour mener un combat contre ça. Je pense que ce sont les instances fédérales qui doivent faire le ménage. On peut parler individuellement, mais quelle est la personne qui peut monter au créneau ? Est-ce qu'il y a un représentant des entraîneurs en Algérie ? Ce n'est pas comme en Europe où il y a toujours un représentant pour défendre la cause des techniciens ou autres.

Que serait-il passé si la chose s'était produite en France, par exemple ?

Je crois qu'il y a déjà la sécurité qui n'a pas fonctionné et ce n'est pas normal. Il est vrai qu'on ne peut pas mettre des gardes du corps partout, mais il doit y avoir quand même une certaine vigilance. J'ai vécu une expérience un peu similaire au CSC ; je me rappelle que le président Bentobal avait fait le nécessaire pour qu'il y ait une surveillance au niveau des entraînements.

N'avez-vous pas le sentiment que certains Chnaoua ont dépassé les bornes ?

Mais bien sûr que oui ! Ils ont fait une fête extraordinaire au stade du 5-Juillet, avec leurs voisins usmistes. Quand j'apprends le comportement de certains Chnaoua après, je suis choqué. Il faut apprendre à avoir une attitude de seigneur et rompre avec la sauvagerie. Quoiqu'il arrive sur le terrain, la vie continue tout de même. Il y eu mort d'homme avec le cas Ebossé, il ne faut pas revenir en arrière. Il faut songer à des sanctions.

Comment faire pour sanctionner des supporters ?

Ce qui s'est passé est quelque chose de très grave et il faut envisager des sanctions. Comment ? S'il faut opter pour le huis clos, quitte à priver un match de son spectacle dans les tribunes, je ne dirai pas non. On peut aussi faire comme Bernard Tapie, l'ancien président de l'OM, qui avait désigné des responsables parmi les ultras. C'est avec eux qu'il dialoguait ensuite pour mettre fin aux embrouilles. On peut faire des tas de choses et surtout ne pas rester les bras croisés. Sinon, un nouveau drame ne serait pas à écarter.

H. D.