Aziz Abbès : «On nous pousse au chômage ou à changer de métier»

Victime d’une réglementation tout ce qu’il y a d’absurde. Aziz Abbès, qui ne peut plus exercer son métier d’entraîneur avant la prochaine saison, se dit fatigué par cette situation. Parce qu’il avait consommé ses deux licences, il doit rester pas moins de huit mois au chômage. Cette réglementation est une hogra qui ne dit pas son nom. Azizz Abbès l’explique clairement ici.

Cela fait quand même deux mois que vous êtes sans poste. Comment vivez-vous votre situation ?

Je prends mon mal en patience. Que voulez-vous que je fasse ? Je trouve cette réglementation sévère, injuste, je la subis dans ma chair, que devrais-je faire, sinon patienter. Cette réglementation devait dans un premier temps être appliquée aux clubs, mais après, je ne sais pas pourquoi ils l’ont appliquée aux entraîneurs. Pour moi, c’est un non-sens sans commune mesure, c’est irréfléchi, complètement. Les gens parlent de stabilité en appliquant cette loi, la réalité du terrain a montré tout le contraire. J’en veux pour preuve les onze, voire douze clubs de la Ligue 1 qui ont changé d’entraîneur durant la phase aller, sans parler des douze autres de la Ligue 2 qui ont fait de même. Alors qu’on ne vient pas me raconter ces histoires de stabilité. Par contre, si on avait appliqué cette loi aux clubs, là il y aura forcément de la stabilité et en plus on protégera les entraîneurs.

Expliquez-nous…

Quand un club n’a pas le droit de prendre plus de deux entraîneurs par saison, les présidents réfléchiraient à deux fois avant d’engager un coach. Si, par malheur, ils changent un entraîneur, ils mettraient à l’abri celui qui viendra après, sachant que celui-là on ne peut pas le limoger faute de quoi on termine la saison sans personne à la barre. Là, même la rue se calme, les supporters savent à ce moment-là que le club ne peut se permettre de limoger son entraîneur. Tout le monde est gagnant dans cette situation. Moi, par exemple, je veux bien travailler dans un club où on ne me limoge pas. Tous les entraîneurs vous diront ça. Mais là, le club limoge à tour de bras, l’entraîneur fait quoi ? Il n’y peut rien, il subit.

Vous avez tenté de discuter avec les responsables de la FAF et pourquoi pas les sensibiliser sur cette réglementation inique ?

Non, pas du tout, je me suis exprimé sur les chaîne de TV et la radio, dans la presse écrite aussi. Mais il n’y a aucun écho. Rien.

Ça doit être pénible pour vous de vivre loin des terrains, non ?

Si, bien sûr. C’est clair que c’est pénible. Moi le football est mon gagne-pain, c’est mon métier, je le fais avec passion et amour. C’est lui qui me permet de nourrir ma famille. Si je ne travaille pas, je fais comment pour nourrir mes enfants ? Là, avec leur loi, ils nous poussent carrément au chômage ou à changer de métier. Ce qui n’est pas normal du tout. Si j’avais été rémunéré par le MJS, ou si j’avais une rente d’une quelconque structure, à la limite… Je pourrais éventuellement me faire une raison et attendre que la saison se termine, mais ce n’est pas le cas. Je n’ai aucun autre revenu que celui de mon métier.

Est-ce que la corporation s’est montrée solidaire ?

Ah ! Ça oui. Beaucoup d’entraîneurs m’ont appelé et m’ont soutenu. Certains voulaient même faire circuler une pétition qu’ils remettraient à la DTN, à la FAF et au MJS, mais j’ai refusé. Mes collègues se sont montrés solidaires, c’est tout à leur honneur. Ce qui chiffonne le plus, c’est que, cette loi, cette réglementation, est unique au monde. Aucun pays au monde n’a une réglementation pareille. Pourquoi sommes-nous les seuls à avoir une loi aussi inique, un règlement absurde ? Je n’en sais rien.

Alors, pour conclure…

A l’orée de la nouvelle année, mes meilleurs vœux à tous les Algériens, où qu’ils soient.

M. O. 

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