Lorsque le match entre l’Algérie et la Guinée d’octobre dernier avait été programmé, les regards des amoureux de la balle ronde et les connaisseurs de la Ligue 1 française se sont braqués en direction des deux coachs dans les deux camps.
Gourcuff du côté algérien et Fernandez qui venait de prendre les reines du Syli National allaient une nouvelle fois s’affronter, et lorsqu’on sait que tout n’était pas rose entre les deux hommes par le passé, on s’attendait à ce qu’il y ait une guéguerre, et finalement elle n’a pas eu lieu.
Gourcuff et Fernandez se sont évités, mais ne pouvaient pas fuir leurs responsabilités sur le bancs de l’Algérie pour le Breton et celui du Syli pour Fernandez qui a fini par avoir le dernier mot, mieux encore, sa réponse il l’a donnée sur le terrain, en battant son rival et le précipitant dans un véritable enfer, vu tout ce que Gourcuff a enduré durant ce stage d’octobre qu’il n’oubliera pas de sitôt.
«En octobre, c’est moi qui ai gagné»
4 mois après la défaite concédée par Gourcuff face à Fernandez, c’est ce dernier qui revient en premier sur le match, et sur le face-à-face, il s’exprimait hier dans une interview accordée à un site mag consacré à la Coupe du monde 2022 qu’abritera le Qatar.
Fernandez rappelle que c’est à lui qu’est revenu l’honneur de gagner à l’occasion de la réouverture du stade du 5-Juillet : «J’ai gagné», a-t-il dit en esquissant un large sourire qui en dit long sur ce qu’il voulait vraiment dire, il avoue avoir bien pris du plaisir au 5-Juillet : «Le stade n’était pas tout à fait plein. J’avais déjà fait un déplacement avec le PSG. J’avais bien aimé cette belle ambiance. On sent que la passion est là. J’étais content de retrouver ce stade. J’avais peur que l’on prenne une petite «fessée», surtout qu’on a été rapidement menés à la marque. J’étais content d’avoir gagné même si la deuxième mi-temps a été dure. Dans l’ensemble, on a fait des choses intéressantes.»
«Les Verts voulaient faire plaisir à leurs fans, mais…»
A la question de savoir comment a-t-il senti les joueurs algériens avant et pendant le match au « Tribunal », l’ancien coach du PSG rétorque : «Ils n’avaient pas peur. Ils voulaient faire plaisir à leurs supporters et être aussi performants qu’en Coupe du monde. Il ne faut pas trop de faux pas car ils sont durs à encaisser. Surtout dans les pays du Maghreb.»
«Gourcuff, un homme qui aime les belles peintures, mais le très beau on ne peut pas toujours l’obtenir»
Gourcuff a connu un mois d’octobre très mouvementé, d’ailleurs il ne s’en remet pas malgré le facile 7-0 contre la Tanzanie inscrit un mois plus tard, au grand bonheur de Fernandez qui semble être heureux d’avoir été derrière les malheurs d’un coach qu’il ne porte visiblement pas du tout dans son cœur : «Je ne suis pas pour les critiques le concernant. C’est pourtant quelqu’un que je n’ai jamais porté dans mon cœur. Il essaie de mettre en place un jeu plaisant et efficace. C’est un homme qui aime les belles peintures. Ce qui est très respectable Parfois, le très beau on ne peut pas toujours l’obtenir.»
«La perfection passe par boucher des trous»
Fidèle à sa réputation, Fernandez ne s’arrête pas là, il dévoile même les défauts du dispositif de son compatriote, il faut dire qu’il a eu le mérite de tout mettre à nu durant la fameuse soirée au 5-Juillet qui a tourné au vinaigre pour Gourcuff, grâce à un jeu fluide et simple, il a réussi à gagner contre l’EN, il trouve la perfection recherchée par notre sélectionneur national est bonne, mais avec son 4-4-2 inchangeable, et les éléments dont il dispose et qu’il n’utilise pas forcément comme il faut les choses ne peuvent pas s’améliorer : «Il faut essayer de boucher certains trous pour avoir cette perfection. Je le défends parce qu’il a les éléments pour pouvoir le faire. Il a dans sa tête un 4-4-2. Il ne le change pas.»
«Le coaching, c’est aussi tenter des coups, mais on ne peut pas dire qu’il est moins bon que Vahid»
La leçon de Fernandez ne s’arrête pas là, il continue son récital, toujours dans le même sens, cette fois il reproche indirectement à Gourcuff de ne pas savoir épater et surprendre, histoire de dire que ses plans sont connus de tous alors qu’il a la possibilité de tenter des choses : «Ce n’est pas une erreur. C’est ce système qui l’a toujours rendu performant. Le coaching peut permettre aussi de tenter des coups. Avant, il y avait coach Vahid qui était plus dans la discipline et la rigueur, on ne peut pas dire que l’un soit moins bon que l’autre. On dit que Gourcuff est moins bon parce que ce n’était pas l’entraîneur qui est allé en Coupe du monde. Mais peut-être qu’il gagne le match contre l’Allemagne parce qu’il a le système adapté pour pouvoir la battre ?»
«Mettre Feghouli, Brahimi, Mahrez et Slimani peut faire mouche»
Pour Fernandez, la solution serait de mettre les 4 fantastiques en osmose : «Si on arrive à mettre ensemble Feghouli, Brahimi, Mahrez et Slimani, c’est parfait. Cela peut faire mouche. Avec Bentaleb au milieu et Mesloub», précise-t-il prouvant qu’il a bien étudié le jeu des Verts et même de loin il est arrivé à arriver à la conclusion que Gourcuff cherche encore, sachant qu’il trouve un joueur comme Benjamin Stambouli, milieu du PSG comme un plus même si ce dernier ne fait pas partie des plans de la FAF.»
«Ce qu’on impose aux binationaux les perturbe, et l’entourage ne doit pas s’en mêler»
Le débat actuel sur les binationaux entre l’Algérie et la France bat son plein, coach Luis a forcément un avis là-dessus : «Ce n’est pas bon. On se fait beaucoup de mal. D’un côté, comme de l’autre. On prend en otage un jeune joueur. Au lieu de le laisser s’exprimer, on lui ajoute un problème. Ce n’est pas à l’entourage de s’en mêler. On ne l’aide pas. On le perturbe. C’est quelque chose qui doit rester silencieuse.
A 20, 21 ans le joueur doit d’abord réussir dans son environnement. Il aura la maturité pour décider au moment opportun.»
«Dahleb était le Zlatan d’aujourd’hui, mais en hiver il hibernait»
Fernandez ne pouvait pas évoquer l’Algérie sans parler de Mustapha Dahleb, un joueur qui a marqué l’histoire du PSG, d’autant qu’il l’a cité dans son dernier livre autobiographique intitulé Luis : «C’était l’idole d’un Parc, c’était le Zlatan d’aujourd’hui. On le sentait dans chaque stade où on se déplaçait. Il avait une facilité. C’était un artiste. Un génie ! Un régal. Un coéquipier modèle. Je sais qu’il est dans le cœur des Algériens car il a marqué une certaine histoire. Il était gentil et humble. Mais en hiver, il jouait un peu moins parce qu’il avait froid… Il hibernait, il se reposait.»
«Assad était moins artiste que Mouss»
Il enchaine concernant Assad : «Il n’est resté qu’un an au PSG. C’était un sacré joueur. Il était rapide. Il aimait dribbler et percuter. Il faisait partie de ces garçons qui avaient cette qualité. Il était un peu moins artiste que «Mouss». Je n’ai pas eu l’occasion de le voir quand j’étais à Alger. J’aurais bien aimé le revoir», conclut-il.
S. M. A.