EN: Medjani rompt le silence: «Je pense être plus utile au milieu »

Depuis son transfert au club de Levante l’hiver dernier, un contrat jusqu’à la fin de saison, Carl Medjani choisit nos colonnes pour parler pour la première fois de son choix pour le club espagnol. Il évoque les raisons qui l’ont poussé à opter pour cette équipe. Le joueur des Verts nous dresse aussi un tableau comparatif entre la Liga et les différents championnats qu’il a connus tout au long de sa carrière. Aussi, et à deux jours du début du stage de notre équipe nationale, il évoque bien évidemment la venue du nouveau venu Yacine Benzia, l’incroyable ascension de Ryad Mahrez mais aussi son changement de positionnement par Christian Gourcuff lors du dernier match face à la Tanzanie. C’est donc sans langue de bois que Carl Medjani a bien voulu répondre à toutes nos questions. Entretien.

 « En Espagne, je découvre un autre football »

« J’ai privilégié Levante à des clubs du Golfe »

« Quand on défend sur Ronaldo, on en sort forcément grandi »

« Benzia ne regrettera pas son choix »

« Ce que fait Mahrez est tout simplement exceptionnel »

 « Je suis coaché par l’ancien adjoint de Toti Vilanova… »

«…En seulement 2 mois, j’ai déjà beaucoup appris »

Entretien réalisé par Asma H. A.

Avant tout, vous êtes à Levante depuis le mercato hivernal, comment s’est passé votre transfert ?

Lors du mercato, j’ai temporisé le maximum de temps afin d’avoir le maximum de propositions et d’offres à étudier. Mais à une semaine de la fin de la période des transferts, on était quand même obligés de se pencher sur une destination. Il y avait l’offre de Levante qui sportivement parlant était la plus intéressante, même si je dois dire qu’en arrivant à Valence un club de la division 2 anglaise qui joue l’accession cette saison s’est manifesté. Mais comme j’avais donné ma parole et mon OK au président de Levante, j’ai tenu mes engagements envers le boss de cette équipe. J’avais aussi quelques possibilités d’aller dans les pays du Golfe…

Et pourquoi n’avoir pas opté pour cette solution, car beaucoup auraient privilégié l’aspect financier au volet sportif surtout à 30 ans ?

Et bien tout simplement parce que j’ai trouvé que ce n’était pas le bon moment. En plus, j’avoue que la proposition n’était pas suffisamment intéressante pour privilégier l’argent à l’aspect sportif et refuser l’offre de Levante. Certes, la position de Levante au classement est compliquée, mais j’ai malgré tout voulu relever le challenge, car jouer en Espagne, ce n’est pas donné à tout le monde. Pour moi qui aime voyager, connaître le championnat espagnol est une très belle expérience et aujourd’hui je suis très satisfait de mon choix que je ne regrette pas du tout. Je découvre une nouvelle culture mais surtout un nouveau football…

Ajouter à cela que pour le maintien rien n’est encore perdu…

Tout à fait, nous sommes loin d’être ridicules et nous sommes toujours en course pour le maintien et j’espère incha Allah qu’on pourra assurer notre maintien cette saison.

En résiliant votre contrat avec Trabzonspor, tout le monde pensait que vous étiez fini, mais vous avez réussi à rebondir, c’est quoi le secret, un bon agent…

Et bien déjà j’espère que cela veut dire que je ne suis pas si mauvais footballeur que ça. Cela prouve aussi que j’ai des qualités et que je ne suis pas là par hasard. Personnellement, je ne lâche jamais rien dans la vie, je me fixe toujours des objectifs et je n’ai pas peur des échecs et de l’avenir. C’est pour vous dire que je suis plutôt fier de mon parcours jusque-là. 

Et comment ça s’est terminé avec Trabzonspor ?

Et bien je suis toujours en procès avec eux pour récupérer mes arriérés et ce sont mes avocats qui s’en occupent.

A Levante vous êtes juste à côté de Valence, trouvez-vous du temps pour se rencontrer avec Feghouli ?

Nous nous sommes vu la semaine dernière puisque nos équipes se sont croisées. Mais bon on s’appelle assez souvent. Vous savez, Sofiane jouait l’Europa League et donc c’était compliqué de trouver du temps pour se voir entre les déplacements et les entraînements. Je suis allé justement hier soir (NDLR : entretien réalisé hier après-midi) le voir à l’occasion de son match avec ma famille qui était venue d’Algérie. Je suis allé le vois il y a aussi un mois et demi. Donc, dès que j’ai le temps d’aller le voir j’y vais…

Vous a-t-il conseillé par rapport à votre choix cet hiver ?

Conseiller non, mais comme nous sommes en sélection depuis assez longtemps, on discute souvent de l’Espagne et de Valence. Avec Mehdi Lacen nous en parlions beaucoup aussi, donc je savais pertinemment qu’en venant en Espagne, je n’allais pas être perdant, bien au contraire. Aujourd’hui, je suis très content car cela fait seulement deux mois que je suis ici, mais j’ai le sentiment que j’ai déjà beaucoup appris…

Et qu’avez-vous appris exactement ?

Sur le plan tactique, aujourd’hui j’ai la chance d’être entraîné par un coach qui était l’adjoint de Tito Vilanova au FC Barcelone, donc j’ai appris des choses sur le plan tactique, notamment au niveau du positionnement et cela dans tous les compartiments du jeu. Sur les sorties de balles aussi car comme vous le savez, en Espagne, c’est le beau jeu qui prime. C’est pour vous dire que je suis content d’apprendre encore des choses à 30 ans.

Justement, qu’est-ce qui diffère ce championnat espagnol des autres championnats que vous avez connus durant votre carrière ?

Ici, c’est la qualité du jeu qui prime. Le beau football et les belles actions. Ça joue beaucoup dans les surfaces adverses. Il y a beaucoup de centres devant les buts aussi. Il y a des joueurs de qualité, techniques, qui sont rapides, et donc cela me permet de progresser en me frottant chaque week-end à ces très grands talents.

Justement, vous avez récemment joué face au Real, ça fait quoi d’avoir en face des phénomènes comme Ronaldo ?

Et bien on se doit d’abord d’être très vigilant car on sait que la moindre erreur peut se payer cash. Mais c’est en jouant des matchs comme ça qu’on progresse et qu’on apprend plus vite. Donc, on en sort grandi de ce genre de confrontations et cela quel que soit le résultat.   

Une double confrontation face à l’Ethiopie, comment se présente pour vous ces deux matchs ?

Nous avons conscience que l’Ethiopie est notre plus grand adversaire dans ce groupe J et que si on négocie bien ces deux matchs on arrachera notre ticket pour la prochaine CAN au Gabon. Donc, on est très motivés pour faire un bon résultat surtout qu'on joue le premier match chez nous à domicile.

Depuis la venue de Gourcuff, face à la Tanzanie vous êtes passé pour la première fois au milieu terrain, c’est là où vous vous sentez le plus à l’aise…

J’ai la chance de pouvoir évoluer dans l’axe et au milieu de terrain. Après les différents coaches font le choix de m’aligner derrière ou au milieu. Personnellement, je pense pouvoir être très utile dans ce poste que soit en club ou en sélection, mais maintenant je n’ai aucun problème à jouer derrière car comme je l’ai toujours dit, je suis à la disposition du sélectionneur. Je joue où on me le demande et c’est toujours avec un grand plaisir et avec beaucoup de motivation.

Pourtant à Levante vous jouez dans l’axe…

Oui et ça ne me pose pas de problème car à Valenciennes je jouais derrière. J’ai fait toute la Coupe du monde au milieu de terrain. A Trabzonspor j’ai alterné entre le milieu de terrain et la défense. Donc, je pense avoir cette capacité d’alterner entre ces deux postes sans aucun problème.

Dans l’axe en sélection vous avez essuyé beaucoup de critiques au point où beaucoup pensent que vous ne devriez plus jouer derrière…

Personnellement, j’accepte la critique quand celle-ci est juste. Qu’on me reproche le but face au Ghana, il n’y a pas de problème et j’assume 100% mes responsabilités. Après j’ai lu et entendu autre chose qui ne soit pas justifiée. Pour pouvoir critiquer, il faut connaître un minimum dans le football et je ne suis pas certain que ce soit tout le temps le cas. Je dirais aussi que la performance individuelle dépend souvent aussi de la performance collective.

Un nouveau venu durant ce stage, en l’occurrence, Yacine Benzia…

Je l’ai déjà vu jouer plusieurs fois. Personnellement, je ne le connais pas mais je prendrai le temps de le découvrir durant ce stage. Benzia rejoindra notre belle famille. Il est le bienvenu parmi nous et on fera tout pour bien l’accueillir et le mettre dans les meilleures dispositions possibles.

Et qu’avez-vous pensé de la polémique en France à la suite de sa décision de venir jouer pour les Verts ?

C’est un éternel débat qui n’aura à mon sens pas de fin. Je pense que c’est une décision et un choix personnels. Moi, je suis très content qu’il ait choisi l’Algérie car je sais qu’il ne regrettera pas sa décision puisqu’il trouvera chez nous tout ce qu’un joueur peut espérer dans une sélection.

Et que pensez-vous de l’ascension de Ryad Mahrez avec son club de Leicester ?

C’est exceptionnel et tout simplement magnifique. Personnellement, je suis super content pour lui et super fier de le compter parmi nous en sélection. Moi, je ne suis pas surpris car Ryad est quelqu’un d’intelligent. Si vous aurez l’occasion de lui parler, il pourra vous dire que lors d’une discussion que j’ai eue avec lui en tête à tête il y a quelque temps de cela, je lui avais dit que s’il continuait à travailler, c’est un garçon qui n’avait pas de limites et peut prétendre jouer dans un club aux côtés des Ronaldo et Messi. S’il continue de la sorte en gardant la tête sur les épaules, on n’a pas fini d’entendre parler de Ryad Mahrez.

L’EN jouera à Tchaker encore une fois, ne pensez-vous que c’est un gâchis de ne pas se produire dans un bijou comme le 5-Juillet ?

On peut voir cette question sous différents angles. Il est vrai qu’au 5- Juillet on aurait pu bénéficier d’un grand nombre de supporters, maintenant avec la petite déconvenue que nous avions eue au 5-Juillet face à la Guinée…il faut savoir aussi qu’à Blida nous avons nos repères y compris sur le terrain. Moi je pense que l’équipe nationale doit être ouverte à tous les stades d’Algérie, et nous sommes d’ailleurs beaucoup au sein de la sélection à penser que pour les matchs amicaux on devrait jouer partout en Algérie.

Un dernier mot, peut-être ?

Tout simplement remercier tous les supporters et tous les amoureux de l’équipe nationale pour leur soutien. Je leur donne rendez-vous vendredi 25 mars au stade Mustapha-Tchaker, car on espère avoir un stade comble pour remporter cette première manche face aux Ethiopiens avant le match retour quatre jours plus tard.

A. H. A.

 

 

 

 

 

 

 

 

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