Au moment où beaucoup évoquent son départ
Par Rafik Khaled
Du côté de la Fédération, c’est le silence radio. Aucune réaction officielle pour éclairer l’opinion publique. La dernière réunion du bureau fédéral, tenue à Biskra, a passé sous silence la question. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, préfère entretenir le suspense. Le patron de la barre technique des Verts, de son côté, fait dans la fine bouche. Une situation qui ne servira aucune partie pendant que la polémique enfle. Des noms de potentiels successeurs de Gourcuff sont cités. Grave erreur de communication de la part de la Fédération, à la veille d’un important rendez-vous contre les Ethiopiens. Une préparation dans un climat stressant. Or, le stress est l’ennemi juré du football et de ses acteurs. Devant le mutisme «coupable» de la Fédération et du technicien français, Compétition prend le relais pour tenter d’éclairer un public peu considéré par sa Fédération et l’entraîneur national payé à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le départ de Christian Gourcuff ne fait pas forcément les affaires de l’équipe nationale. Celle-ci a besoin plus que jamais de stabilité pour espérer se hisser à la hauteur de ses millions de supporters. Ceux-ci en veulent désormais plus. La qualification historique au deuxième tour (huitièmes de finale) de la Coupe du monde 2014 au Brésil aura ouvert l’appétit d’un public croyant grandement en les chances de la sélection de son pays. Des ambitions légitimes d’un public qui mérite maintenant un sacre. D’autant que l’équipe d’Algérie est fortement pressentie au titre suprême de la prochaine édition de la Coupe d’Afrique. Le trophée remporté en 1990 demeure orphelin dans un palmarès peu riche d’une Algérie ayant enfanté de grandes stars mondiales. Le maintien de Gourcuff à la tête des Verts n’est plus une nécessité, mais tout simplement une évidence. Les échéances internationales approchent à pas de géant.
L’autre raison qui impose à Gourcuff et son employeur de poursuivre leur collaboration est, sans conteste, le chemin parcouru. L’ancien Merlus est là depuis bientôt deux ans. Sa philosophie de jeu commence à être assimilée par les joueurs. La belle production du mois de novembre dernier contre la Tanzanie dans le tour préliminaire de la Coupe du monde 2018 en est la parfaite illustration. Les Verts ont livré une superbe deuxième mi-temps à Dar Essalam et un match retour de rêve à Blida.
L’autre considération imposant le maintien de l’entraîneur français à son poste est relative au risque d’un changement du staff technique dans cette période sensible qui coïncide avec la reprise des éliminatoires de la CAN et l’approche de celles de la Coupe du monde. Un autre entraîneur aura besoin de temps pour comprendre son environnement, prendre une idée fixe du groupe et mettre en place un plan de jeu adapté aux spécificités des Verts. Cela risque de jouer un mauvais tour à la FAF, qui a besoin de garder les Algériens en contact avec leurs…Verts.
Raouaroua en est conscient
Le président de la Fédération, Mohamed Raouraoua, en est parfaitement conscient. Fortement rompu à la chose footballistique, après de longues années passées dans les couloirs de la FAF, de la CAF et de la FIFA, Raouraoua n’est pas près de mettre fin aux fonctions d’un entraîneur lié par un contrat avec l’instance fédérale jusqu’à la prochaine Coupe du monde russe. Soit jusqu’à l’été 2018. Un limogeage de Gourcuff ruinerait les caisses de la maison de Dély Ibrahim en cette phase de crise économique. Ceci sur le plan financier sans compter l’aspect sportif. A moins que le Français ne s’en aille de son propre gré.
R. K.
La CAN-2017 en point de mire
La proximité de l’échéance fait que la Fédération a tout intérêt à ne pas songer à un quelconque changement au niveau de la barre technique.
Pour ce mois de mars, les Verts joueront la double confrontation contre l’Ethiopie. En juin prochain, il sera question de jouer le Lesotho. L’Algérie est en pole position pour tenir son billet pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations prévue au début de l’année prochaine au Gabon. Les Verts ne se contenteront pas d’une simple participation. Les clauses contractuelles dans la collaboration Gourcuff-FAF stipulent clairement que l’actuel staff technique se doit de mener l’EN au moins au carré d’as. C’est dire que la FAF cible implicitement le sacre final. Il était temps après de longues années de traversée du désert. Pour ce faire, le bon sens veut que la FAF maintienne sa confiance à l’actuel premier responsable technique de la sélection nationale. En terre gabonaise, l’ancien coach du FC Lorient a plus de chances de mener l’Algérie vers son deuxième titre continental. Surtout que le Français semble avoir acquis une expérience précieuse dans les stades africains. Il avait d’ailleurs drivé les Verts lors de la phase finale de 2015 en Guinée équatoriale. La sélection nationale s’est contentée d’une qualification en quarts de finale. Gourcuff a également dirigé l’EN dans plusieurs matches en Afrique sanctionnés par des succès. Autant de paramètres qui font que le l’entraîneur en question semble avoir cumulé du bagage qui pourrait l’aider à une CAN glorieuse au Gabon.
R. K.
La Coupe du monde, c’est demain
Gourcuff ne doit pas partir. La Coupe du monde est un des plus importants objectifs pour le président de la FAF et les pouvoirs publics. Prendre part à un Mondial y va du prestige d’une Algérie prospère sur le plan sportif.
Les coéquipiers du gardien Raïs Ouahab M’Bolhi ont fait vibrer toute une nation après la qualification au Mondial 2010 et un match mémorable conte l’Angleterre de Wayne Rooney. Quatre ans plus tard, les Verts éblouissent le pays du football par excellence, le Brésil. Les Yacine Brahimi et consorts y ont réalisé une performance historique, s’offrant une qualification historique au second tour du Mondial. Une autre Coupe du monde pointe déjà le nez. Elle est prévue dans deux ans en Russie. «C’est demain» comme aiment le souligner les Algériens. Histoire de mettre en relief que l’échéance n’est pas si loin. L’équipe algérienne a besoin donc d’une stabilité technique pour pouvoir préparer dans les meilleures conditions possibles la plus grande épreuve planétaire du ballon rond. Un remaniement technique serait dommageable pour la sélection nationale. Après avoir entamé positivement la phase préliminaire, se qualifiant haut la main devant les Taïfa Stars, les Verts seront fixés sur leurs futurs adversaires dans la phase des poules le 24 juin prochain, au terme du tirage au sort dans la capitale égyptienne, Le Caire. Gourcuff y sera présent.
R. K.
La démonstration par preuve de Vahid
Le dernier passage de l’entraîneur franco-bosnien, Vahid Halilhodzic, à la tête de la barre technique de l’équipe d’Algérie a donné une parfaite démonstration des bienfaits de la stabilité.
Pour sa première sortie en tournoi international à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations en 2013 au pays du défunt Nelson Mandela, coach Vahid et sa bande n’ont pu franchir le cap du premier tour. L’Algérie s’est levée toute entière, réclamant l’éviction de l’ancien entraîneur du Raja de Casablanca. Les clauses contractuelles ouvraient droit à la FAF de mettre fin aux fonctions de Vahid Halilhodzic signataire d’un contrat d’objectif. Mohamed Raouraoua s’y oppose. Il maintient le Franco-Bosnien suscitant, du même coup, les critiques. Parfois acerbes. Le patron de l’instance fédérale résiste bien. Son coach poursuit son travail. Contre vents et marées, il matérialise sa politique et stratégie. La stabilité technique a fini par donner des résultats probants. L’Algérie a réalisé, sous la conduite de Vahid, sa seule qualification au second tour sur l’ensemble des quatre participations (1982, 1986, 2010 et 2014). Entre temps, Halilhodzic s’en est allé, gagnant la sympathie des Algériens. Conserver Gourcuff dans ses fonctions d’entraîneur national est nécessaire. Saura-t-il calquer Vahid ? Fera-t-il mieux que son prédécesseur ? Une chose est sûre, un environnement footballistique stable et pérennisé donne forcément des résultats à la hauteur des aspirations. C’est la logique universelle de la balle ronde.
R. K.