EN: Mahrez, là où tout a commencé !

Il y a près de deux ans maintenant, plus exactement le 9 mai dernier, on vous faisait découvrir chez lui, dans son quartier natal de Sarcelles, Ryad Mahrez.

Celui-ci qui venait tout juste de rentrer chez lui après avoir été sacré champion avec son club de Leicester. Bien évidemment, il ne fut pas champion de la Premier League mais de la Championship (la D2 anglaise), en assurant par la même occasion une accession dans l’un des meilleurs championnats du monde. Ryad Mahrez, et malgré qu’il n’ait eu à bénéficier que de cinq jours de repos (NDLR : il devait rejoindre à l’époque pour la première fois la sélection algérienne et espérer être convoqué pour la Coupe du monde), avait bien voulu nous accueillir chez lui pour à la fois se présenter au public algérien mais aussi parler de son parcours et de ses objectifs. Il y a deux ans de cela donc, Compétition était le premier journal algérien à faire découvrir le joueur au public algérien. On avait retracé son parcours avec ses proches, sa famille, ses pots et coéquipiers de quartier, mais aussi  ses anciens entraîneurs à Sarcelles.

Cette visite à Sarcelles, c’était donc pour découvrir de plus près Ryad Mahrez, mais ce joueur on avait bien évidemment commencé à le suivre quelques mois auparavant. En fait c’est son agent et conseiller de toujours, Kamel, qui avait pris attache avec nous pour nous parler de son Ryad : «Il y a un joueur algérien qui évolue à Leicester qui est très bon. Je ne suis pas en train de lui jeter des fleurs parce que c’est mon joueur, mais c’est la stricte vérité. Je vous propose de suivre ses matchs et jugez-en par vous-même», nous a-t-il confié. A partir de là, nous nous sommes penchés sur le cas Mahrez. Un intérêt médiatique qui a d’ailleurs suscité la curiosité du staff technique national de l’époque, puisque l’entraîneur adjoint de Vahid Halilhodzic, Nordine Kourichi, s’était déplacé à plusieurs reprises en Angleterre pour superviser le joueur.

Quelle ascension donc de Ryad Mahrez en seulement deux petites années. Et dire qu’en mai 2014 il espérait tout juste faire partie de la liste des 23 joueurs pour le Mondial brésilien. Quel parcours réalisé en si peu de temps. En 23 mois à peine, Ryad Mahrez a été élu meilleur joueur de l’un des plus prestigieux championnats du monde, la Premier League en l’occurrence. Le premier joueur africain et arabe à gagner ce prestigieux trophée. Une consécration extraordinaire quand on voit la liste à laquelle succède le milieu de terrain algérien Christiano Ronaldo, Rayen Giggs, Wayne Rooney, Garathe Bale, Robin Van Persie, Luis Suarez, et Eden Hazard pour ne citer que ceux-là.    Et le conte de fées n’est pas près de connaître sa fin, puisque Ryad peut terminer le 15 mai prochain champion d’Angleterre.

Il y a deux ans de cela, Ryad nous a parlé de beaucoup de choses. A l’époque déjà, on sentait cette assurance et ses objectifs étaient grands. Mais en même temps, Ryad savait rester humble et modeste, et il nous avait fait savoir d’ailleurs qu’il ne risquerait pas de prendre la grosse tête : «Quand on sait qu’on vient de loin comme c’est le cas pour moi et qu’on a été vite au-devant de la scène, on sait aussi qu’on peut retomber très vite, et c’est pour ça qu’il faut garder les pieds sur terre. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai un environnement, une famille et des amis qui me permettent de garder la tête froide», nous avait-il confié.

En retraçant sa carrière, Ryad Mahrez, en joueur reconnaissant envers son premier club, le Havre HC en l’occurrence avait rendu hommage à ses trois premiers entraîneurs : Yohann Louvel, Cédric Daury et Erick Mombaerts. Ses trois premiers coachs qui l’ont fait progresser notamment en pro d’autant plus que Ryad Mahrez n’avait pas fait de centre de formation et qu’il venait directement du club de Quimper. De ce fait, dans notre édition d’aujourd’hui, nous avons choisi de vous faire découvrir le joueur autrement, et cela à travers ses premiers entraîneurs qu’ils l’ont côtoyé à ses débuts. Et vous allez voir que Ryad n’a pas beaucoup changé de l’époque où il jouait en CFA il y a sept ans à celle où il devient meilleur joueur en Angleterre.

Asma H. A.

Yohann Louvel, son premier coach en CFA au Havre AC :

«Il m’a dit, je fais la même saison qu’il y a 6 ans en CFA»

«Un grand affectif, mais il vous le rend bien»   

Vous avez été le premier entraîneur à avoir coaché Ryad en réserve au HAC, le voir meilleur joueur en Premier League, ça vous fait quoi ?

C’est tout à son honneur et une grande fierté de voir Ryad sacré meilleur joueur d’Angleterre. Mais j’ai envie de dire que c’est entièrement mérité. Pour moi, Ryad a une qualité qui est par-dessus tout, c’est qu’il adore le foot et c’est vraiment beau pour ce sport que ce soit un garçon comme ça qui gagne. Parce que dans ce milieu vous avez beaucoup de joueurs qui sont là soit pour la notoriété ou l’argent, mais pour Ryad c’est complètement différent. Il aime le foot, il vit pour ce sport et c’est pour cette raison que ce qui lui arrive est vraiment une belle histoire.

Il était comment Ryad à ses débuts en CFA il y a environ 7 ans ?

Encore une fois, ce qui ressortait en premier c’est que c’est un garçon qui adore le foot. Il passait son temps à avoir un ballon dans les pieds. Maintenant là où on avait fait un gros travail ensemble, c’était pour qu’il devienne plus mature et qu’il soit efficace dans son jeu. Lui il était plus dans le jeu pour le jeu. Mais l’avantage avec ce joueur, c’est comme il aime le foot, vous pouviez le bousculer ou lui rentrer dedans, on avait tout de suite un résultat parce qu’il avait envie d’avancer.

Vous avez certainement dû le suivre depuis qu’il a rejoint Leicester, à votre avis à quel niveau il a le plus progressé ?

Là où c’est fort… D’ailleurs je l’ai eu il y a un mois de cela au téléphone, et la première chose qui m’a dit : « Vous voyez coach, je suis en train de faire la même saison que j’ai faite en CFA avec vous.» Ce fut l’année où il avait marqué beaucoup de buts. Donc pour moi, là où il a le plus progressé, c’est d’avoir eu cette faculté de hisser son jeu et être capable de reproduire ce qu’il faisait en CFA dans un championnat comme celui de l’Angleterre et là-dessus chapeau. Et personnellement je pense que Ryad est tout à fait capable de renouveler ce genre de performances sur plusieurs saisons.

Quelque chose qui vous a marqué chez ce joueur ?

Un grand affectif. Ryad marchait énormément à l’affectif. Donc, là où il se sent bien, et là où il se sent en confiance, c’est là où il est devient extrêmement performant et même très fort. Personnellement, je ne lui ai jamais vraiment fais de cadeaux mais on avait une relation très affective. C’est-à-dire qu’il savait qu’il y avait un lien fort et que je l’aimais beaucoup, mais que ça ne m’empêchait pas de le bousculer. Et lui il aimait ça, car il savait que j’étais là pour le faire avancer et le faire progresser.

Et Claudio Ranieri a certainement compris cela ?

Tout à fait car Ryad a besoin de cette relation affective, et en plus il vous le rend bien. C’est ce qui est vraiment top dans le management avec Ryad. C’est vraiment un joueur très facile à manager parce qu’encore une fois il aime le football.

A. H. A.  

Il lui a fait signer son premier contrat pro au HAC

Cédric Daury : « Il a su garder son insouciance, ça c’est formidable »

Un autre nom a marqué la carrière de Ryad Mahrez. Il s’agit de Cédric Daurry, l’entraîneur qui lui a fait son premier contrat professionnel au Havre AC. Très content par la distinction de son ancien joueur, Daury dira : « Déjà c’est gentil de la part de Ryad de citer mon nom, et ça me fait super plaisir. Bien évidemment, je suis très content pour Rayd et pour ce qu’il est en train de faire. Un parcours fantastique et une saison exceptionnelle. Donc très fier d’avoir pu travailler avec lui à un moment de sa carrière», nous a-t-il confié.

Il est à rappeler que Cédric Daury avait repéré l’Algérien lors d’un match qui avait mis aux prises son ancienne équipe de Quimper avec l’équipe réserviste du HAC : « Il était rentré en jeu et j’avais tout de suite vu qu’il avait quelque chose. Un sens inné du jeu, du dribble et de la percussion. Je l’avais donc signalé au club et on avait réussi à le faire venir. C’est aussi un garçon très à l’écoute et qui aime le foot, d’ailleurs ça se voit dans son jeu. Bien évidemment depuis qu’il est en Angleterre il a beaucoup progressé, mais il a pu quand même garder cette fraîcheur et cette insouciance dans son jeu. Cette insouciance il a su la mettre au profit de son équipe. Mais là où il a le plus avancé, c’est dans sa capacité   à rentrer dans un collectif. Ça c’est formidable», nous avoué l’ancien coach de Ryad Mahrez.

Pour Cédric Daury que nous avons joint hier par téléphone, la chose qui l’a le plus marqué chez le milieu de terrain des Verts c’est incontestablement son assurance : «Ryad a tout le temps fait preuve de beaucoup d’humilité mais aussi d’une grande assurance. Je me rappelle, une fois dans un entretien que j’avais eu avec lui, et malgré son jeune âge, il m’avait dit : de toute façon je sais ce que je peux faire et j’ai vraiment envie d’aller le plus haut possible. C’est pour vous dire que j’ai toujours senti cette détermination chez ce joueur. Vous savez c’est marrant que vous m’appeliez maintenant, parce que je lui ai envoyé un texto et il m’a répondu il y a moins d’une heure», conclut Cédric Daury.

Des témoignages qui prouvent encore une fois la talent de ce grand joueur Ryad Mahrez, un joueur algérien qui fait la fierté de toute une nation.

  1. A.   H. A.

 

Et dire qu’il était retissant pour l’Angleterre !        

Lors de l’interiew que nous avait accordée Ryad Mahrez le 9 mai 2014, il nous avoua qu’il était plus que réticent de rejoindre la Premier League : «J’avoue qu’au début je n’étais pas très chaud. Je ne connaissais pas trop, je me suis dit l’Angleterre ça va être le dépaysement avec la barrière de la langue, en fait j’étais un peu pessimiste… Mais mes proches, mon agent, mes amis, ma mère, ma famille, ils m’ont tous conseillé de partir, après j’ai pesé le pour et le contre, j’ai demandé aussi à Allah pour qu’Il me guide, et suite à cela j’ai pris la décision de partir en Angleterre et franchement je ne le regrette pas du tout », nous a-t-il avoué. C’est pour dire qu’il faut toujours suivre les conseils de sa maman…     

A. H. A.

 

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