- «Si la JSK ne gagne rien, ce sera un problème d’entraîneur»
- «Le recrutement de la JSK n’a rien à envier aux autres clubs»
- «La direction kabyle a bien rempli son contrat pendant le présent mercato»
- «Je crains pour les Verts la Zambie, plutôt que le Cameroun et le Nigeria»
- «Je ne comprends pas l’objectif des demi-finales pour la CAN»
- «Pas question de retourner au football algérien !»
Par RAFIK KHALED
Bonjours Saïb. Accorderiez-vous un entretien à Compétition ?
Oui, pas de problème. Je suis toujours heureux d’être sollicité par les médias algériens. M’accordez-vous une petite faveur ?
Volontiers…
Maintenant (interview réalisée jeudi soir), je suis en voiture avec les gosses. Juste une petite demi-heure, le temps d’arriver à la maison, puis vous pouvez me rappeler.
Etes-vous désormais à l’aise (ndlr, nous l’avons rappelé une demi-heure plus tard) pour pouvoir répondre à nos questions ?
Bien sûr, allez-y.
Nous débuterons par le dossier de la JS Kabylie. Quelle analyse faites-vous du recrutement opéré pendant le présent mercato estival ?
Je pense que la direction de la JSK aura bien rempli son contrat durant ce marché des transferts d’été. Son recrutement n’a absolument rien à envier aux autres clubs. Je sais que des écuries comme le MC Alger ou l’USM Alger se sont procuré pratiquement les meilleurs joueurs du championnat. Mais bon, je pense que la JS Kabylie a su tirer son épingle du jeu.
Ne pensez-vous pas que les dirigeants kabyles ont retenu la leçon en évitant de recourir aux noms connus sans garantie de résultat ?
Je suis d’accord avec vous, la JSK a ciblé des joueurs jeunes peu connus sur la scène footballistique, mais pétris de talent. C’est la meilleure manière pour bâtir une bonne équipe et préparer sereinement la saison prochaine. Et puis, vous savez bien que le niveau du championnat d’Algérie, loin d’être convaincant, n’exige pas forcément des joueurs de renom pour remporter un titre. Au niveau de la JS Kabylie, il y a eu cette prise de conscience pour les jeunes joueurs qui peuvent donner satisfaction dans un laps de temps assez court.
Pendant ce temps, les supporters kabyles appréhendent quelque peu ce choix, qu’en dites-vous ?
C’est normal que les supporters soient toujours inquiets pour l’avenir de leur club. Ils veulent bien le voir renouer avec les consécrations après plusieurs années de traversée du désert. Mon analyse n’engage que ma personne : je le dis et je le répète, la JS Kabylie aura réussi une opération de recrutement très intéressante. C’est un effectif, selon mon point de vue, humainement riche, en mesure de jouer les premiers rôles la saison prochaine.
Selon votre avis, la JSK semble donc avoir les moyens de jouer un titre cette saison qui devra débuter dans un petit mois, n’est-ce-pas ?
Absolument ! Pour moi, cette nouvelle équipe de la JSK est capable de gagner un titre lors du prochain exercice. Je crois qu’elle a tout pour garnir davantage son riche palmarès.
Que faut-il faire encore pour que la JSK termine la saison prochaine par un titre ?
Les clés de la réussite sont connues, à savoir stabilité à tous les niveaux : technique, administratif et aussi de l’effectif. Il faudra beaucoup travailler et surtout ne pas céder dans les moments de doute. Les supporters ont également un rôle à jouer en se montrant toujours aux côtés de l’équipe. Franchement, j’ai la ferme conviction que la JSK peut jouer le titre.
La stabilité technique avec le maintien de Kamel Mouassa comme entraîneur en chef ne devrait-elle pas servir de facteur positif ?
Au risque de me répéter, la stabilité est la source de toute forme de réussite dans le football. C’est bien que Kamel Mouassa ait terminé la saison passée à la tête de la barre technique et prépare l’équipe pour la saison prochaine.
Tenant compte de vos propos, ne croyez-vous que Mouassa a maintenant les moyens de jouer un titre ?
Cette JSK a les moyens de gagner un titre. Si le club n’y arrive pas en fin de parcours, cela devrait être un problème d’entraîneur. Je vois la JSK comme un véritable concurrent pour une consécration.
Outre la JSK, quelles sont, d’après vous, les équipes potentiellement « titrables» l’exercice prochain ?
Je vois également le MC Alger. Ce dernier aura réussi une opération de recrutement pleine sur le double plan qualitatif et quantitatif. L’Entente de Sétif et l’USM Alger aussi auront leur mot à dire du moment qu’elles sont habituées aux titres ces dernières années. Il ne faut pas écarter toute forme de surprise qui peut émaner des autres clubs de la Ligue 1 Mobilis.
Compte tenu, par ailleurs, de votre solide expérience avec l’équipe nationale, quelle est votre appréciation sur le groupe de l’Algérie lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 de Russie ?
Sur papier, c’est un groupe assez difficile. Sur papier aussi, je dirai que ce groupe est à la portée des Verts. Il ne faut pas oublier que notre équipe nationale est leader sur le plan continental dans le classement mensuel de la FIFA. Notre équipe a bien grandi. J’estime aussi que le Nigeria et le Cameroun ne sont plus ces ogres qui font peur à leurs adversaires. Ils ont perdu beaucoup de leur aura. Au contraire, je crains pour l’Algérie la Zambie plutôt que le Cameroun et le Nigeria.
Vous semblez donc optimiste quant aux chances de qualification de l’Algérie à la Coupe du monde…
Oui, bien sûr ! Nous possédons une bonne équipe qui fait peur à ses adversaires. Il faudra compter avec elle.
Le changement d’entraîneur (Rajevac à la place de Gourcuff) ne risque-t-il pas de se répercuter négativement sur l’équipe pendant la campagne qualificative au Mondial ?
Nous n’y sommes pour rien si l’ancien entraîneur Christian Gourcuff a décidé de résilier son contrat. La FAF a fait en sorte de gérer des circonstances atténuantes. Pour le nouvel entraîneur, je dirai qu’il ne faut pas trop s’inquiéter dans la mesure où nous avons une bonne équipe nationale. Nous possédons des joueurs de qualité capables de réagir positivement.
Selon les spécialistes, le système de jeu de Rajevac porté vers la défensive risque de ne pas convenir aux Verts. Un commentaire ?
Je n’y crois pas vraiment. Je crois qu’il a dirigé le Ghana dont les joueurs sont connus pour leur technicité et leur jeu offensif. Nos joueurs sont également offensifs. A mon sens, il saura trouver un système de jeu intelligent qui assure une certaine solidité défensive tout en mettant à profit les atouts offensifs de l’équipe algérienne.
Dans la mesure où l’EN a gagné en qualité et en maturité, le moment n’est-il pas propice pour aller chercher une deuxième consécration en coupe d’Afrique ?
En abordant la question, vous me donnez l’opportunité de m’exprimer sur un fait qui me tient à cœur : qui a eu l’ingénieuse idée de limiter les objectifs au carré d’as lors de la CAN 2017 ? Ce n’est pas du tout normal. Le temps est venu de gagner la CAN. Nous avons une bonne idée. La réaction de la FAF est une atteinte aux joueurs puisque cela mettrait en cause le potentiel de cette sélection. Nous n’avons eu qu’une seule CAN, celle de 1990. L’actuelle génération de joueurs formant l’équipe nationale est en mesure d’aller chercher la couronne continentale même hors de nos frontières.
Après des expériences réussies dans le monde du coaching, Saïb s’est éclipsé. A quand votre retour sur la scène footballistique ?
Je n’ai pas l’intention de reprendre du service. Le monde du football en Algérie est tellement pourri qu’il n’encourage pas d’y retourner. C’est dire que je n’ai nullement l’intention de reprendre mes activités d’entraîneur.
Vous privez l’Algérie de vos compétences et de votre expérience dans le domaine du football…
Désolé, mais cela me dépasse. Je ne m’y reconnais plus. C’est tellement gangréné le monde footballistique national qu’il est difficile de reprendre. J’ai aussi des projets personnels que je vais faire en sorte de matérialiser.
R. K.