Mesbah : «Laissez tranquilles Feghouli et Brahimi»

De retour à la compétition la semaine dernière en série A avec son club de Crotone, nous avons joint hier Djamel Mesbah. Ce dernier avec son franc-parler a bien voulu nous parler de sa situation actuelle, du match des Verts face au Cameroun et de la polémique qui a suivi. L’un des anciens cadres de l’EN estime aussi que l’EN a tout à fait les capacités de revenir dans la course à la Coupe du monde en Russie. Actualité oblige, il nous donne son avis sur peut-être le futur sélectionneur des Verts, le Belge Marc Wilmots. Entretien.

D’abord, dites-nous comment ça se passe pour vous à Crotone ?

Ça se passe plutôt bien. J’avoue que j’ai eu six mois assez difficiles, surtout avec la préparation un peu bâclée que j’ai effectuée avec mon ancien club. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre Crotone car j’avais à cœur de rester en Série A. Malheureusement, j’ai eu un petit problème musculaire il y a quelques semaines, ce qui m’a empêché d’entamer la saison de la meilleure des manières avec le reste du groupe.

 

Vous allez mieux ?

 

Oui, beaucoup mieux. Physiquement, je suis bien, j’ai joué quelques minutes lors de la précédente journée. Et là, je me prépare au mieux pour les prochaines rencontres du club.

 

Pour revenir à Sampdoria, ce fut une résiliation de contrat à l’amiable…

Franchement, au début tout s’était très bien passé. Mais à partir de la seconde phase de la saison passée, les relations avec le club se sont légèrement détériorées pour des raisons extra-sportives, comme tout le monde le sait. Ce qui m’a poussé à résilier mon contrat. Ça s’est fait d’un commun accord avec les dirigeants de la Sampdoria.

 

Donc pour vous, c’est ce qui avait de mieux à faire ?

Comme je vous l’ai déjà dit, mon souhait était de rester en Serie A, et c’est ce que j’ai fait. Opter pour Crotone, c’est ce qui était de mieux pour moi surtout que je connais très bien l’entraîneur. C’était mon coach lors de mon passage à Livorno.

 

Quel est votre objectif à l’heure actuelle ?

Retrouver du temps de jeu évidement, me relancer. Certes, l’équipe a pas mal de retard après ces huit matchs joués, mais on essaye de voir le côté positif des choses. C’est une équipe jeune avec beaucoup de qualités, et notre objectif reste d’engranger le plus de points possibles lors des prochaines rencontres.

 

Justement, lors du prochain match, vous retrouverez un autre Algérien de la Serie A, Faouzi Ghoulam en l’occurrence…

Revoir Faouzi me fera très plaisir, surtout qu’en ce moment, il réalise de très bonnes prestations avec Naples. C’est un joueur assez complet, qui fait partie des meilleurs latéraux évoluant en Serie A. C’est bien pour lui, mais aussi pour l’équipe nationale.

 

Vous profiterez de ces retrouvailles pour discuter un peu de l’équipe nationale ?

Oui, évidement comme d’habitude d’ailleurs. Il me dira un peu comment ça se passe en équipe nationale, mais de toute façon, même sans ces retrouvailles en championnat, je suis toujours en contact avec certains joueurs de l’EN.

 

Qu’avez-vous pensé de son match face au Cameroun ?

C’était un match assez compliqué à jouer, très indécis ; donc je considère que le match nul est juste. Il ne faut surtout pas oublier que la sélection camerounaise fait partie des meilleures équipes d’Afrique. Maintenant, il reste 15 points en jeu, il ne faut pas s’alarmer.

 

Mais on joue le Nigeria juste après… Le Nigeria est une grosse équipe, ça sera très difficile, c’est clair, surtout qu’ils joueront chez eux et avec leur victoire contre la Zambie, ils voudront rester dans la continuité. Mais rien n’est impossible, il faut rester calmes et sereins.

 

Une grosse polémique est née après ce match face au Cameroun entre le coach et les joueurs. Le président de la FAF a parlé d’un problème de communication…

Vous savez, ce sont des choses qui arrivent même en club. C’est clair qu’en sélection nationale, c’est plus compliqué pour un coach de bien connaître ses joueurs du fait qu’il passe moins de temps avec eux ; on va dire que le message doit passer plus rapidement. Maintenant, je ne peux pas donner mon avis précisément sur cette polémique vu que je n’y étais pas. Mais s’il y a eu une séparation entre le coach et la Fédération, c’est que quelque chose n’allait pas.

 

D’après vous donc, les choses ont pris une grande ampleur…

Vous savez, le président de la Fédération sait ce qu’il fait. Il a certainement pris la décision qu’il fallait pour le bien de son équipe et le bien de l’Algérie. Maintenant, il reste à trouver un coach qui correspond à la mentalité algérienne et au football africain, c’est un point très important.

 

Le président a justement affirmé que le problème de langue y était pour beaucoup dans ce qui s’était passé…

 

Quand il y a le souci de la langue, le lien entre le coach et les joueurs est presque coupé. Je pense qu’il faudra faire attention à ce point lors du choix du futur sélectionneur.

 

Cette polémique a touché aussi certains joueurs à l’image de Feghouli et Brahimi…

Sofiane est un homme que je connais très bien, c’était mon coéquipier de chambre. C’est un leader dans cette équipe, il a une grande responsabilité au sein de l’effectif ;  il ne faut pas commencer à le critiquer ou à le juger. Que ce soit lui, Brahimi ou les autres.  Il faut les laisser tranquilles ; si certains veulent taper sur quelqu’un, il faut taper sur tout le monde car individuellement, personne n’a fait de faute grave. Maintenant, on n’en veut pas au public algérien qui est l’un des meilleurs publics au monde, mais il y a des personnes qui n’ont rien à voir avec la Fédération algérienne de football ou avec l’équipe nationale, et qui n’hésitent pas à l’attaquer au moindre faux pas, même si moi je ne considère pas ce match nul contre le Cameroun comme étant un faux pas.

 

A votre avis, pourquoi l’Algérie bloque toujours face aux grosses équipes ?

Pour la simple raison que ce sont tout simplement des joueurs de notre niveau. L’Algérie est une excellente équipe, mais nous n’avons jamais été l’équipe la plus forte du continent africain. On fait, certes, partie des meilleures nations d’Afrique, mais au-delà de ce qu’il y a sur le papier, sur le terrain, nous n’avons jamais été les plus forts. Donc, quand on est face à de grandes sélections comme par exemple le Cameroun ou bien la Tunisie, on tombe sur des joueurs qui ont plus ou moins le même niveau que nous.

 

Cela explique-t-il le fait qu’on n’arrive pas à les battre ?

Vu que ce sont des équipes qui sont à niveau égal avec la sélection algérienne, ça devient des matchs compliqués au cours desquels des détails peuvent tout changer. Ce sont aussi des équipes qui possèdent des joueurs talentueux qui évoluent et jouent des rencontres de la Champions League et d’autres grandes compétitions européennes.

 

Parlons de Ryad Mahrez, que pensez-vous de son ascension ?

Ce qu’il a fait, c’est tout simplement exceptionnel. C’est un joueur qui ne se prend pas la tête, il est arrivé en coupe du monde alors que Leicester était en D2,  depuis il est devenu le meilleur joueur de Premier League. Même en ce moment, c’est un joueur qui fait des choses exceptionnelles ; il confirme ce qu’il a fait l’année dernière et c’est un plus pour nous. Nous sommes fiers de lui, tout en espérant qu’il continuera dans la même dynamique.   

 

Il y a aussi des nouveaux joueurs à l’image d’Adam Ounas…

Oui, et c’est très bien, ça apporte un gros plus à l’équipe nationale. Hormis Ounas, il y a Slimani, Feghouli mais encore Saphir Taider qui est en train de s’imposer actuellement en Serie A, et puis plein d’autres. Cette équipe nationale renferme actuellement les meilleurs joueurs algériens et c’est bien. C’est le fruit d’un travail de plusieurs années, et c’est très bien.

 

Que pensez-vous du groupe dont a hérité l’Algérie après le tirage au sort pour la CAN ?

L’équipe nationale a hérité d’un groupe très difficile. Il y a  quand même deux grosses équipes, la Tunisie et le Sénégal. Collectivement, ce sont deux équipes du niveau de l’Algérie, les matchs vont se jouer sur le terrain. Maintenant, il reste à l’EN de prouver qu’elle est plus forte que ces deux équipes en 90 minutes. Concernant le Zimbabwe, je dois avouer que je ne connais pas trop cette équipe.

 

A l’approche de cette CAN-2017, espérez-vous retrouver une place en EN ?

Comme je le dis à chaque fois, moi je suis toujours à la disposition de l’équipe. Après, ça doit faire environ 8 mois que je n’ai pas joué, donc ma non-convocation est tout à fait logique. Mais au-delà de ça, c’est clair que je me considère toujours comme étant un joueur sélectionnable, mais pour cela, je dois d’abord aligner de bons matchs pour convaincre le futur sélectionneur.

Classement