MOB: Attia : «On a payé des supporters pour me tuer»

Il mène en ce moment plusieurs batailles à la fois. En plus de faire face à la crise financière que traverse le MOB, préparer le déplacement au Congo, booster les joueurs et surtout convaincre son entraîneur de rester après cette finale, Zahir Atia, puisque c’est de lui qu’on parle, se bat chaque jour contre les actionnaires du club, prêts à tout, même à brûler la maison, pour reprendre ses mots, pour le déboulonner. La veille du départ vers Lubumbashi, nous avons décidé d’entrer en contact avec lui pour nous expliquer ce qui se passe vraiment au club, mais aussi répondre à quelques questions relatives à sa gestion, critiquée par l’ensemble des actionnaires et une partie des supporters. Les réponses d’Attia sont directes et ses accusations sont extrêmement graves.

 «Les actionnaire veulent faire du MOB une secte»

«Des ennemis du MOB, voilà comment l’histoire se souviendra d’eux»

«Ils ont perdu leurs intérêts avec moi»

«Ils sont furieux parce qu’ils ne voient plus leurs gueules à la télévision»

«Voilà pourquoi on a joué à Tchaker»

«Sandjak ne partira pas»

«Je suis en train de régler les dettes de mes prédécesseurs»

 

Avec des moyens inexistants et une équipe tout juste moyenne, vous êtes arrivés jusqu’en finale de la coupe de la CAF, à qui doit le MOB cet exploit ? À vous, aux joueurs, aux supporters, à Sandjak…

Vous avez oublié les coups bas et les tentatives de sabotages…(Rire)…Je crois que tous ceux que vous venez de citer ont contribué, chacun à sa manière et dans son domaine, à maintenir le MOB en vie. Ce succès, et c’en est un vu les obstacles, est le fruit de nos sacrifices. On a souffert, on a galéré, on voulait tous à un moment ou un autre jeter l’éponge, mais on a tenu le coup, on a continué à avancer malgré les énormes difficultés. Censés normalement nous aider, l’acharnement et la détermination de certaines  personnes à nous casser et à saboter notre travail n’ont pas eu raison de nous, elles n’ont pas fait le poids face à notre volonté à mener le bateau à bon port. Hamdullah, on est là, on a honoré nos couleurs, notre région et l’Algérie toute entière.

Vous parlez des actionnaires…

Oui, de qui alors ? Vous savez, j’ai pris le club lorsque personne n’en voulait, la situation était précaire, la moitié de l’équipe avait décidé de partir, les caisses étaient vides, les dettes s’accumulaient…C’était le flou total. Les actionnaires, tous comme ils sont, avaient peur de prendre cette responsabilité…Et je les comprends ! Moi je l’ai fait, j’ai formé cette équipe, engagé un staff compétent, commencé à régler les dettes, leurs dettes, sans parler des obligations et dépenses du club pour cette saison…Ce n’était pas facile, surtout qu’on m’a laissé seul ! Comme si cela ne suffisait pas, ils ont commencé à me saboter et à casser tout ce qu’on a commencé à construire. Mais avec l’aide du staff, des joueurs et de nos supporters, on s’en est sortis, Aujourd’hui, on est en finale, le MOB a rendez-vous avec l’Histoire, n’est-ce pas formidable ?

Oui, bien sûr que ça l’est… Mais dites-nous, pourquoi, selon vous, voudraient-ils vous saboter ? On connaît chacun d’entre eux, ils sont tous amoureux de ce club, c’est quoi leur motivation ?

Les intérêts. Avant moi, ils faisaient des affaires dans le dos du club. Ils ne le font plus depuis mon arrivée. Aujourd’hui, certains d’entre eux veulent que je parte, mais pourquoi ? J’ai deux questions à leur poser : pourquoi aucun d’entre eux n’a voulu prendre le club en début de saison ? Et pourquoi ils se sont manifestés aujourd’hui ?

On sait que vous avez les réponses, éclairez-nous…

Je vais vous le dire. Les actionnaires pensaient, ils étaient même convaincus, qu’Attia allait se casser la gueule et là aussi je les comprends vu la situation catastrophique dans laquelle ils ont laissé le club. Ils ont imaginé un scénario dans lequel le MOB coulerait avec moi. Dans leur imagination, ils se sont vus comme des sauveurs qui viendraient au dernier moment sortir le club de la crise. Malheureusement pour eux, ce n’est pas ce qui s’est passé. On est passés aux poules, puis aux demi-finales et maintenant en finale… Sans eux. Ils auraient pu y participer, mettre leurs mains dans la mienne et être aux premières loges, devant les caméras, comme ils aiment tellement l’être mais, malheureusement, ils ont choisi d’être nos adversaires, nos ennemis… C’est comme ça que l’histoire se souviendra d’eux, pas autrement.

C’est donc de la jalousie ?

Il y a un peu de ça, mais je crois que c’est surtout  que ce sont des regrets. Des regrets de passer à côté de ça, de voir ça de l’extérieur, alors qu’ils pouvaient, s’ils le voulaient, être des acteurs. Je crois qu’ils paniquent, je crois que leur jalousie s’est transformée en haine.

Revenons, si vous le voulez, à l’actualité, les Crabes vous en veulent d’avoir choisi Tchaker, qu’avez-vous à leur dire ?

Je pense que personne ne connaît cette équipe mieux que Sandjak. Si l’entraîneur a choisi Tchaker, c’est pour des raisons techniques. Et je crois qu’il avait raison. On pouvait facilement gagner ce match. On a raté une victoire certaine.

Mais les supporters avaient dit non. Leur avis ne compte-t-il pas ?

Bien sûr qu’il compte, mais le dernier mot devait revenir au coach. Et puis, je ne crois pas que ce soient tous les supporters qui voulaient jouer à Béjaïa. La majorité était manipulée ou payée par les actionnaires pour tenter de nous faire changer d’avis et jouer à Béjaïa.

Pourquoi feraient-ils ça ?

Parce qu’au stade de l’Unité Maghrébine, ils contrôlent la tribune officielle. Ils peuvent faire entrer leurs amis et  leurs familles et s’installer après aux premiers rangs pour être bien visibles devant les caméras. Vous savez qu’ils voulaient qu’un actionnaire s’asseye sur le banc de touche lors de la finale ? C’est un journaliste d’une télévision qu’ils ont envoyé l’annoncer à Sandjak.

Qu’a dit le coach ?

Il lui a dit dégage, mais il y a plus grave !

Allez-y, dites-le nous…

J’ai su qu’ils me préparaient un guet-apens dans la tribune officielle. Ils auraient payé des gens pour m’agresser ou me tuer, je ne sais pas. Ils me tendent des pièges depuis que je suis au MOB. D’ailleurs, face à l’OM, un actionnaire m’a agressé, j’ai échappé au lynchage.  Je ne vais pas citer de noms pour le moment, mais je vous promets que le ferai après la finale. Ces gens-là veulent faire une secte et prendre le contrôle d’un club aimé par des centaines de milers de Kabyles et je ferai tout pour leur barrer le chemin.

Avant de parler de la finale, dites- nous ce qui s ‘est passé aujourd’hui lors de votre réunion avec les joueurs ?

Tout d’abord, je dois dire que les joueurs n’étaient pas en grève. La séance d’entraînement était prévue à 10h et ma réunion avec eux à 11h. Le coach a donc décidé de donner quartier libre. Ils se sont entraînés aujourd’hui le plus normalement du monde. Les actionnaires bloquent les comptes et me font passer pour un menteur devant les joueurs, honte à eux !

Sandjak est annoncé chez les olympiques. Va-t-il vous quitter, en avez-vous parlé ?

Sandjak est concentré sur sa finale. A aucun moment il ne m’a signifié sa volonté de partir après la finale. Il en a songé à un certain moment, ce qui est légitime, vu que certains actionnaires ont payé des supporters pour le menacer et l’insulter, mais il est revenu à de meilleurs sentiments.

On va finir sur la finale, quel scénario imaginez-vous ?

Je nourris des regrets puisqu’on pouvait gagner à Tchaker, mais je crois en cette équipe. On peut réaliser l’exploit de revenir avec le trophée de Lubumbashi. J’y crois, tout le monde y croit. Si on échoue, on aura tout donné sans regrets, je ne pourrais pas dire autant de ceux qui auront contribué à notre échec.

A. B. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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