Abdelnacer Almas, le président du MC Alger, a été entendu par la police après avoir tenu des propos incitant à la violence. Noureddine Saâdi, l’ancien coach du Doyen, revient sur cet épisode inédit et sur la consécration du CR Belouizdad. Il ne manque pas de nommer le principal responsable de cette affaire.
Abdelnacer Almas, le président du MC Alger, a été convoqué par la police pour avoir tenu des propos incitant à la violence, qu’en dites-vous ?
Dans le fond, il a raison de protester contre la décision d’attribuer le titre au CR Belouizdad. Personnellement, ça ne me plaît pas aussi, non pas parce que le CRB ne mérite pas un titre. D’ailleurs, si on avait poursuivi le championnat, il aurait pu le gagner. C’est Kheireddine Zetchi, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), qui aurait dû prendre sa responsabilité et nous éviter tout cela en déclarant la saison blanche, c’est l’un des rares reproches que je lui fais.
Pourquoi optez-vous pour l’annulation de l’exercice ?
Depuis l’avènement de la pandémie Covid-19, beaucoup de familles ont perdu des êtres chers, de nombreuses entreprises ont fermé, des petits commerçants n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Bref, je veux dire que le coronavirus a enlevé à tout le monde quelque chose. Pourquoi le football ne perdrait-il pas une année ? Je précise que je ne jalouse nullement le CRB, qui est mon ancien club et à qui je souhaite bon vent pour la suite, je suis même persuadé qu’il avait les armes pour finir champion. Moi, si j’étais au CRB, j’aurais refusé le titre. J’aime acquérir les choses à la sueur de mon front. Mais tout ça est de la faute à la FAF qui n’a pas pris sa responsabilité. Je crois que personne n’aurait remis en cause la justesse d’une saison blanche.
Sauf les gens du Chabab…
Je suis désolé, mais ils n’ont pas mis le couteau sous la gorge du président de la FAF, il pouvait décider la saison blanche sans souci. Tout le monde a payé un lourd tribut à ce coronavirus, je ne vois pas pourquoi le football ferait exception. Cette discipline aurait juste pris sa part du malheur qui a frappé tout le monde.
Revenons maintenant à Almas…
Oui, s’il a raison sur le fond, il a tort sur la forme. J’estime qu’il s’y est mal pris, il n’aurait pas dû réagir de la sorte. Je ne veux vraiment pas paraître comme quelqu’un qui veut lécher qui que ce soit, mais l’une des décisions du gouvernement qui m’a vraiment plu, c’est celle qui consiste à criminaliser la diffamation. Je suis citoyen algérien, j’ai mon ressenti, et je suis ce qui se passe. Tout le mal qui se dit sur les plateaux télé, les journaux, les réseaux sociaux doit cesser, il faut punir les gens. Les supporters ne sont pas des sauvages, ce n’est pas de la poudre à canon, c’est une bêtise de s’en servir de la sorte.
A ce rythme, beaucoup de présidents vont se retrouver en prison puisqu’ils sont nombreux à tenir le même discours…
Ils doivent changer, tout simplement. Le supporter ne doit pas être utilisé comme une arme, on ne s’en sert que dans les tribunes pour encourager son équipe. Aussi, un président de club, comme l’entraîneur, est un éducateur. C’est un modèle que les gens regardent, il doit faire attention à ce qu’il dit ou fait, c’est tout.
H. D.