Sofiane Elimam : «Son amour pour le MCO était sans limites»
Ancien portier de l’EN de handball de la belle époque, le fils du légendaire regretté Kacem Elimam est fier du passé glorieux de son père qui a marqué éternellement de son empreinte l’histoire du MCO.
Ce samedi, on rendra hommage à votre père qui a disparu il y a 10 ans, votre sentiment ?
Mon défunt père a laissé une trace indélébile au MCO, mais ce qui me rend encore plus fier de lui à Oran et partout en Algérie même, il est resté aussi célèbre. Quand je rentre dans une administration à Oran et même à Alger, dès que je décline mon identité, rapidement le sujet Kacem est évoqué. Figurez-vous que, dernièrement, en me rendant au centre nautique où je suis allé faire de la plongée sous-marine, j’ai surpris des athlètes qui ne m’ont pas reconnu en train de parler des exploits de mon père dans cette discipline, car durant sa carrière à la Protection civile, il était scaphandrier. J’étais étonné qu’on cite en exemple mon père même dans d’autres disciplines.
Même les plus jeunes supporters du MCO qui ne l’ont pas connu, regrettent sur les réseaux sociaux qu’il ne soit pas de ce monde, car pour eux il est le président le plus compétent…
Le MCO a fait Kacem Elimam et vice-versa ; le club a remporté de nombreux titres sous son règne, sans oublier lorsqu’il est revenu en 2008 après sa relégation historique pour le remettre à sa place en L1. C’est une vérité, avec mon père, le MCO et ses supporters n’ont connu que la joie. Etant sa progéniture, j’en tire une énorme fierté.
Occupé par la gestion du MCO, on dit qu’il ne se consacrait pas à sa vie de famille…
Il veillait certes pour que sa famille ne manque de rien. Effectivement, quand il a présidé le MCO, il était tout le temps en déplacement. Un jour, ma mère lui a fait cette remarque : ‘’Tu ne t’occupes que du MCO.’’ Il lui répliquera : ‘’Ne te mêle pas de mes affaires, sinon je vais te renvoyer chez…Kojak », le surnom de mon grand-père maternel qui était chauve. Le MCO, c’était sa vie.
Vu l’enchaînement des saisons décevantes du MCO, il doit se retourner dans sa tombe…
De son vivant, il a prévu ce qui allait arriver au club ces dernières années. Pour lui, tant que des personnes qu’il qualifiait d’ennemis du MCO sont vivantes, il ne retrouvera jamais son lustre d’antan. Malheureusement, il a vu juste.
Avait-il un vœu qu’il n’a pas eu l’occasion d’exaucer ?
Mon défunt père souhaitait qu’on organise, par exemple, durant chaque intersaison un tournoi regroupant le MCA, le MOC et bien entendu le MCO. Malheureusement, son vœu n’a jamais été exaucé.
Dans le monde du football, il a gardé cette notoriété…
Il y a quelques années, on s’est déplacé à Bejaia. Le président Boualem Tiab quand il a su que je suis le fils de Kacem a tenu à lui rendre un hommage : ‘’Une fois, on a gagné à Zabana avec la JSMB. Alors que le public l’a hué, il s’en foutait. Pour lui, il fallait réserver un bel accueil à notre délégation. Il nous a conviés malgré la défaite à un dîner ; après, il a chargé un chauffeur de bus de nous transporter à l’aéroport. Rares les présidents qui font de tels gestes, surtout après une défaite.’’
Mon père était quelqu’un de simple qui aimait les supporters du MCO. Un jour, je me rappelle, suite à une victoire de l’équipe, des dizaines de fans sont venus devant notre maison pour chanter à sa gloire. Alors, je suis sorti pour leur demander d’évacuer les lieux car ils faisaient un grand bruit, ce qui pouvait déranger les riverains. Soudain mon père sort de la maison et m’a réprimandé devant ses jeunes supporters. ‘’Mon fils, je vois que tu es jaloux de ma notoriété…’’ Une fois à l’intérieur de la maison, il m’a dit : « Ecoute mon fils, ton père est aimé par des gens de toutes les catégories, de l’enfant de 5 ans au vieillard de 90 ans ; c’est la seule chose que j’ai gagnée en étant président du MCO. »
M. S.