Le nouveau sélectionneur des A’, Madjid Bougherra, a fait ses premières déclarations au site de la Fédération algérienne de football. L’ancien capitaine des Verts est revenu d’abord sur le choix fait par la FAF et les contacts qu’il a eu avec le président Zetchi et le sélectionneur national Djamel BelmadI : « Je suis très heureux et fier d’être de retour dans mon pays en tant qu’entraîneur cette fois et je remercie le président de la FAF et le sélectionneur national de leur confiance. Les choses se sont passées avec beaucoup de simplicité. J’ai été contacté par le président et le sélectionneur qui m’ont exposé le projet avec beaucoup de clarté et de conviction. Nous avons échangé à cœur ouvert, et j’ai ressenti chez eux cette détermination qui nous caractérise. Une détermination orientée vers le pragmatisme, l’efficacité et une recherche permanente de l’excellence. Des notions que je partage, surtout lorsqu’il s’agit de les mettre en œuvre pour servir l’intérêt du pays. Donc, j’ai répondu à l’appel avec un grand OUI !!! »

Ejection de l’équipe du FLN de l’AG de la FAF

 

 

Mohamed Maouche, qui a fêté ses 84 ans février dernier, n’a naturellement pas apprécié le fait que la FAF a songé à écarter les derniers survivants de la glorieuse équipe du FLN de son assemblée générale et les remplacer par une seule personne d’une fondation qu’elle compte créer. Parce que ses frères d’armes sont tous soit morts ou trop malades pour réagir à ce qui semble être une mise à mort de cette équipe, l’ancien attaquant rémois a décidé de monter au créneau et de crier sa colère contre cet acte «honteux», pour reprendre ses dires.  «C’est un manque de respect sans précédent à l’égard de l’un des symboles de la révolution algérienne », tonne-t-il avant de menacer «d’aller voir le MJS, le ministre des Moudjahidine et même le président Tebboune s’il le faut pour réclamer justice». L’entretien que nous a accordé cet ancien attaquant, puis sélectionneur de l’EN est un cri de colère de l’un des auteurs des plus beaux actes de bravoure et de sacrifice qu’a connus le monde du football depuis sa création.

Entretien réalisé par

Amirouche B.  

 

 

  1. Maouche, comment allez-vous ?

Pour mon âge, 84 ans, je dirai que je vais bien. Tant qu’on respire, on dit ça va.

On a entendu dire que vous aviez eu un malheureux accident domestique, ça va mieux ?

Non, ce n’était heureusement pas méchant, merci de vous inquiéter.

On peut donc vous poser quelques questions relatives à la polémique autour de l’équipe du FLN et ses 8 sièges à l’assemblée…

Allez-y puisqu’il existe des gens qui pensent pouvoir nous éjecter…

Vous venez déjà de répondre à l’une de mes questions avant même de la poser…

Alors, je vous dis que personne, je dis bien personne ne peut toucher à la glorieuse équipe du FLN. Celui qui pense pouvoir le faire se met le doigt dans l’œil. 

Il paraît que la FIFA aurait demandé à la FAF à ce qu’une seule personne, pas plus parmi les survivants de la glorieuse équipe du FLN, siège à l’AG de la FAF…

N’importe quoi, la FIFA n’a rien à voir avec ça. Contrairement à certains, la FIFA voue le plus grand respect à l’équipe du FLN. Le monde entier nous respecte et reconnaît l’équipe du FLN. Il y a seulement quelques jours, des Italiens nous ont contactés pour un documentaire sur l’équipe du FLN. Avant ça, il y avait les Brésiliens, les Allemands…

Vous accusez donc la FAF…

Naturellement ! Vous voyez une autre partie capable de le faire ?

Mais pourquoi elle ferait ça ?

Je vous le dirais quand je le saurais.  

Deux hauts responsables de la FAF ont assuré que c’est la FIFA qui a exigé des collèges aux assemblées à la place des personnes. Selon la FAF, c’est la FIFA qui les a pressés de le faire et que Zetchi a milité pour sauvegarder vos sièges…

Ah bon ? Ils ont fait ça ! Moi je pense que la FIFA a beaucoup plus important à faire que de s’intéresser à quelques sièges occupés par de vieilles personnes à l’AG de la FAF.

Justement, vous disposez de 8 sièges, mais seuls 2 ou 3 d’entre vous assistent aux réunions…

C’est là où ça fait mal, beaucoup de nos camarades nous ont hélas quittés. On est les derniers survivants de l’équipe du FLN. Il reste encore 2 ou 3 personnes ayant assez de force pour se déplacer et occuper ces sièges, les autres sont soit malades ou trop vieux. Dans quelques années, peut-être même quelques mois, il ne restera plus personne pour occuper ces sièges,  qui seront vacants et à jamais. Pourquoi veut-on nous éjecter maintenant ? C’est quoi le but, je ne comprends pas !

Aviez-vous discuté de tout ça avec le président de la FAF ou un membre de cette structure ?  

Non, je n’ai discuté avec personne et pour tout vous dire, je ne sais plus si c’est décent de débattre de notre présence à l’AG de la FAF. Vous savez, c’est une question de respect plus qu’autre chose. Par contre, je vous informe qu’on va discuter avec d’autres «personnes », lesquelles, je suis sûr, s’adresseront à nous avec le respect et la considération qui nous sont dus.

Vous pensez qu’on vous a manqué de respect ?

Le simple fait de croire «possible» ou «normal» d’éjecter  de cette manière aussi vulgaire que moche l’équipe du FLN de l’assemblée de la FAF est en soi un manque de respect flagrant et sans précédent vis-à-vis des gens qui  se sont sacrifiés pour la patrie. On a été installés comme membres permanents de l’AG de la FAF, à vie,  par Ben Bella et Boumediene et on le demeurera jusqu’à ce qu’on soit tous morts et enterrés. Et on le restera, je vous le promets.

On voit que cette affaire vous affecte beaucoup…

Avant celui-ci (Zetchi), aucun des présidents passés par la FAF depuis 1962 n’a osé s’en prendre à l’équipe du FLN. Jusqu’à il y a quelques jours,  on a été respectés, écoutés et admirés par tous dans cette assemblée (il s’énerve). On a fait la guerre, on a patrouillé avec de grands moudjahidine à l’instar du Comandant Azzedine, on a sacrifié tout ce qu’on avait, maison, argent, carrière, famille…pour l’Algérie. On est allés jouer dans des pays qui ne savaient même pas que l’Algérie était en guerre contre le colonisateur français. On était les ambassadeurs de la Révolution. Pour la patrie, pour le parti, pour le peuple, on a laissé nos vies de rêve, nos maisons, nos biens, nos carrières…Certains d’entre nous ont embarqué leur famille dans cette guerre. Moi-même, mon épouse, pourtant française, était la plus jeune agente de liaison entre nos frères en Algérie et la Fédération de France. Tout ça, on l’a fait par devoir, parce que c’est ce qu’on devait le faire, sans rien attendre au retour, «bla mzyetna », comme on dit chez nous. Si c’était à refaire, tous, autant que nous sommes, on le refera et de la même manière.

  1. Maouche, les Algériens connaissent votre histoire, ils savent qui vous êtes, et ça,  personne ne peut vous l’enlever…

El hamdoullah, l’amour du peuple, l’honneur et la fierté d’avoir servi son pays, c’est tout ce qu’on a, c’est tout ce qu’on a gagné après l’indépendance ; on n’a demandé ni dédommagements, ni privilèges, ni rien du tout. Le respect des gens ici et partout dans le monde nous comble tous.  

Oui, dont Belmadi qui a les larmes aux yeux à chaque fois qu’il parle de vous et de votre équipe. Il a même fait de votre histoire un baromètre pour mesurer le degré de nationalisme de chacun de ses joueurs, il parle de vous tout le temps…

Hé, oui, lui c’est Monsieur Djamel Belmadi, qui, en plus d’être un super coach, est humble, respectueux et un grand patriote. J’ai beaucoup de respect pour cet homme.

Qu’allez-vous faire maintenant ?  

Nous allons écrire au ministre de la Jeunesse et des Sports, ainsi qu’au ministre des Moudjahidine ; on va aller les voir s’il le faut pour mettre fin à ce dérapage qui est, à mon sens, une  atteinte grave à l’un des symboles de la Révolution algérienne. Je vous promets, et je parle pour moi, que je suis prêt à aller aussi haut qu’il faut,  jusqu’à arriver au président de la République s’il le faut pour effacer cette page noire de l’histoire de l’Algérie.

Selon le directeur de la communication de la FAF, ce problème est réglé, vous allez garder vos sièges…

Parce que vous pensez que c’est un problème de sièges ? Je vous l’ai dit, c’est une question de respect.

On vous remercie, M. Maouchelongue vie à vous et bon rétablissement à vos camarades malades ou souffrants…

Merci à vous de me donner l’occasion à travers votre respectable journal de m’exprimer sur cette affaire.

  1. B.