Accosté à l’aéroport de Libreville mercredi soir, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion en direction de Paris, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Michel Dussuyer, a aimablement répondu à nos questions, sans garde du corps, sans excès de zèle des agents et sans escorte…
L’Algérie et la Côte d’Ivoire, deux grandes nations du football africain, quittent la scène dès le premier tour. Quelle est votre analyse sur ces sorties prématurées ?
C’est vrai, deux grandes équipes ont quitté la compétition là où rares sont ceux qui s’y attendaient. Mais je pense qu’il y a des choses qui ont favorisé cette situation. Les ingrédients, on les trouve dans le premier match. Lorsqu’on aborde une Coupe d’Afrique des nations, il faut bien rentrer dans la compétition. Aussi bien l’Algérie que nous-mêmes, nous avons été accrochés par des équipes supposées plus petites. Mais, sur le terrain, l’aspect mental compte énormément dans une coupe d’Afrique.
Pouvez-vous nous dire où ça n’a pas marché pour les deux équipes ?
Je pense que tout s’est joué lors des premières rencontres. Les premiers matches de l’Algérie et de la Côte d’Ivoire n’ont pas été bien négociés et, puis, après ça va vite. J’avais bon espoir nous concernant surtout que j’avais senti que mon équipe montait en puissance lors du deuxième match ; je savais que contre le Maroc ça allait être une rencontre serrée, difficile à négocier. Les Marocains avaient besoin d’un point, alors que, pour nous, la victoire était impérative. Ça s’est joué sur un détail, un exploit individuel et nous voilà éliminés.
Donc, peut-on dire que le mot favori n’existe plus dans une compétition comme la CAN ?
Il y aura toujours des favoris, mais d’autres qui vont tomber. En finale, nous aurons deux équipes qui vont s’affronter pour le sacre, et ce sont déjà des favoris. L’Algérie faisait partie des favoris en puissance, mais elle est tombée. La Côte d’Ivoire est, certes, le champion en titre, mais l’équipe est en reconstruction. La preuve, sur les 23 joueurs retenus, la moitié n’était pas avec le groupe en 2015. Avec de jeunes joueurs dans l’effectif, il était hasardeux de faire de nous des favoris. Notre objectif était d’aller le plus loin possible et surtout franchir le premier tour, maintenant nous ne sommes pas parvenus, et ça c’est un échec et je le reconnais.
Comment avez-vous trouvé le parcours de l’Algérie dans cette CAN et étiez-vous surpris de son élimination dès le premier tour ?
C’est sûr que j’ai été surpris. Mais après l’entame très moyenne face au Zimbabwe, il y avait ce match face à la Tunisie. C’était un derby, chaud, qui se joue souvent sur des détails. L’équipe tunisienne a fait de bonnes choses dans cette CAN. Elle avait fait une très bonne deuxième mi-temps face au Sénégal et puis elle avait confirmé contre l’Algérie. Ça se joue à pas grand-chose. Entre la victoire et la défaite dans ce genre de match, c’est du 50-50. Le facteur réussite était en faveur des Tunisiens.
Et comment faire pour que des équipes comme la Côte d’Ivoire et l’Algérie revivent après une telle débâcle ?
Ce sont des contextes peut-être différents. Pour l’Algérie, sincèrement, je ne sais pas trop et je ne voudrais pas me prononcer hasardeusement. Je ne connais pas vraiment l’environnement et les joueurs, donc je préfère m’abstenir d’y répondre. Maintenant, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il y a un groupe jeune et une équipe en reconstruction. Il faut garder ce groupe-là parce qu’il a de l’avenir et il est important de rester calmes après ce genre d’échecs et ne pas prendre des décisions à la hâte. Nous travaillons pour demain ; il faut savoir qu’il y a eu beaucoup de changements par rapport à la CAN 2015. Des joueurs stars sont partis et remplacés par des jeunes très talentueux. C’était la première CAN pour beaucoup d’entre eux et je reste persuadé qu’ils auront tout l’avenir devant eux. Tous les joueurs, qui ont vécu l’échec de cette CAN savent maintenant quelles sont les exigences d’une coupe d’Afrique. L’orgueil doit être fouetté.
Dernière question, qu’avez-vous à dire du limogeage de Leekens ?
Sincèrement, je préfère que vous m’épargniez cette question.
K. F.