Hugo Broos, récent vainqueur de la CAN avec le Cameroun pour qu’il nous parle de la réussite des Lions indomptables durant la CAN au Gabon puisque le coach belge a mené cette équipe à sa 5e consécration sur le plan continental. Pour lui, c’est le fruit d’un travail de longue haleine surtout qu’au départ, il avait des ambitions modestes au vu des nombreuses absences de joueurs confirmés de la sélection qui ont préféré rester au sein de leurs clubs. Il montre sa joie d’avoir inscrit son nom dans l’histoire du football camerounais et n’oublie pas le défunt Albert Ebossé pour lequel il a une pensée. Critiqué par Hannachi après le match de Sétif, il refuse de lui répondre et de manière cinglante.
Tout d’abord, félicitations pour votre sacre à la CAN…
Je vous remercie, c’est très gentil de votre part. Ç a n’a pas été facile pour nous durant cette compétition mais avec le travail et la détermination, on a pu faire ce qu’il fallait et aller chercher cette consécration. Je pense que ça a fait plaisir aux supporters camerounais qui attendaient ça avec impatience.
Parlez-nous un peu de ce parcours fabuleux avec le Cameroun. Comment ça s’est passé ?
Comme vous le dites, c’est fabuleux. Je suis très content de ce sacre notamment pour moi en tant que coach parce qu’on a fait un très bon parcours. On a éliminé le Sénégal, le Ghana et l’Egypte qui sont des équipes de top qualité, les meilleures en Afrique. Je pense qu’on a réalisé un parcours exemplaire et qu’au final, on a été récompensés de nos efforts sur le terrain. C’est ce qui nous a permis de soulever le titre à la fin de la compétition. Rien n’a été facile pour nous, mais je pense que nous avons fait le nécessaire petit à petit pour faire en sorte d’aller le plus loin possible dans cette compétition. Au final, nous avons été récompensés de nos efforts et on a pu soulever le titre de champion d’Afrique. C’est quelque chose d’extraordinaire notamment pour les joueurs qui ont fait un excellent travail et qui ont cru en leurs chances de faire un bon parcours.
Vous étiez pourtant privés de plusieurs joueurs notamment les Matip, Schoupomoting…
Ecoutez. Premièrement, ils n’étaient pas là et on se devait de faire avec. Nous n’avons pas eu besoin d’utiliser beaucoup de mots pour dire n’importe quoi. Ils n’étaient pas là, ils ont pris des décisions. On s’est tourné alors vers d’autres joueurs à qui, il fallait donner de la confiance. Je pense qu’on a réussi à monter une équipe de qualité. Les joueurs absents ont décidé de rester en club, on a accepté et respecté leur décision et ça ne servait à rien de parler de ça à chaque fois. On n’avait d’autres choix que de compter sur les joueurs qui étaient présents. Je devais leur faire sentir ma confiance et qu’ils comprennent que je croyais en eux, que nous croyons en eux. C’est ce qui a été fait, et maintenant, je pense que nous avons été récompensés. C’est le plus important pour moi.
Justement, avant d’entamer la CAN, le Cameroun n’était pas forcément favori. Votre sacre est en quelque sorte une surprise, non ?
Effectivement, je pense qu’on ne faisait pas partie des favoris pour la compétition. On a fait notre travail pour essayer de présenter la meilleure équipe possible. On est partis à la CAN avec des ambitions modestes. On s’était fixé comme un premier objectif de passer la phase de groupes. On était dans une poule qui comprenait la Guinée et le Burkina Faso qui ne sont pas censés être des grandes nations de football. L’idée c’était de faire le parcours de la phase de poules et se qualifier pour voir qui allait être notre adversaire durant les quarts de finale. On est passés, quand le Sénégal s’est présenté devant nous en quart, on s’est dit qu’on allait tout ¼ faire pour essayer de se qualifier et d’aller le plus loin possible dans la compétition. Après, il y a eu ce match face au Ghana où on est parvenus à se qualifier pour la finale. Et là, on s’est dit, ça y est, il ne reste qu’à battre l’Egypte. La confiance est venue petit à petit, on croyait en nos chances et sur le match de la finale, on a réussi à faire tomber les Pharaons. Ça a été un moment fort pour tout le monde.
Sur un plan personnel, vous attendiez-vous à gagner la CAN ?
Sincèrement, non. Comme je viens de vous le dire, on avait des prévisions assez modestes en arrivant. L’objectif était de passer le premier tour de la compétition. On était déjà assez contents d’être en quart de finale. De l’autre côté, on était forts motivés pour faire quelque chose de bien face au Sénégal. Après la qualification aux penaltys, ce match nous a donné encore plus d’envie pour faire encore un meilleur parcours. On était plus en confiance. Après, quand on bat le Ghana en demi-finale et l’Egypte en finale, on se dit que ce sont de très belles performances qui nous ont permis d’aller chercher le sacre final dans cette CAN. C’est ce qu’on retient tous de cette compétition, le parcours qui a été réalisé par les joueurs durant la compétition et le fait d’avoir montré une grande motivation sur tous les plans.
Les équipes favorites comme l’Algérie n’ont pas répondu présentes, pourquoi selon vous ?
Vous savez, finalement, je me dis que gagner la CAN n’est pas du tout évident. J’ai senti ça dans la phase de groupes. Chaque équipe se présente pour tenter de gagner et elle joue à 200%. Tous voulaient passer en quart. On était dans le groupe avec le Burkina et la Guinée-Bissau qui ne sont pas les grands favoris du tournoi. C’est surtout l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Nigeria qui n’était pas qualifié. Mais là aussi, on a senti que ce n’est pas évident. L’Algérie par exemple était dans un groupe bien plus difficile que le nôtre. Néanmoins, ce n’est pas facile de se présenter dans la peau du favori, surtout pour les joueurs. En étant favorite. D’un autre côté, je pense que ça a été aussi une question de mentalité.
Vous pouvez développez ?
Ecoutez, je connais parfaitement le joueur algérien. Ce que je peux dire, c’est que sa mentalité n’est pas toujours bonne. Là, il faut essayer de créer un état d’esprit, une ambiance dans le groupe. Je trouve que c’est ça qui a manqué à l’Algérie durant le tournoi parce qu’au niveau footballistique, je suis certain, l’Algérie est une équipe qui devrait jouer la demi-finale de chaque CAN. Pour moi, c’est une évidence.
Revenons à vous. Après avoir gagné la CAN. On imagine que vous avez une pensée pour le défunt Albert Ebosse, n’est-ce pas ?
Bien sûr que j’ai eu une pensée pour Ebosse. C’est quelque chose qui me marquera à jamais. Ça fait toujours mal… Ce qui s’est passé ce jour-là, chez vous, c’est inoubliable pour moi, c’est surtout triste. Je pense que gagner cette CAN est quelque chose de bien. On a pu montrer encore une fois que le Cameroun peut sortir de grands joueurs.
Malgré votre victoire à la CAN, votre ancien président à la JSK, Hannachi vous a critiqué. Qu’avez-vous à lui dire ?
…Lui, c’est un malade mental, et moi, je ne réponds jamais aux fous !
I. Z.