Le président sortant de la Fédération affirme que Mouldi Aïssaoui, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, a été exclu de l’assemblée générale de la FAF. La réponse de l’ancien joueur de l’USM Alger est fulgurante.
Quelle lecture faites-vous des événements qui secouent la FAF ?
Le football est une sphère autour de laquelle tournent des tas d’intérêts, souvent légitimes, mais qui s’entrechoquent parfois. Le rôle principal de la Fédération est d’être un arbitre juste qui arrive à imposer le respect. Beaucoup de déficit a été accumulé, la Fédération ne jouait plus ce rôle. L’activité de l’assemblée générale (AG) de la FAF a été pratiquement anesthésiée.
C’est ce qui explique votre absence de cette AG…
Bien sûr ! Moi, j’explique mon absence avec des preuves, contrairement au président de la FAF. Il me demande de justifier mes obligations, il oublie qu’il y a un article qui précède parlant des devoirs des membres de l’AG. En gros, ceux-ci disent que chaque membre est en droit d’être convoqué régulièrement et de disposer des bilans avant le déroulement de l’AG ordinaire (AGO). Je n’ai été destinataire d’aucun de ces documents. J’ai été occulté, contourné, de façon préméditée, j’en suis certain. Après, indirectement, Raouraoua a dit que je ne faisais plus partie de l’AG.
Il a ajouté que vous n’êtes pas éligible pour avoir manqué plusieurs AG…
Le football et la FAF ne sont pas sa propriété privée. Les statuts actuels disent que seule l’AG a l’autorité de se réunir et de prononcer la suspension, la révocation ou l’exclusion d’un membre. Ce qui n’a jamais été fait ! Monsieur parlait et décidait au nom de l’AG, on en a eu un autre échantillon lors de la dernière AGO, les gens lui étaient acquis superficiellement, par peur ou par intérêt. Il imposait un autoritarisme inacceptable. On peut respecter quelqu’un, apprécier son travail, en être admiratif, mais pas à ce point ! C’est pourquoi je vous disais que la FAF est une sphère où il y a énormément d’intérêts. Les gens ont peur de se frotter, de dire des vérités qui risquent d’être mal prises. On doit aller désormais vers une responsabilité partagée et que la Fédération appartienne de nouveau à tout le monde, de façon ordonnée, où chacun se sentira concerné. Il faut un débat. Après, on peut faire le chemin ensemble.
Peut-on savoir pourquoi vous vous manifestez aujourd’hui, après une si longue absence ?
D’abord, parce que c’était la fin de mandat de Raouraoua. Ensuite, lors de la dernière AGO, j’ai vu sa façon de me traiter, en me citant nommément. Savez-vous pourquoi il a agi de la sorte ?
Dites-le nous…
Je me suis présenté la veille de la dernière AGO pour récupérer les documents et payer mes cotisations. J’ai été bien reçu par le secrétaire (SG) de la FAF, qui m’a expliqué qu’il me remettrait lesdits documents quelques jours plus tard, lorsque quelques fautes de frappe relevées seront corrigées. Je suis ensuite parti aux services des finances pour payer mes cotisations. Je remets un chèque, on me délivre une décharge. Dans l’après-midi, Raouraoua en a été informé. J’ai dit à un copain qui était avec moi : tu vas voir, ça va secouer !
Raouraoua aurait donc eu peur de votre retour…
En vérité, l’affaire remonte à plusieurs années, à l’époque où j’ai assisté à l’AGO de la FAF. J’ai demandé à prendre la parole, monsieur en a été offusqué et m’a empêché de parler. On s’est engueulés. Que je sache, l’assemblé est l’endroit où on s’exprime, sans reproche. Lorsqu’est arrivé le moment du vote pour les bilans moral et financier, j’ai brandi le carton rouge pour dire que je n’approuvais pas. Avec les membres de l’équipe FLN, on était les seuls à s’opposer. Dès ce moment-là, il s’est focalisé sur ma personne. Depuis ce jour-là, je n’ai plus reçu aucune convocation.
Vous avez demandé des explications…
J’ai envoyé un courrier au SG de la FAF demandant instamment de me faire parvenir des preuves que des convocations m’avaient été adressées. Et surtout de me fournir une preuve d’une notification de l’AG décidant ma révocation, dans un PV chronologiquement enregistré. Je sais qu’on ne pourra jamais produire de tels documents pour la simple raison qu’ils n’existent pas. Enfin, je dois dire que si j’ai présenté ma candidature, c’est aussi par défi à Raouraoua ! Je vais lui prouver, si ce n’est pas à la Fédération, ce sera à la FIFA.
Comment voyez-vous la suite ?
J’ai envoyé un courrier à l’honorable Commission électorale pour attirer son attention sur l’obligation de respecter les statuts, notamment l’article 26 qui dit que les élections doivent avoir lieu 60 jours après l’AGO. J’ai aussi souligné l’exclusion illégale dont j’ai fait l’objet, en invitant chaque fois les gens à y remédier. Je lui ai envoyé une autre missive, ce mercredi, pour souligner que le code électoral doit être conforme à celui de la FIFA. Les candidatures doivent être déposées 30 jours avant l’AGE.
Donc, toutes les candidatures ne sont pas recevables, finalement…
Voilà, c’est exactement ça. C’est le président de la FAF qui a fixé les dates, sans tenir compte des statuts, c’est une aberration. Le ministère de la Jeunesse et des Sports se trompe en voulant maintenir les élections au 20 mars.
On rétorque que c’est l’AG souveraine qui l’a décidé…
Jamais de la vie ! Il n’y a pas eu de vote, c’est monsieur Raouraoua qui l’a décidé. Les statuts ne sont pas une propriété privée. Il faut arrêter ça. La FIFA a élaboré des statuts types, ce n’est pas pour sanctionner. En fait, c’est parce qu’elle a l’expérience des gestions des associations nationales, des trafics, ruses et malices. Elle parle d’éthique, de bonne gouvernance, de tout ce qui est omis chez nous. Il faut lire pour comprendre. Dans le code électoral de la FAF, on a ajouté le mot «restriction», un terme négatif qui n’existe nulle part dans les écrits de la FIFA. Il y a enfin une chose qui doit attirer l’attention de tous.
Laquelle ?
L’article 13 des statuts de la FIFA mentionne : «Est considéré comme manquement grave la non application des principes du présent code». La Commission électorale doit en tenir compte parce les conséquences sont stipulées dans un autre article où la FIFA peut intervenir…
Cette commission n’a finalement retenu que la candidature de Kheireddine Zetchi, rejetant donc toutes les autres, dont la vôtre, ajoutant que vous avez 48 heures pour faire recours. Comment comptez-vous réagir à ça ?
Sans avoir pris lecture de ce communiqué, je retiens le rejet de ma candidature. Alors, je vais d’abord demander quelles en sont les raisons juridiques. Ensuite, sur le sujet statutaire, je rappelle encore que l’envoi des candidatures doit avoir lieu 30 jours avant les élections. C’est spécifié dans le code électoral. Qui ose le piétiner ? Quand j’en connaîtrai les raisons précises, je réagirai de la façon qui convient. Entre-temps, j’ai appris que le secrétaire général du MJS était en réunion avec la commission électorale. Je me pose des questions sur l’autonomie de cette commission. Où est son président, M. Baâmeur ? A-t-il adhéré à cette décision ? C’est lamentable !
H. D.