Nous qui suivions depuis plusieurs années les joueurs de notre équipe nationale, on connaissait le joueur Djamel Belmadi. Un grand talent mais aussi une grande personnalité qui a joué qui n’est pas passé inaperçu là où il est passé, notamment dans de très grands clubs français comme l’Olympique de Marseille, mais aussi des équipes européennes à l’image de Manchester City.
Depuis et comme tout le monde le sait Belmadi a choisi de tenter l’expérience au Qatar en tant que joueur avant d’y retourner pour embrasser la carrière d’entraîneur une année après qu’il ait mis terme à sa carrière de footballeur. Depuis et au cours de ces 9 dernières années, le coach national a fait son chemin au Qatar avec notamment plusieurs titres dont deux avec l’équipe nationale du Qatar. Mais malgré toutes ces performances, beaucoup pensait malheureusement il y a à peine quelques mois de cela que le costume d’entraîneur national était un peu plus grand pour Belmadi, surtout ceux qui ne connaissaient pas le joueur qu’il était et l’entraîneur qu’il est devenu. Mais Zetchi et après le fiasco de Rabah Madjer a décidé de faire confiance à l’ancien joueur de l’OM en lui proposant notamment un projet à moyen terme qui l’a tout de suite convaincu.
Tout le monde a eu sa chance, mais seuls ceux qui ont compris sont restés
Depuis Djamel Belmadi ne cesse de travailler. Il suit de très près tous ses joueurs, leurs performances. Il étudie au détail près aussi tous nos adversaires, même s’il ne disposait que de quelques jours pour préparer son team lors des dates FIFA. Il a dans un premier temps donné la chance à toute le monde, les anciens, les nouveaux afin qu’il se fasse lui-même une idée sur les joueurs sur qui il pouvait compter. Et enfin, il a surtout instauré une discipline de fer avec tous ses joueurs. Le moindre écart est payé cash quel que soit le joueur, qu’il joue dans les plus grands clubs au monde, ou en Algérie, le discours est le même pour tout le monde. Après cette qualification et une victoire avec l’art et la manière face au grand Sénégal, un exploit que notre équipe nationale n’avait pas réussi depuis la CAN 1990, à savoir enchaîner deux succès consécutifs, nous avons voulu, nous qui suivons de très près les Verts, les secrets qui ont fait que les Verts soient métamorphosés ici au Caire. D’abord, il y a eu ce discours de Djamel Belmadi : «Celui qui ne se donnera pas à fond en sélection, il ne sera plus convoqué et cela quel que soit son statut et le club dans lequel il joue.» Des propos que le coach national avaient déclarés juste à l’arrivée de l’EN du Bénin après la défaite de Cotonou sur le score d’un but à zéro. C’est pour dire que Belmadi a été clair sur le fait qu’il voulait des joueurs qui avaient encore faim de prouver quelque chose dans cette équipe nationale et qui allaient se donner à fond sur le terrain et mouiller le maillot même dans les pires conditions africaines.
Benlamri, Bennacer, Belaïli, Bounedjah, le sang neuf qui a fait la différence
Et le message avait été perçu 5/5, puisque quelques jours plus tard, les Verts réussissent l’exploit de gagner à Lomé sur le score de 4 buts à 1 avec toutefois une équipe remodelée et l’incorporation de nouveaux joueurs comme Benlamri, Chita et Belaïli et la non-convocation de Nabil Bentaleb et Ishak Belfodil. Avant-hier, en zone mixte, nous avons justement interrogé le coach national sur sa recette quant à la transformation de cette équipe en l’espace de quelques mois avec presque les mêmes joueurs : «Vous êtes sûr que c’est les mêmes joueurs. Non ce ne sont justement pas les mêmes éléments. Il est important de préciser qu’il y a eu beaucoup de nouveaux joueurs dans cette équipe. Ces derniers aiment leur pays et veulent adhérer et faire quelque chose de bien pour l’Algérie. Est-ce qu’ils ont toujours été bien guidés, je ne sais pas. En tout cas nous on essaye d’apporter ce qu’on sait faire et hamdoullah ça se passe bien», nous a-t-il fait savoir… Et de poursuivre : «Benlamri, Belaïli, Bounedjah et Bennacer ont toujours voulu représenter et défendre les couleurs nationales. Ils n’avaient pas eu l’opportunité et là ils ont prouvé de quoi ils sont capables», nous a précisé l’entraîneur national. Des joueurs qui lui ont donné raison sur le terrain lors de cette phase des poules de cette 32e CAN et même lors des matchs qualificatifs.
Plus de pros, plus de locaux !
Des éléments en qui Belmadi a fortement cru contre vents et marées, surtout quand certains disaient : Pourquoi ramener des joueurs qui évoluent au Golfe ou même dans le championnat tunisien ? Un bon mixage donc que Djamel Belmadi a réussi en bannissant aussi l’expression joueurs professionnels et joueurs locaux : « Il y a seulement un joueur algérien qui défend les mêmes couleurs», n’a-t-il cessé de répéter depuis sa prise de fonction. Et on le constate bien dans le groupe lors des séances d’entraînement notamment quand on voit Boudaoui discuter longuement avec Feghouli, ou Slimani avec Bennacer pour ne citer que ces deux exemples. Il faut dire aussi qu’avant pour le jeu d’avant la séance qui consiste à faire des passes à deux touches de balles sans faire tomber le cuir, et si avant on pouvait remarquer deux groupes distincts de joueurs évoluant à l’étranger et un autre de ceux dans notre championnat, et bien Belmadi a innové dans ce sens : il n’y a plus qu’un seul et unique groupe. Les 23 joueurs forment le même et unique cercle y compris le coach national, et tout le monde joue ensemble.
La seule star, c’est l’équipe
Mais il y a aussi un fait très important. Avec Djamel Belmadi, la star c’est l’équipe et pas les joueurs. Cela n’empêche pas que le coach national discute beaucoup avec ses cadres à l’image de Mahrez, Brahimi ou même Feghouli, que ce soit lors des séances d’entraînement ou en dehors. Mais son jeu lui, il n’est pas basé sur tel ou tel élément. Toute l’équipe est concernée, tout le monde doit s’accomplir des mêmes tâches pour le bien de l’équipe. Et là aussi, c’est un vrai bonheur de voir la solidité dont fait preuve le groupe lors de cette CAN. Si avant le jeu de l’équipe consistait à attendre des exploits individuels, et bien ce n’est plus le cas à présent. Le talent est au service de l’équipe et chacun se bat pour l’autre comme nous l’ont fait savoir la majorité des joueurs avant-hier après la rencontre.
Il a su tirer le meilleur de chacun de ses joueurs
Combien de fois au cours de ces trois dernières années, on relevait le fait que les prestations de nos joueurs en équipe nationale n’avaient rien à voir avec leurs performances en sélection. C’était devenu même la grande énigme au vu des qualités des Verts. Mais là aussi, Djamel Belmadi a su résoudre ce mystère, puisque tous nos joueurs ayant effectué de grandes saisons au sein de leurs clubs confirment leur belle forme lors de cette CAN. Encore mieux, même ceux qui n’ont pas beaucoup joué à l’image d’Adlène Guedioura nous régalent pour le plus grand bonheur de tous les algériens.
Une confiance en soi retrouvée chez les Verts qui ne veulent surtout pas s’arrêter en si bon chemin.
Pas d’intermédiaires, c’est lui qui parle avec ses joueurs
L’une des grandes nouveautés aussi au sein de notre équipe nationale, c’est que c’est Djamel Belmadi qui parle en personne à ses joueurs et cela tout au long de la saison. Pas d’intermédiaires pour s’acquérir de leurs nouvelles, ou même les informer d’une non-convocation comme ce fut le cas par exemple avec Yacine Brahimi ou même Islam Slimani lors du dernier stage à Sidi Moussa pour les matchs de la Gambie et de la Tunisie.
Belmadi c’est lui le patron et assume cela en toute circonstance, y compris pour annoncer les mauvaises à ses joueurs. Ces derniers qui acceptent beaucoup mieux la chose quand ils entendent le discours et les explications du coach, ce dernier qui leur précise comme pour tout le reste d’ailleurs que les portes de l’EN seront toujours ouvertes et qu’il s’agit de choix effectués pour lesquels il a ses propres raisons.
Une bonne gestion des crises
Il n’y a pas si longtemps que cela, une simple rumeur suffisait pour déclencher une véritable crise au sein de notre équipe nationale et l’a plongé dans le doute le plus total. Et bien là aussi et depuis l’arrivée de Djamel Belmadi, ça a changé, non parce que les rumeurs n’existent plus, mais tout simplement parce que le coach national sait comment gérer tous ces aléas, et ce, à l’intérieur même de l’équipe ou même au niveau de la communication avec les médias. L’affaire Belkebla qui a valu au joueur une expulsion de l’équipe à la veille de cette CAN a été magnifiquement gérée par Belmadi. D’abord avant de parler au joueur et lui faire part de cette décision, le coach national a discuté avec les cadres de l’équipe. Ensuite il a fait comprendre à Belkebla que la décision ne pouvait être autre que de l’écarter au vu de la gravité de la chose. Une mise à l’écart qui a mis un terme à cette affaire notamment sur les réseaux sociaux et les médias. Pareil pour le départ d’Alexandre Dellal qui est presque passé inaperçu à Doha, tellement Belmadi a su gérer cela avec le reste de son staff et ses joueurs. Une sérénité préservée dans l’équipe qui a valu ce bon début de CAN.
Beaucoup de complicité avec son staff
La réussite actuelle de Djamel Belmadi à la tête de l’EN c’est aussi le choix de son staff technique. Si Alexandre Dellal le préparateur physique a fait le choix de partir, et bien trois hommes continuent à travailler avec le coach national. Il s’agit de Serge Romano, Merouani Amara et Azizi Bouras. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il existe une grande complicité au niveau de son staff. D’ailleurs plusieurs réunions sont programmées par jour entre 4 hommes comme on a pu le voir à Doha ou même ici au Caire. Tous les détails sont minutieusement étudiés. D’ailleurs, hier lorsque le Sénégal décide de procéder à son premier changement, Belmadi se retourne tout de suite et regarde ses adjoints sur le banc pour s’acquérir du nom du joueur rentré afin de donner les consignes à ses joueurs.
C’est pour dire que même si Djamel Belmadi n’est à la tête de cette équipe nationale que depuis 10 moins maintenant, sa réussite actuelle n’est pas due au hasard mais à beaucoup de travail ainsi qu’à sa manière de travailler.
Pourvu que ça dure… et le plus longtemps possible.
- H. A.