Baghdad Bounedjah aura passé une des soirées les plus fortes en émotion de sa carrière. Passant de la joie à la tristesse, des larmes de peur à la délivrance et pleurait de bonheur après une qualification arrachée aux tirs au but face à une solide équipe de la Côte d’Ivoire. L’enfant d’El-Bahia s’en voulait après avoir raté un penalty et est sorti de son match. Il ne doit pas oublier qu’il est l’un des meilleurs attaquants de la planète et le soutien des Algériens prouve que sa combativité sur le terrain ne passe pas inaperçue.
L’attaquant Baghdad Bounedjah voulait tellement bien faire qu’il s’en est voulu à mort lorsqu’il avait raté le penalty face aux Ivoiriens. Le joueur qui se dépense à chaque match cherche toujours à se confirmer comme le nouveau buteur des Verts et cela semble peser sur ses épaules. Bien qu’il soit une valeur sûre, il n’est toujours pas arrivé à s’affirmer à la pointe de l’attaque de l’Algérie, mais contribue tout de même aux réalisations de l’EN dans cette CAN. Auteur d’un seul but sur penalty face au Kenya lors de la première rencontre de la compétition, il n’a pas trouvé par la suite le chemin des filets même s’il a été par deux fois passeur décisif lors des quatre rencontres qui ont suivi. A la recherche du but qui va le délivrer, cela a fini par peser sur son mental au point de craquer après avoir loupé son tir au but en début de seconde période face à la Côte d’Ivoire. En larmes, Baghdad a tout de même essayé en offrant de bons ballons à Belaïli et autres Mahrez. Au fil des minutes, il semblait perdre sa concentration jusqu’à ce qu’il cède sa place à l’autre centre-avant des Verts, à savoir Slimani. Se portant la responsabilité du retour de l’adversaire, il faut croire que beaucoup de choses se passaient dans la tête du joueur qui n’arrivait plus à maîtriser ses émotions. Minute après minute, Bounedjah a perdu toute lucidité, ce qui avait poussé ses camarades à lui apporter leur soutien. Fort heureusement pour lui, l’Algérie s’est qualifiée pour les demi-finales au bout d’une séance qui a tenu en haleine plus de 43 millions d’Algériens, si c’était le contraire, le joueur d’Al- Sadd se serait tenu pour responsable d’une élimination et ne se le sera probablement jamais pardonné mais le peuple lui pardonnera vu les efforts qu’il fournit et sa débauche d’énergie sur le terrain que personne ne peut nier.
Le peuple lui pardonne
Agé de 27ans, l’ex-attaquant de l’USMH est à sa 27e sélection seulement et à 11 buts inscrits à son actif. Une performance remarquable quand même surtout quand on sait que des joueurs qui ont le double de participation avec les Verts n’ont pas fait mieux en termes de buts inscrits. Des paramètres que n’ont pas omis les Algériens qui, même s’ils lui en voulaient un peu, lui ont totalement pardonné. Ils auraient souhaité eux aussi qu’il marque ce penalty et même d’autres buts. Sa générosité sur le terrain, sa rage de vaincre et son aide à ses coéquipiers lui ont fait gagner l’estime de tout un peuple et le fait qu’il ait craqué sur le banc ou même dans les dernières minutes de la rencontre ne fait qu’augmenter l’estime des supporters à son égard. Que ce soit dans toutes les villes d’Algérie, tout le monde le soutient et la meilleure preuve est dans des images des supporters venus devant l’hôtel des Verts spécialement pour soutenir moralement Bounedjah qui a sûrement encore beaucoup à donner à la sélection nationale.
Travail mental
Désormais, il faut vite oublier cet épisode et ce but que n’est pas parvenu à marquer Bounedjah. Le joueur ne doit pas perdre confiance car il reste un attaquant de gros calibre et n’importe quel défenseur qui l’affronte sait à quel point il est difficile de maîtriser un joueur aussi doué techniquement que physiquement. Un travail mental s’impose pour qu’il reste concentré pour les demi-finales et qu’il puisse cette fois secouer les filets adverses face au Nigeria. Il doit d’abord assumer son nouveau costume de buteur des Verts, lui qui a réussi à mettre un joueur comme Slimani sur le banc et ne pas laisser de chance à Delort pour faire partie du onze de départ. Belmadi, qui communique merveilleusement avec ses joueurs et sait tirer le meilleur de chacun d’eux, va maintenant se focaliser sur l’état mental de son attaquant afin qu’il garde confiance surtout que l’Algérie attend beaucoup de lui pour remporter le sacre.
Un joueur de caractère
Même s’il a montré une certaine fragilité lors du quart de finale de la CAN, Bounedjah reste un joueur qui a du caractère. L’enjeu et la pression et le désir de marquer lui ont joué un mauvais tour, mais c’est le gars à se relever après une chute. Il l’a démontré à maintes reprises par le passé et c’est un véritable homme de défis. On se souvent qu’en 2012, lorsqu’il portait encore les couleurs de l’USMH, il ratait des occasions toutes faites. A l’époque, son équipe jouait le meilleur football mais la finition manquait à cause des ratages de Bounedjah. Cela avait même provoqué la colère des supporters pendant que son entraîneur de l’époque, Boualem Charef, continuait tout de même à lui faire confiance et le faire jour tous les matches. Dans une interview que le coach nous avait accordée à l’époque, il nous avait déclaré qu’il lui faisait confiance malgré son inefficacité et cela à fini par payer puisque cette année-là, Baghdad faisait partie des meilleurs buteurs du championnat. Aussi, une fois, au stade de Mohammadia, il était victime d’insultes de la part des supporters qui étaient agacés de le voir rater des occasions toutes faites, mais la réponse de Bounedjah a ces dernier nous est restée gravée dans notre mémoire. «Je n’ai que 21ans, j’apprends encore et je finirai par mettre au fond toutes ces occasions que je rate», avait-il lancé à la galerie harrachie. Il n’avait pas tort, puisque match après match, il améliorait son efficacité et trouvait de plus en plus le chemin des filets. Cela lui a permis d’embrasser une toute nouvelle carrière en Tunisie où il est sorti meilleur buteur dès sa première saison et devenir aujourd’hui l’un des meilleurs baroudeurs de la planète avec des chiffres hallucinants avec Al- Sadd. Etre émotif quand il s’agit de l’Algérie ne signifie en rien que le joueur est faible de caractère. Bien au contraire, c’est sa grande envie de procurer de la joie au peuple qui lui a mis tellement la pression qu’il a fini par laisser paraitre sa déception de ne pas avoir été ce tueur qu’il a été avec tous les clubs avec lesquels il a joué. Aujourd’hui, il doit se rappeler de ses chutes du passé et la manière avec laquelle il a toujours su se relever pour revenir fort et faire le nécessaire dans les demi-finales et la finale si jamais l’EN l’atteint.
Comment Belmadi gérera-t-il son cas ?
Remplacé à moins d’un quart d’heure de la fin de la rencontre face à la Côte D’Ivoire, Bounedjah a laissé paraître des signes de fragilité et était quelque peu sorti du match, notamment après l’égalisation des Ivoiriens. S’agit-il d’un changement qui va se reproduire dans le onze de départ pour le prochain match ? Le coach ne voudra certainement pas faire perdre davantage confiance à son poulain d’autant plus qu’il appréciait déjà son niveau dans le championnat qatari. Tout dépendra de l’état psychologique du joueur et le constat qui sera fait par le staff technique par rapport aux résultats que donneront les discussions avec le joueur. Si Bounedjah qui était titulaire indiscutable jusque-là est relégué sur le banc, quelles répercussions cela pourrait avoir sur son mental ? Pourra-t-il s’en relever ? Toutes ces questions taraudent l’esprit de Belmadi, qui ne veut en aucun cas briser son joueur et pourrait lui renouveler sa confiance et même lui donner la responsabilité de tirer un nouveau penalty si jamais l’EN en obtient un. Cela montera que le coach lui fait confiance, mais aussi aidera le joueur à assumer son rôle, tout comme l’a fait Mané avec le Sénégal après avoir raté deux penalties. Il a continué à être le patron de son équipe et le Sénégal est aujourd’hui toujours en course pour le trophée. Donc, pourquoi Bounedjah devrait payer juste parce qu’il a raté un pénalty ?
Il promet de se racheter face au Nigeria
Que ce soit dans ses déclarations en fin de match ou sur son compte officiel, Baghdad Bounedjah, qui était très touché par l’élan de solidarité de tout un peuple, a fini par retrouver le sourire. Des scènes de liesse des supporters qui ont scandé son nom montrent à quel point il est aimé. Cela l’a galvanisé et motivé à être meilleur à l’avenir. S’il a perdu le fil dans un match très difficile face aux Eléphants, il promet de se rattraper contre les Super Eagles et cette fois trouver le chemin des filets qui ne feront que le mettre en confiance pour emmener l’Algérie en finale et essayer de frapper une nouvelle fois et confirmer de ce fait son statut de titulaire et nouveau buteur des Verts, c’est tout le mal qu’on lui souhaite à notre terreur des défenses.
- H.