Youssef Belaïli passe par des moments qui resteront gravés dans sa mémoire pendant toute sa vie. Tout fraîchement sacré avec l’EN champion d’Afrique, après avoir gagné des titres avec l’Espérance de Tunis, Belaïli est passé du statut d’un bon joueur à celui d’une star internationale, lui qui fait partie de l’équipe-type de la CAN 2019 sélectionnée par le très sérieux magazine France-Football.
Dire que personne ne s’attendait à ce qu’il rebondisse après ses déboires du passé, embourbé dans la spirale infernale, il y a quelques années, surtout après sa suspension de quatre ans, réduite à moitié après un recours introduit auprès du Tribunal sportif de Lausanne, mais il savait au fond de lui que si une nouvelle chance lui sera accordée il l’a saisira à pleines dents et c’est son ami Antar-Yahia qui l’a eu comme coéquipier à l’Espérance de Tunis en 2013 qui encouragera Angers et son président Saïd Chaâbane à le recruter, toutefois l’expérience en France ne sera pas concluante, car impatient de rejouer, Belaïli prenant son mal en patience, vu que l’entraîneur angevin ne comptait pas sur lui, les Tunisois qui ne l’ont jamais perdu de vue l’ont relancé pour revenir à l’Espérance, Belaïli et son père, par qui toutes les décisions passent, depuis qu’il a embrassé une carrière de footballeur, ont exercé une grosse pression pour être libéré du contrat qui le liait au SCO Angers, Saïd Chaâbane en lui signant son bon de sortie. Remis sur selle par le vieux club tunisois, Belaïli retrouvera progressivement son niveau, cela n’a pas échappé à Djamel Belmadi qui l’a rappelé en sélection nationale, l’enfant d’Oran lui renvoie l’ascenseur en accomplissant une grande CAN égyptienne. Belaïli n’a pas seulement ajouté une ligne dans son riche palmarès en clubs, il a conquis le cœur de tous les Algériens mais il a surtout relevé le défi de rejouer au haut niveau, ce qui est un vrai miracle par rapport à ce qu’il a vécu par le passé. A 28 ans, il arrive à un âge d’or pour tout joueur de talent, à lui donc de saisir les bonnes opportunités qui se présenteront à lui certainement cet été.
- S.
Son avenir sportif
Intérêt de l’OM et du Bétis
La CAN étant un évènement planétaire, à l’instar de tous les joueurs algériens qui suscitent l’intérêt de clubs de différents championnats, Youssef Belaïli est dans le collimateur de plusieurs équipes du vieux continent, néanmoins d’après un membre de son proche entourage, «il reçoit de nombreux appels d’agents qui lui proposent des clubs, Youssef n’a toutefois négocié à ce jour avec aucun club, il vient tout juste de rentrer à Oran et n’a pas eu de répit depuis, d’ici la fin de semaine, il va se pencher sur ses contacts, en passant aux choses sérieuses». Toujours est-il que, selon notre interlocuteur, «il privilégie, indiquera-t-il, un transfert en Europe». D’après des indiscrétions, deux clubs seraient fortement intéressés par ses services, il y a d’abord le club espagnol du Bétis de Séville qui vient d’engager en début de semaine Nabil Fekir ; autre piste sérieuse, c’est l’Olympique de Marseille. En effet, le club phocéen, qui ciblerait son complice en attaque de l’EN Baghdad Bounedjah dont le nom a été mis sur la liste proposée par la cellule de recrutement à l’entraîneur portugais Villas Boa, aurait également coché le nom d’Youssef Belaïli. Un agent qui travaille pour le club marseillais harcèlerait Belaïli depuis son retour pour qu’il lui signe un mandatement afin de passer aux négociations avec les dirigeants de l’OM, notre international qui ne sait où donner de la tête préfère temporiser quelques jours, malgré que les agents qui l’ont appelé lui ont recommandé de faire un peu vite, sous peine de perdre toutes ces opportunités.
Il sera libre dans 5 mois…
Depuis que son nom anime les gazettes des transferts, on ne spécule pas uniquement sur sa future destination, en effet ça parle aussi du montant de l’indemnité de transfert que fixera l’EST au club désireux de s’attacher ses précieux services, une somme de 30 millions d’euros a été même avancée, si elle est confirmée, cela dissuaderait les clubs intéressés par ses services, cela dit la direction de l’Espérance de Tunis peut-elle se montrer gourmande, jusqu’à faire capoter son transfert en Europe, sachant que le contrat de Belaïli expire le mois de décembre prochain et qu’à partir du 1er janvier 2020, Belaïli sera libre.
… Il ne veut pas rater cette opportunité
Un autre joueur pourrait patienter jusqu’à la fin d’année et négocier un juteux contrat avec un autre club, en encaissant une indemnité de transfert en sus, or malgré qu’il est lié avec l’EST, Youssef Belaïli qui ne veut pas rater cette opportunité de signer en Europe aurait fait passer le message à la direction du club tunisois, qu’il ne veut absolument pas rester dans son club, pourvu qu’on lui facilite son transfert en réclamant une indemnité qui corresponde à la véritable valeur marchande de l’international algérien.
- S.
Il a déjeuné avec le wali en compagnie de Bounedjah
Après les avoir honorés la veille dans une réception grandiose, M. Mouloud Chérifi le wali d’Oran a invité les deux champions d’Afrique à un déjeuner hier, une invitation bien entendu que ces derniers ont honorée.
Il y a 5 ans, Belaïli lançait ce défi à Gourcuff via Compétition
«Donnez-moi 20 minutes. Si je ne donne pas satisfaction, je fermerai ma gueule à jamais»
Lors d’une interview réalisée dans sa demeure à Saïd Hamdine le 9 février 2015, Youcef Belaïli, qui n’a jusque-là jamais été sélectionné en senior alors qu’il était au summum de sa forme, était tellement frustré qu’il avait choisi de lancer un défit à Christian Gourcuff, alors sélectionneur national de lui accorder 20 minutes et s’il ne donnait pas satisfaction, il se tairait à jamais. «Donnez-moi 20 minutes, si je ne donne pas satisfaction, je fermerai ma gueule à jamais», dira-t-il. En voici les meilleurs passages de cette interview.
Le débat aujourd’hui est autour du joueur local et sa capacité à jouer en sélection. Vous êtes un produit 100% algérien que beaucoup présentent comme le futur Belloumi. Vous croyez que vous avez une place au milieu des Feghouli, Brahimi, Mahrez, Soudani…
Très modestement, oui. Je connais mes qualités et je sais que je peux jouer en sélection.
Si vous pouviez dire une chose à Gourcuff, ce serait quoi ?
J’ai déjà parlé avec le sélectionneur. Je crois que je lui plais. Mais si je veux lui dire une chose, ce sera celle-ci : Donnez-moi 20 minutes. Pas une mi-temps, pas un match, pas plusieurs chances… Juste 20 minutes. Si je ne donne pas satisfaction, je fermerai ma gueule à jamais. Je ne parlerai plus de la sélection.
C’est un grand défi, vous pourrez perdre…
Je connais mes qualités. J’ai 22 ans, bientôt 23, je n’ai jamais été sélectionné avec l’équipe première. Beaucoup de joueurs, moins bons que moi, ont eu leur chance, pourquoi pas moi ?
Vous parlez sûrement de l’année où vous aviez brillé en Champions League avec l’Espérance…
Cette année-là (il s’énerve), je ne comprenais absolument rien. Je ne savais plus quoi faire pour être sélectionné. Les Tunisiens me posaient souvent la question, mais je ne savais pas quoi répondre.
Le tournoi de Doha approche, vous espérez y prendre part…
(Il se tait un moment, lance un grand soupir, puis répond). Vous savez, à chaque stage, je revis la même situation. Je me dis, cette fois c’est la bonne, j’ai enchaîné plusieurs bonnes performances… Et à la fin, c’est la même déception. Je ne sais plus quoi penser. J’ai espoir qu’avec Gourcuff les choses vont s’améliorer pour moi, ce pourquoi je vous dirais que je garde espoir. Si on me prend et si on me donne ma chance, je ferai en sorte de la saisir, sinon, je suis dans mon club et je laisse les gens me juger et faire les lectures qu’ils veulent.
On a commencé l’interview en rigolant, là, ça ne rigole plus…
J’ai tout dans la vie. Une famille, une maison, des voitures, je joue dans un bon club, je fais le métier que j’aime…Mais je suis triste. Jouer pour la sélection de son pays est la chose la plus importante pour un joueur. Tant que je n’ai pas eu cet honneur, je me dis que je n’ai rien réussi, que je suis passé à côté, que je n’ai peut-être pas bien fait les choses. Cette frustration dure depuis 3 ans. J’espère qu’elle s’arrêtera bientôt. C’est un sujet très sérieux sur lequel je ne peux pas rigoler.
Peut-être qu’il faut aller en Europe pour espérer jouer en élection…
Belkalem et Slimani n’ont pas eu besoin de ça pour être sélectionnés. Je crois même qu’ils ont décroché des contrats grâce à la sélection. Mais s’il faut aller en Europe pour jouer en équipe nationale, alors j’irai jouer en Europe.
Il faudra aussi peut-être faire la une des journaux dans un sens positif, et non à cause des absences…
Je crois qu’on a déjà parlé de ça. En parlant de la presse, et puisque vous me dites ce que je dois faire et ce que je ne dois pas faire, je vais me permettre de vous faire une remarque (il rit).
Bien sûr, allez-y…
Je crois que vous avez un grand rôle à jouer dans cette histoire. Il faut promouvoir le joueur local. Quand quelqu’un mérite d’être sélectionné, il faudra le dire, pas en page 18 ou 19, mais en page une.
Mais on le fait…
Ce n’est pas assez…En revenant à ce que vous dites sur l’image que les gens ont ou peuvent avoir de moi, je dirais que ce n’est pas parce que je suis «Oranais» que je suis un gars festif. Vous m’aviez posé une question en début de l’interview concernant l’adaptation des joueurs oranais à Alger. Je crois que ma réponse répond à celle-ci aussi. Je suis un joueur professionnel. Je m’entraîne très sérieusement. J’ai une bonne hygiène de vie. Je fais ma sieste, je contrôle ce que je mange, je ne fume pas, je ne chique pas, et bien sûr je ne bois pas. Que les gens arrêtent de juger les autres sans les connaître. Si vous m’aviez demandé quelle est la chose que vous détestez le plus, je dirais les préjugés.