Belmadi : «J’ai des mecs super intelligents»

Il s’était muré dans un long silence. Il est vrai que le sélectionneur national ne s’exprimait que lors des rassemblements de l’équipe nationale. Après la publication, la semaine dernière, d’une longue interview sur le site officiel de la FAF, Djamel Belmadi en a donné une autre au quotidien sportif L’Equipe.

 

«Le Togo, c’est ma 1re référence»

Pour Djamel Belmadi, l’onde de choc s’est produite lorsque la sélection nationale est allée battre le Togo (1-4) sur ses terres dans les éliminatoires de la CAN 2019. «Cela faisait trois ans qu’on n’avait pas gagné à l’extérieur. Je récupère une équipe en plein doute. Je dis aux joueurs qu’on va aller en Egypte pour gagner la CAN. Mais comment, si on n’est pas capables de le réussir au Togo ? Et là, on sort une grosse partie. Ça bascule. Je mets en place le 4-3-3 avec une sentinelle, je mets en place Belaïli, Benlamri et Mahrez prend le brassard. On a une grosse discussion avant ce match. Je le mets devant ses responsabilités car j’ai envie de le voir réussir en sélection, il a un tel talent… Il met deux buts. C’est la mise en place d’un collectif avec une philosophie, des valeurs, un état d’esprit. Je sens que tout est possible. On a transporté ça en Egypte avec l’avènement de certains comme Bennacer, Bounedjah… Le Togo, c’est ma première référence.»

 

«Je ne suis pas un père fouettard…»

En l’espace de quelques mois, Djamel Belmadi a su mettre de l’ordre dans la maison, l’un des facteurs importants qui lui a permis de garder le contrôle du groupe est la discipline. Au stage de Doha, avant la CAN, Mahrez en a fait les frais en demandant au chauffeur du bus de partir au stade alors que Mahrez n’avait pas encore rejoint ses camarades. «Non, je ne suis pas un père fouettard, mais je mets un cadre et avec le capitaine, il y a une notion d’exemplarité. Je dis au chauffeur de partir. Les joueurs me disent : ‘‘Il (Riyad) arrive !’’  Les gars sont solidaires. Mais on part quand même. Mais je n’ai jamais à faire la police. J’ai des mecs super intelligents, éduqués. C’est un groupe extraordinaire. Avec certains, on a fait deux mois. C’est long. On vit les uns sur les autres, avec la frustration, du stress, les règles d’un groupe de sportifs de haut niveau. Ce n’est pas toujours la joie. Et là, tout vient des joueurs qui ont créé cet esprit de famille.

 

«Brahimi s’est comporté comme un grand monsieur»

Quand on est sélectionneur, parfois on est obligé de faire des choix douloureux, c’était le cas avec Yacine Brahimi qui s’est retrouvé sur le banc. Même si j’étais tranquille par rapport à mes choix, Yacine Brahimi, je voyais une telle grandeur chez lui que j’en avais presque une forme de gêne quand on se croisait. Un jour, j’ai provoqué une discussion, il m’a avoué que c’était dur, mais il a bossé comme un malade et a compris que Youssef (Belaïli) méritait de jouer, il a ajouté : ‘‘Dis-toi que je suis prêt.’’ C’est cet état  d’esprit qui nous a fait gagner. Yacine a envoyé un signal fort à tout le monde. S’il est sur le banc et qu’il se comporte comme un grand monsieur, qui va l’ouvrir ? Et je dirais exactement la même chose pour Slimani. Il fallait voir les conseils que ces deux hommes donnaient à ceux qui jouaient. Je ne venais pas en sélection pour contenter certains, mais pour l’intérêt du pays. Et les joueurs ont compris cet intérêt collectif. Moi j’étais remplaçant, jeune à l’OM de Pirès, Dugarry. Et je n’allais pas dire au coach pourquoi je ne joue pas. Parfois des réalités s’imposent, même si c’est dur à accepter.» Ensuite, Djamel Belmadi expliquera que l’idée de faire connaitre l’histoire de la glorieuse équipe du FLN en invitant ses joueurs avant d’entamer la CAN à regarder un documentaire retraçant l’histoire formidable écrite par les Mekhloufi, Zitouni, Bentifour et leurs glorieux camarades, faisait partie du travail psychologique. «Avant même de commencer à parler système, ils doivent comprendre qui ils sont».

 

«Dès que je suis à Paris, je ne paie plus rien»

Grand architecte du sacre continental, Djamel Belmadi est désormais la grande icône des Algériens qui sont reconnaissants envers cet homme pour tout ce qu’il continue à leur apporter comme joie. Dès que je suis à Paris (il vit à Doha), je ne paie plus rien ! Je prends un taxi avec la famille et il veut faire visiter toute la ville pendant une journée ; au resto, c’est pareil. On a vu cet impact à Lille contre la Colombie (victoire 3-0 de l’EN le 15 octobre 2019). C’était incroyable ! En 48h, il n’y avait plus de places. Et au  pays… Plus de sept millions de gens nous ont accueillis dans les rues d’Alger. Quand les joueurs racontent leurs souvenirs de la CAN, ils évoquent en majorité ça d’abord, pas les matches, heureusement qu’on a gagné.»

 

«Le match France-Algérie de 2001 fut un traumatisme»

Le match amical entre les Bleus et l’EN disputé en automne 2001, qui n’est pas allé à son terme suite à un envahissement de terrain des supporters algériens, demeure un triste souvenir pour Djamel Belmadi, auteur d’un somptueux coup franc, ce soir-là, qui secoua les filets de Fabien Barthez. A la question de savoir s’il rêvait d’une nouvelle rencontre entre les deux sélections, Belmadi répondra : «Ce serait mentir de dire ça, car je n’ai pas aimé ce qui s’est passé… Ce fut un petit traumatisme. En fait, au-delà du symbole, j’aimerais jouer contre les Français car ils sont champions du monde, dans cette envie de me frotter aux meilleurs pour progresser.» Evoquant les futures échéances qui attendent l’EN avec en ligne de mire un ticket qualificatif à la Coupe du monde 2022 qui se déroulera au Qatar, Belmadi réitère son ambition de faire un bon tournoi. «A condition, prévient-il, de se qualifier au tournoi final. Après, il faudra croire à l’impossible. Avoir de l’ambition. Vivre une Coupe du monde dans le pays où je suis né comme entraineur, j’y vois un signe du destin…»

 

«Zidane est un très grand entraîneur. C’est une forme de génie, même s’il n’a pas révolutionné tactiquement le jeu» Immense passionné de football, Belmadi regarde beaucoup de matches. «Je regarde des matches depuis toujours, même joueur, mais sous un angle professionnel. Voir un match entre potes, autour de chips, ce n’est pas mon truc. Je suis dans le silence et j’analyse. C’est mon plaisir.» Dans cet entretien, Djamel Belmadi racontera comment il s’est converti au métier d’entraineur. «Au début, j’étais à Valenciennes (2007/2009) et j’aidais Al Duhail en ramenant du personnel dans le staff. Quant ils sont montés en D1, les dirigeants (les mêmes que ceux du PSG) m’ont poussé à prendre le poste. Mais rien n’était prévu. Je venais même passer pour eux un entretien à Eric Gerets ! Ensuite, on m’a rapporté qu’à mon âge, j’étais le plus titré du Golfe. La saison d’après a été la plus aboutie de l’histoire du pays (2017-2018 avec Al Duhail), on a gagné tous les titres domestiques, tous nos matches de C1 (8 sur 8). On a fait 39 matches, 37 victoires et 2 nuls. On marchait sur l’eau. Ça m’a donné de la confiance et je me suis dit : je suis prêt pour l’Algérie. Après une victoire contre l’Algérie alors que j’entrainais le Qatar en 2015 (1-0), j’avais déclaré que le jour où je viendrais, ce ne sera pas pour être un entraineur de plus, mais pour gagner la CAN.» Des propos prémonitoires puisque quatre ans après, Djamel Belmadi a tenu sa promesse en remportant le trophée africain. Belmadi ne pense pas toutefois avoir un modèle comme entraineur : «Non, pas vraiment. Je vais regarder Guardiola, Klopp, Zidane… On ne réalise pas à quel point Zidane est un très grand entraineur. Si Mourinho ou Guardiola gagnent trois C1, on crie au génie, Zidane, c’est une forme de génie, même s’il n’a pas révolutionné tactiquement le jeu. Mais on parle parfois de la philosophie chez certains qui n’ont rien gagné. A un moment, on veut quoi ? On est jugés sur la victoire ou sur la super philosophie ? Quand on bosse pour un club ou une équipe nationale, ce que les gens attendent, c’est que tu gagnes !»

  1. S.

 

Une petite demi-heure pour Ghoulam

N’ayant pas joué la moindre minute depuis quelques semaines, Faouzi Ghoulam est entré mardi soir à la 65’ à la place de Mario Rui, dans le match opposant Naples à l’Inter Milan sur le terrain de ce dernier. La partie s’est achevée par un succès des Milanais (2-0). Annoncé sur le départ, Faouzi Ghoulam attend des offres concrètes pour rebondir dans une autre équipe.

 

Hamache sera prêté à un club portugais

Coéquipier de Boudaoui et Atal à Nice, Yanis Hamache, qui a joué tous les matches de préparation, cet été, avec l’OGCN après son retour de prêt du Red Star, sera transféré définitivement en rejoignant Boavista (L1 portugaise). D’après Maxi-foot, Hamache va signer un contrat d’une durée de trois années avec le club lusitanien, qui ne payera pas d’indemnité de transfert à l’OGCN, qui empochera en cas de revente une indemnité, prévoit-on dans la transaction entre les deux clubs.

 

Les supporters d’Aston Villa poussent pour Benrahma

C’était prévisible, après que leur équipe eut assuré son maintien en Premier League, les supporters d’Aston Villa allaient monter au créneau pour exiger le recrutement de Saïd Benrahma, alors que la direction du club n’a pas formulé une offre à Brentford pour racheter son contrat. Il est utile de rappeler que le vainqueur de la coupe d’Europe des clubs champions en 1982 avait vainement tenté de recruter Saïd Benrahma à l’été 2019 et était même revenu à la charge, l’hiver dernier, toujours sans succès.

 

            

 

 

 

 

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