L’entraîneur des gardiens de la sélection U17 revient sur le sacre des U17 en coupe arabe, il nous raconte les débuts du gardien Hamache venu droit du Canada, il décortique son jeu et nous explique le secret de sa montée en puissance qui lui a permis de devenir le gardien numéro 1.
Avec du recul, comment évaluez-vous la participation algérienne à la coupe arabe ?
Avant de débuter ce tournoi, on n’avait que 6 mois de travail, donc ce n’était pas évident d’atteindre ce stade et de triompher, on a joué de très grandes équipes, l’Arabie saoudite, le Soudan, donc c’était dans l’ensemble très positif. Sur le plan défensif, Remane a trouvé sa gamme, mais au milieu et en attaque il cherche encore. Si vous l’avez remarqué, il y a eu une stabilité en défense pendant le tournoi, mais au milieu il changeait constamment, ce n’est pas mon rôle à moi, mais je pense qu’il y a encore du travail.
Avant le début du tournoi, le staff avait des craintes, avez-vous imaginé que vous aviez des chances d’aller au bout ?
Je sais que le coach comptait sur certains joueurs binationaux, ils sont 3 ou 4, un Diallo, Steeve Kango ou encore Zeghadi et Delaveau, ce sont de très bons joueurs qui pouvaient nous aider, et à la dernière minute ils se sont absentés, sachant que leur profil est introuvable chez nous, mais ces soucis nous ont poussés à trouver des solutions.
Avant cette coupe arabe, il y a eu le tournoi de l’UNAF, reconnaissez qu’il vous a fait douter…
Croyez-moi, ça ne nous a pas fait douter. Allez revoir le match contre l’Egypte, on a perdu 1-0 mais ce match on devait le gagner, c’était notre meilleur match, il y avait de l’intensité dans le jeu, de la qualité, tout, les gens étaient un peu durs avec nous lorsqu’on a perdu contre le Tunisie, pourtant on était en train d’observer.
Peut-on donc dire que ce tournoi vous a appris des choses ?
Effectivement, mais il y avait du positif, d’ailleurs on a gardé environs 50% de l’effectif, ceci dit on a appris qu’on avait des carences offensives, on a axé notre travail sur ça. A l’issue dudit tournoi, on avait des acquis, comme le gardien Hamadi, une bonne défense, Kahlouchi est excellent, sauf que dans l’animation offensive et en attaque, il y avait des carences, c’est pour cela qu’on a renforcé ces postes.
Ce tournoi a permis l’exposition de plusieurs joueurs, parmi eux un gardien, Mastias Hamache, racontez-nous son arrivée et comment il est vite devenu le numéro 1…
Il faut savoir que j’avais des gardiens de but, celui du LOSC Samy Merzouk, mes gardiens de l’académie, mais je cherchais encore un profil bien précis, je l’ai trouvé chez Tarek Hamadi (de l’académie de SBA). Il est explosif, il gère en profondeur, il est agile, il a un bon placement, il a toutes les qualités, mais il me fallait 3 bons gardiens de but pour prévenir les blessures et corona…etc., quand j’ai vu Samy Merzouk aux entraînements j’ai vite vu qu’il avait une bonne base, mais quand on a joué un match, j’ai remarqué qu’il était loin, il revenait d’une blessure, mais il me fallait des portiers prêts, je ne peux pas attendre, car il s’agit d’une compétition, c’est là que Krebaza Abdenour (ex-USMB) etabli au Canada) m’a appelé, il m’a dit qu’il y avait un bon gardien au Canada. Dans un premier temps j’ai pensé au décalage horaire qui pouvait le perturber, il a fini par venir, et dès le premier entraînement j’ai vu un gardien qui maîtrise son sujet, il comprend très vite les consignes, il a une bonne base, à ce moment-là il n’était pas encore numéro 1, arrive alors le match amical contre les Comores, Hamadi était trop excité, et Mastias en a profité pour gagner des points, il vivait le match, c’est là qu’on a tranché en sa faveur.
Vous avez un bon gardien en U17, vous avez aussi travaillé avec Boulhendi chez les U20, avec tout ce beau monde pensez-vous que la succession de Mbolhi peut être assurée ?
Tout dépend du profil recherché par Bouras (NDLR, entraîneur des gardiens de la sélection). Moi, par exemple, j’aime un gardien qui joue haut, qui gère la profondeur, un gardien discret comme Lioris, qui ne sort pas beaucoup et qui se manifeste lorsque j’aurai besoin de lui, vous avez tous vu le match Maroc-Egypte en coupe arabe, le gardien égyptien était bon, et le jour J ils ne l’ont pas trouvé, donc voilà tout depend de leur entraîneur et la façon avec laquelle il joue, je vais vous donner un autre exemple.
Oui, allez-y…
Je me souviens quand Gourcuff était chez les A, moi j’étais avec Schurmann en U23, j’ai eu une discussion avec Mickael Boly (coach des gardiens des A de l’époque), il m’a expliqué que le gardien de l’EN participait au 4-4-2 de Gourcuff, il était impliqué dans le système de jeu, à Cioty aussi actuellement, il y a des transitions assurées par le gardien, voilà pourquoi je dis que ça depend des choix des entraîneurs.
Ces jeunes gardiens qui montent, les voyez-vous rester dans leurs formations actuelles respectives pour terminer leur cursus ou pensez-vous qu’ils peuvent aller dans des clubs pour devenir pros ?
La stabilité leur fera du bien, après chacun sa carrière, un Hamache vit au Canada, il a une vie, est-ce qu’il peut s’adapter ailleurs à cet âge-là ? En tout cas chez nous, en 4 jours, il s’est adapté, c’est quelqu’un qui s’adapte, il a quelque chose que nos jeunes ici n’ont pas, il a tracé ses objectifs, il a déjà tracé des priorités dans sa tête.
Vous avez travaillé avec Remane et vous avez eu l’occasion de voir sa méthode, peut-on dire que c’est lui l’architecte de ce succès ?
Pour moi, ce sont les joueurs et le coach, Rezki ne dort pas, il dort 2h seulement la nuit, les gens ne voyaient pas les difficultés qu’on avait à combler les absences et les carences, je me souviens du match contre l’Egypte lors du tournoi de l’UNAF, on allait jouer avec un schéma, une fois à l’échauffement il a repéré certains joueurs chez les adversaires, il a décidé de tout changer, autrement dit, tout ce qu’il fait est étudié, certains ont critiqué notre jeu contre le Soudan, ils ne savent pas qu’on a affronté des éléments qui ont des gabarits de seniors, on ne pouvait pas ouvrir le jeu.
La prochaine étape, c’est la CAN, la compétition aura lieu en fin de saison, l’Algérie sera-t-elle plus forte ?
Oui, je pense, car en gagnant cette coupe arabe, on a ouvert une porte, les gens croient en nous, et ce succès donnera envie aux joueurs de venir, la FAF a mis les moyens, donc ça ne sera que positif.
Je vous dis cela, car en mai les championnats de jeunes seront terminés, rien ne pourra les retenir…
Oui, exact, on doit planifier dès maintenant, il faut avoir une idée sur les éléments qui seront disponibles.
L’UNAF a sanctionné l’EN, ça ne vous a pas surpris…
En tant qu’éducateur, j’ai tout fait pour éviter ces affrontements, je peux vous affirmer que nos joueurs sont disciplinés, ils ont été provoqués, quant aux sanctions, je préfère laisser cela à la FAF, ses responsables sont mieux placés pour juger cela.
Sur le plan personnel, après une aventure au MCA, vous semblez à l’aise en sélection, avez-vous décidé de ne plus travailler en club ?
Vous savez, je suis quelqu’un qui a subi beaucoup d’injustice dans ce monde du football, Dieu merci le football ce n’est pas mon gagne-pain, mais ça reste une passion, je suis resté une année sans coacher, malgré plusieurs contacts reçus, avant de recevoir cette proposition de travailler avec les U17, je me suis engagé, et j’ai reçu une offre alléchante d’un grand club dont je tairai le nom, mais j’avais donné ma parole à Remane, je ne voulais pas laisser tomber cette équipe, et la suite m’a donné raison, je suis content de ce plus, après, pour l’avenir, tout est possible.
S.M.A.