Validé lors d’une réunion du Bureau fédéral tenue le 25 décembre dernier, ce n’est que ce lundi que Farid Benstifi a entamé sa mission avec l’équipe nationale des filles.
Dans un entretien accordé à la chaîne FAF TV, il a dévoilé les grands axes de sa mission : « Après de longues discussions, j’ai été recruté par le président de la FAF. C’est quelque chose d’important, voire un honneur pour moi d’être sélectionneur de l’équipe d’Algérie féminine. L’objectif, c’est de travailler avec les sélections nationales féminines, à savoir les A, les U20 et U17, voire les catégories U14 et U15 et puis sur le développement du football féminin avec quelques actions qu’on devrait organiser avec le DTN Mustapha Biskri et Zoheir Djelloul. Toutefois, je serai prioritairement avec l’équipe nationale A pour préparer les échéances de 2024 puisque pour cette année, il n’existe aucun challenge. » Dans le football féminin mondial, Farid Benstiti, qui a acquis, dans ce métier d’entraîneur, une renommée internationale, se targue d’avoir réussi dans tous les clubs où il est passé. « Sur un plan personnel, j’ai pu évoluer dans les plus grands clubs au monde. A l’Olympique lyonnais, j’ai travaillé pendant 10 ans avec le président Jean-Michel Aulas, un ami avec qui, on a développé la section féminine et on sait ce qu’il en est aujourd’hui. L’OL est certainement le meilleur club au monde. Ensuite, je me suis occupé de l’équipe nationale de Russie et d’un club. Ça s’est très, très bien passé, on a eu de bons résultats avec la qualification à la Coupe d’Europe des nations. Mais j’ai pas pu y participer, car le Paris Saint Germain m’a engagé en 2012 pour un contrat de 4 ans, durant lequel j’ai développé toute la section féminine du club. Grâce à ce bon travail, on était tout le temps qualifiés en coupe d’Europe. On ne pouvait rivaliser avec l’OL qui avait les meilleures joueuses, mais on finissait toujours deuxième, avec en sus une finale de Coupe d’Europe et un bon nombre de joueuses convoquées en équipe de France, c’est une fierté pour moi. C’est quand même une valeur ajoutée. Ensuite, j’ai entraîné la meilleure équipe de Chine pendant 2 ans, après je rentre en France. Jean-Michel Aulas m’a appelé pour prendre les destinées d’une équipe aux USA. En raison du Covid et des soucis familiaux, j’ai été obligé de démissionner et rentrer en France. Je me suis concentré sur la dernière partie de mon diplôme professionnel que j’ai réussi. C’était difficile car il me fallait au moins un an pour préparer mon mémoire. Ainsi, j’ai pu décrocher mon diplôme UEFA pro », racontera-t-il sa carrière d’entraîneur jusqu’à présent.
« C’est un choix très affectif »
Après avoir connu le succès partout où il est passé, Farid Benstiti n’avait que l’embarras du choix. Mais il explique pourquoi il a décidé de prendre les rênes de la sélection algérienne. « J’ai mis un an et demi pour me décider sur la trajectoire que j’allais prendre après toutes ces années d’expérience dans les meilleurs clubs. Je suis quelqu’un qui fonctionne au feeling. Tout ce que j’ai eu comme offres, ça ne me convenait pas. Au bout d’un an, j’ai tout repoussé. Après, la FAF m’a contacté, il y a 4 mois. Au départ, je voulais savoir quel était le challenge avec l’équipe d’Algérie. Il est très intéressant, mais je ne vous le cache, c’est très affectif aussi, la volonté de retrouver mes racines. Je suis très peu venu en Algérie. Retrouver également la région d’où ma famille est originaire, en l’occurrence Bejaia. Découvrir la nouvelle Algérie, ça va me permettre de me ressourcer. » Selon lui, entraîner la sélection filles est un projet ambitieux qu’il entend concrétiser en mettant les bouchées doubles afin de l’atteindre : « D’emblée, il y a une hiérarchisation des objectifs. Il ne faut pas partir dans tous les sens, on ne va pas y arriver ! La priorité pour moi est l’équipe nationale A. Je m’attellerai à monter la meilleure équipe nationale possible avec les meilleurs résultats possibles, qui sera la vitrine du football féminin algérien. La priorité demeure la réorganisation du championnat national et des équipes de jeunes, c’est primordial. Mettre tous les moyens pour les A, mais en même temps penser aux U20, U17… Par ailleurs, il faut engager des éducateurs pour encadrer les sélections jeunes qu’on choisira avec la DTN. On va donner des ordres d’action ; ils seront responsables pour le développement d’une catégorie d’âge, chacun aura une mission bien définie. Moi je m’occuperai plutôt de l’élite pour organiser le championnat, quoique je trouve que ce n’est pas trop mal. En clair, je suivrai les championnats de L1 et L2, le reste, c’est pour l’entraîneur des U20, U17, U14, U15. Pour les A, comme je l’ai dit, il n’y a pas de challenge dans l’immédiat. C’est bien et ça permet de mettre en place un projet à long terme. Si on est pugnaces dans le travail, on peut y arriver. Le plus important, ce sont les joueuses. Pour les locales, c’est beaucoup plus facile à les convaincre. Certes, il faut chercher les meilleures, peut-être qu’il y a des talents cachés qu’on n’a jamais convoqués en EN. La deuxième sera pour les joueuses algériennes qui évoluent à l’étranger. Celles-là, il faudrait un projet régulier pour les attirer. La difficulté est de maintenir le contact avec elles, mais ça, c’est mon job. C’est pour cela que je vais passer beaucoup de temps en France et faire le tour des clubs. Aussi, il faut avoir des staffs (techniques, administratifs et médicaux) des plus compétents afin que, lorsque les joueuses arrivent, elles trouveront une bonne organisation.» Telle est la politique prônée par l’ancien coach de l’OL pour encourager les joueuses binationales à accepter de changer de nationalité sportive et de défendre à l’avenir les couleurs algériennes.
« J’ai convoqué 34 joueuses »
Après une longue absence, l’équipe nationale féminine reprend du service sous les ordres de son nouvel entraîneur Farid Benstiti avec un groupe de 19 joueuses évoluant à l’étranger. « Ce stage, c’est d’abord une prise de contact avec les joueuses que je connais, sauf pour certaines que j’ai formées au PSG ou à l’OL. Mais elles étaient toutes jeunes. Outre la prise de contact, il faut leur expliquer le projet. Celles qui ne sont pas présentes, je leur expliquerai aussi le projet que je compte sur elles. Pour le programme de ce stage, on va faire des entraînements. On fait confiance aux entraîneurs de leur club, on n’est pas là pour améliorer leur niveau, non ! Le plus important est de trouver du plaisir à rejoindre l’équipe nationale. Pour cela, l’accueil doit être impeccable. Ensuite, il y aura des matchs. C’est un stage pour recenser afin de faire une évaluation. On aimerait faire un match contre Alger-Centre ou Constantine, si ça peut se faire. J’ai convoqué 34 joueuses, 3 équipes de 10 ; j’ai fait en sorte pour qu’il y ait 4 gardiennes de but. On a 30 joueuses qui sont les meilleures ; il y aura d’autres qui vont venir. Pour celles qui évoluent à l’étranger qui m’ont donné leur accord, il ne reste que quelques détails. On a pris pour ce stage 21 joueuses binationales. Je ne fais pas de cadeau, ce sont les meilleures qui joueront. On a convoqué de France, une de Suède, d’Italie avec Armelle qui évolue à la Lazio Rome. Sinon, j’ai gardé de nombreuses joueuses qui étaient dans les précédentes listes. »
« Remonter au classement FIFA »
Faute de compétitions en 2023, pour le néo-coach des Vertes, en revanche, un énorme chantier l’attend : «L’échéance principale, si je ne dis pas de bêtises, il y a les Jeux olympiques de Paris 2024. On attend toujours si l’on sera inscrit, j’attends donc un retour. Sur le moyen terme, ce sera la préparation de la CAN qui ne sera pas pour l’instant qualificative à la Coupe du monde. Attention, on va essayer de gagner ! Concrètement, il y a le projet des joueuses sur le long terme qui doit s’installer et, parallèlement, il y aura la compétition avec l’ambition de remonter au classement FIFA », conclura Farid Benstifi.
- S.