Slimani- Delort : Guerre pour une place en pointe

Que ce soit en club ou en sélection, il y a une concurrence à tous les postes, et souvent, elle est très féroce. Rivalité oblige, parfois elle suscite une animosité et une jalousie. Déçu par le rendement de sa ligne offensive, Djamel Belmadi est surtout conscient qu’il manque à son équipe un tueur de surface.

Comme il n’y a pas 36.000 solutions pour l’heure, il va mettre en concurrence Islam Slimani et Andy Delort, même si certains plaident pour donner la chance à Aymen Mahious afin d’apporter de la fraîcheur à une ligne d’attaque en manque d’efficacité lors des dernières sorties de l’équipe. Après la mise à l’écart de Baghdad Bounedjah, faute d’un autre concurrent au poste, Islam Slimani était sûr d’être toujours titulaire. Certes lors des barrages contre le Cameroun, Belmadi a rappelé Ishak Belfodil. Or, celui-ci ne connaît pas la même réussite avec l’EN qu’en club. Ne pouvant déloger l’inusable Slimani, l’attaquant d’Al Gharafa (Qatar) a sauté de la liste depuis le mois de septembre. Belmadi décide de faire revenir le banni Andy Delort après que l’attaquant de FC Nantes a présenté ses excuses publiquement en évoquant un malentendu entre lui et le coach national. « J’avais un souci familial, j’aurais dû l’informer à temps », justifiera Delort sa demande d’exemption à la CAN 2021. L’incident étant clos, rappelé en septembre pour les deux matchs amicaux à Hadefi-Miloud (Oran) contre la Guinée et le Nigeria, Delort est titularisé face au Sily National. Après une première mi-temps quelconque de l’EN et ne s’est pas mis en évidence en seconde période, il est remplacé par Slimani qui débloque le match en inscrivant le seul but de la rencontre. Explosant de joie, Slimani lâche : « c’est moi le patron ». Cette réaction, qui suscita de nombreuses réactions, prouve que le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale n’est pas prêt à céder du terrain. En revanche, d’autres parties l’ont interprété comme un message adressé à Andy Delort qui, pourtant, jouit de la réputation d’un grand buteur en Ligue. On a attendu le rendez-vous suivant de l’EN pour voir qui a eu le dernier mot dans ce duel. Malheureusement, Andy Delort n’a pas pris part au stage de novembre à cause d’une blessure. Les matchs contre le Mali et la Suède devaient donc profiter à Islam Slimani. Toutefois ses prestations dans ces deux matches amicaux étaient moyennes, pour ne pas dire médiocres. D’où le débat de lui trouver un bon concurrent pour le stimuler. En un mot, un concurrent qui pourrait lui ravir sa place de titulaire indiscutable en EN/ Celui-ci serait Andy Delort qui n’a jamais baissé les bras et qui promet de faire un retour tonitruant en sélection nationale. « Je vais mettre les bouchées doubles pour être présent au stage de mars », a-t-il déclaré lors de sa présentation par le FC Nantes récemment. Un message qui en dit long sur ses ambitions de franchir un palier en EN.

 

Statistiques défavorables

Toujours est-il que pour composer son effectif, l’entraîneur national est obligé de faire avec ces deux attaquants. Cependant, à quelques jours de l’échéance qui attend l’EN, à savoir les deux matchs contre le Niger, Delort et Slimani ne sont pas en forme. Et comme un attaquant de pointe est jugé par rapport à ses statistiques, le moins que l’on puisse constater, ni Slimani ni Delort ne sont en réussite en ce début d’année. Certes, on peut leur accorder des circonstances atténuantes puisqu’ils viennent tous les deux de s’engager avec un nouveau club. Ils ont donc besoin de temps et d’une répétition de matchs pour prendre leurs repères. Toutefois le temps presse, dans un mois, l’EN renouera avec la compétition et Djamel Belmadi a besoin de joueurs en forme pour relancer une machine qui était grippée en automne.

 

C’est compliqué de trouver l’oiseau rare  

Si les deux chevronnés attaquants de pointe se livrent à une concurrence féroce en sélection, c’est parce que tout simplement il n’y a rien derrière. Trouver l’oiseau rare reste une mission compliquée pour le coach national. Après son doublé contre le Niger à Oran au CHAN 2022, tout le monde s’est enflammé pour Aymen Mahious qu’on voyait bien postuler à une convocation chez les A. Hélas, quatre jours après, l’infortuné attaquant de l’USMA va perdre du crédit après le penalty décisif qu’il rata lamentablement en finale face au Sénégal. Il est vrai qu’on ne va pas accabler le jeune attaquant des A’, mais en Algérie, pour espérer lui donner la chance de jouer aux côtés de Mahrez et Cie, il est difficile de convaincre la vox populi qui le tient responsable de cette défaite, alors qu’il avait la balle du sacre au bout de son pied. Après la défaite, le rappel de Baghdad Bounedjah a été évoqué par le coach national. Une idée qui ne devrait pas faire son chemin. En effet, Belmadi, qui s’est engagé à renouveler un effectif en fin de cycle, peut-il se permettre de faire du vieux avec du neuf ? En dépit de l’absence de toute autre solution, il reste la possibilité de jouer sans attaquant de pointe. Manchester City et Pep Guardiola l’ont fait après le départ de l’Argentin Kun Aguero. Mais pour mettre en œuvre une telle stratégie, il faut créer une animation offensive de telle sorte que l’EN peut se passer des services d’un attaquant de pointe. Du travail pour Djamel Belmadi qui ne doit absolument pas se tromper dans ses choix. Après le désastreux premier trimestre de 2022, la rue algérienne, qui lui accorde toujours sa confiance, a envie de voir sa sélection redevenir aussi forte qu’en 2019 et 2021, période lors de laquelle elle survolait le continent africain. Le coach national est prévenu !

  1. S.

 

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