L’équipe nationale U17 a confirmé la tendance, le football dans nos catégories jeunes est dans un état critique, l’élimination aux portes de la demi-finale qualificative à la Coupe du monde achève nos sélections, puisqu’avant les cadets, les U20 de Lacet et les U23 d’Ould-Ali ont eux aussi échoué à aller aux différentes manifestations continentales et mondiales.
La sortie de la course des U17 de Remmane a eu l’effet d’une bombe, d’autant plus qu’elle a eu lieu devant une équipe marocaine, que le staff a quelque peu sous-estimée, le discours du sélectionneur reflétait cela, il pensait que son équipe et son adversaire du jour avaient la même valeur, les mêmes caractéristiques, ce qui n’était pas le cas finalement, au vu de la domination imposée par les voisins, qui ont littéralement surclassé nos jeunes cadets et le 3-0 reflète parfaitement cette domination.
Choix contestables
L’EN n’ira pas en Coupe du monde, c’est le constat le plus amer, d’autant plus que la version 2009 avait profité du déroulement de la CAN chez nous pour atteindre cet objectif, mais il faut reconnaître que les équipiers du gardien Mastias ont montré très tôt leurs limites, la victoire peu convaincante contre la Somalie a été révélatrice d’une fébrilité déconcertante, l’équipe a reçu un sérieux coup contre le Sénégal, elle aurait même pu quitter la compétition au premier tour, n’était ce but du sauveur Anatouf, laissé ce jour-là, contre toute attente, sur le banc, alors que l’équipe n’avait pas encore assuré sa qualification.
L’exemple de la relégation d’Anatouf sur le banc prouve que la gestion de l’effectif et du onze n’a pas été bonne, malgré des mois et des mois de travail, et une coupe arabe qui aura été riche en enseignements, Remmane n’a pas stabilisé son onze, d’un match à l’autre il changeait des joueurs, pas 1 ni 2, mais plus, il a même aligné 5 nouveaux joueurs contre le Congo, ce qui a failli coûté cher à l’équipe.
Communication
Remmane n’est donc pas exempt de tout reproche, il avait la possibilité de mieux gérer son effectif, mais il a choisi sa voie qui a mené l’EN vers l’élimination. Sur les réseaux sociaux et sur les plateaux, on s’est précipités pour faire le jugement du coach, l’accusant d’avoir été le seul et unique responsable, il a choisi de composer essentiellement avec les produits de l’Académie de la FAF et celle du PAC, avec un minimum de binationaux, le coach demeure sûr de lui. Selon lui, les meilleurs ont été sélectionnés, mais la pression était tellement terrible qu’il a perdu le nord sur le plan communication, des déclarations qui fusaient et qui pointaient du doigt, à chaque fois, un facteur nouveau, à l’image des gabarits des Africains, ou encore le jeûne et le mois sacré de Ramadhan, ou même encore les reproches qu’il faisait aux journalistes dans leurs analyses, des reproches qui l’éloignaient de l’objectivité et de la réalité du terrain qui, elles, étaient de plus en plus dures, l’Algérie a tout simplement peiné à présenter la version qui pouvait faire rêver le peuple, et ce n’est sûrement pas la faute aux medias ni au mois sacré de Ramadhan encore moins aux gabarits impressionnants des Sénégalais.
Conflits et rupture
Le sélectionneur des U17 a aussi évoqué le fameux disfonctionnement existant dans notre pays, une politique de formation de jeunes, complètement à revoir, un discours réel, qui n’avait toutefois pas de place dans une conférence d’après-match, où l’EN a aligné des académiciens et des binationaux formés dans des écoles françaises, soit presque le même statut que l’adversaire du jour, il y avait par contre d’autres sujets sur qui Remmane pouvait communiquer, dire la vérité devant le monde, raconter des faits qui l’ont perturbé dans son travail, depuis la fameuse finale de la coupe arabe, car beaucoup de choses se sont passées après cette partie, le plus marquant aura été ce conflit né entre lui et le président de la FAF Dhahid Zefizef, le jour de la cérémonie organisée par le président Tebboune au Palais du peuple, le mercredi 14 septembre 2022, en l’honneur des athlètes médaillés aux Jeux Méditerranéens, où l’EN U17 a eu droit, elle aussi, aux honneurs, une cérémonie où les joueurs ont eu droit un par un aux salutations et aux félicitations du président, mais pas le coach Remmane, cela l’a contrarié, il était hors de lui pendant et après la cérémonie, reprochant aux organisateurs ce manque de considération, certains se sont rattrapés ne lui permettant de monter sur scène pour prendre la fameuse photo d’équipe aux côtés du Président et du Chef d'état-major de l'Armée nationale populaire Saïd Chengriha, mais cela ne l’a pas calmé pour autant, il a déversé sa colère sur Zefizef, et ce dernier n’a pas apprécié cela, d’autant plus qu’il a laissé entendre aux présents que l’oubli était l’œuvre des services du MJS.
«Le mal est fait»
Ce malaise a donné naissance a une relation tendue entre les deux hommes, car Zefizef n’a pas du tout apprécié les accusations de Remmane, ni même ses excuses, puisque l’ancien latéral gauche du RC Kouba s’était excusé par SMS, un message auquel le président de la FAF a répondu sèchement par un autre message à savoir «le mal est fait» qui en dit long sur l’impossibilité de voir les deux hommes collaborer, comme collaborent par exemple un Zefizef et un Belmadi pour le bien des A, d’ailleurs il se murmure que Remmane aurait confié à ses proches que Zefizef ne pouvait en aucun cas oublier ‘’Belmadi’’ s’il était l’artisan d’un tel succès.
Nominations
La FAF n’est pas exempt de tout reproche, ni même sa DTN. Biskri, dans une de ses dernières sorties médiatiques avant la CAN, pointait du doigt Remmane, l’accusant d’avoir choisi d’effectuer un stage à Rouiba au lieu d’aller se préparer à Annaba, les tirs croisés entre les protagonistes ont meublé la période de préparation, au moment où nos futurs adversaires travaillaient dans la quiétude et préparaient ce rendez-vous, malgré les quelques signes encourageants que Remmane a décelés lors du tournoi des 4 nations ou contre le Burkina Faso, la chute n’a pas pu être évitée.
Voilà qui retrace un peu les conditions favorable dans lesquelles l’énième débâcle a eu lieu, devant le regard impuissant des responsables du sport, logique, car pour changer il faudra une décision politique et un projet qui s’inscrit sur la longue durée, maintenant que tout le monde est à terre, le moment est venu pour secouer le cocotier, pour une fois, le retard accusé dans la désignation des sélectionneurs des catégories nous est favorable, il faudra bien réfléchir et faire le choix en fonction d’une nouvelle stratégie.
- M. A.