Titulaire indiscutable à Brest, étant en fin de contrat à 29 ans, le milieu de terrain Belkebla, qui aspire à donner une autre dimension à sa carrière, ne manque pas de sollicitations. Mais ce n’est pas l’objectif prioritaire de ce sympathique garçon. Son autre vœu est de réintégrer les rangs de la sélection nationale.
Haris, la semaine a été belle avec le maintien assuré, deux journées avant la fin du championnat…
On est vraiment soulagé après une saison très compliquée, on a beaucoup souffert pour s’extirper de la zone rouge. D’ailleurs, les médias ici en France nous prédisaient une descente en Ligue 2. En fin de compte, on a réussi à sauver notre peau. On est heureux après ce dénouement, encore mieux, on s’est maintenu à deux journées de la fin du championnat.
En guise de récompense, l’entraîneur Eric Roy vous a accordé un jour de repos supplémentaire…
C’est une récompense méritée car on a bien fait le travail.
Dimanche, au cours du match Brest- Clermont (2/1), le public a scandé votre nom en réclamant votre renouvellement de contrat, ça doit vous faire plaisir, non ?
Cela fait 2 ou 3 matches qu’ils scandent mon nom et me demandent de rester la saison prochaine à Brest (il est en fin de contrat). Même mes coéquipiers souhaitent que je reste ; ça fait vraiment plaisir de voir autant de monde souhaiter me voir rester.
Allez-vous exaucer leur vœu ?
On verra bien après. Le directeur sportif du club était accaparé par l’opération maintien qui lui bouffait tout son temps. Mais comme je l’ai dit, on verra après.
Avez-vous reçu des offres ?
Pour l’instant, il n’y a rien de concret. Mais j’avoue que j’ai eu quelques touches. Le sujet n’est pas d’actualité car il reste encore deux matchs à jouer en championnat, tout sera plus clair une fois après.
Un joueur qui fait 36 matchs dans un championnat aussi intense que la Ligue 1 doit être certainement sollicité par d’autres clubs…
Je n’ai pas connu de pépins de santé, ce qui m’a permis de ne rater pratiquement aucune rencontre. Pour mon avenir, comme on dit, on ne sait jamais ce que le destin nous réserve.
Un championnat étranger comme par exemple la très attractive Premier League anglaise, ça vous tente ?
Quel est le joueur qui n’aimerait pas jouer en Premier League ? C’est le meilleur championnat en Europe. Bien entendu, je ne cracherai pas sur une offre émanant d’un club anglais.
Avant de prendre toute décision, consulterez-vous la famille ?
Outre mon agent, mes parents, je demande toujours conseil à ma famille. Après, même si le dernier mot me revient à moi seul, je prends toujours en considération leurs conseils.
Votre oncle paternel Youssef (ancien pro dans lse années 80) aussi ?
Oui, bien sûr, mon oncle a fréquenté le haut niveau (il a joué au Red Star et Saint-Etienne). Par conséquent, ses conseils sont toujours bons à prendre.
Toujours cette saison, on retient votre match époustouflant contre le Paris Saint Germain et ses stars ; êtes-vous flatté que ce soir-là, on vous a désigné l’un des meilleurs joueurs du match ?
C’est un beau match, on a loupé un penalty par Slimani qui a fait un bon match, lui aussi. Ça fait plaisir de jouer un grand match devant un adversaire truffé de stars mondiales. Dommage qu’on ait perdu la rencontre !
Après cette rencontre, on a beaucoup parlé de votre accrochage avec Mbappé, qu’est-ce qui s’est passé entre vous ?
C’est un fait de jeu. Mbappé m’a mis un coup. Comme nous les Algériens, on a un peu le sang chaud (rires), tout de suite j’ai réagi. Après on est passé à autre chose. Ce sont des choses qui arrivent dans un match de football. Comme c’était Mbappé, on a voulu amplifier ce petit incident.
Parlons de l’équipe nationale : la dernière fois que vous y étiez, c’était à la CAN 2021 du Cameroun. Hélas, ce fut un fiasco total, des regrets ?
Ça reste un triste souvenir. Avec son standing, notre équipe nationale, cette élimination au 1er tour est un échec retentissant. Me concernant, j’étais déterminé à faire un bon tournoi. Malheureusement, ça n’a pas bien marché. Il ne faut pas se voiler la face, la responsabilité de cet échec nous incombe, nous les joueurs en premier.
Dans la foulée, l’élimination en Coupe du monde a été durement ressentie au pays…
J’ai suivi cette rencontre de triste mémoire face au Cameroun devant ma télé. On est passé du bonheur au cauchemar. Ce mauvais souvenir restera à jamais gravé dans nos mémoires, car on ne méritait pas de perdre de cette façon.
Belaili, qui était votre coéquipier à Brest, a même songé à arrêter sa carrière, selon lui, après cette amère élimination…
Il était très traumatisé, voire dégoûté, ça je peux le témoigner. J’ai tout fait pour l’aider à retrouver le moral. Il a fallu du temps pour qu’il retrouve l’envie de jouer. Moi devant ma télé, j’étais très abattu, j’imagine alors combien les joueurs présents au match étaient abattus après ce désastre auquel personne ne s’attendait.
Vous qui le côtoyez au quotidien quand il jouait à Brest, comment réagit-il aux étiquettes qui lui sont collées ?
Je peux le certifier, Youcef n’est pas un mauvais garçon, il était très apprécié par le vestiaire. On a cherché à dramatiser quelques petits écarts de discipline, un retard de quelques minutes à l’entraînement, des choses banales qu’on voit partout. Mais pour Belaili, on a été assez sévère avec lui, une certaine presse, qui ne cherche que la polémique, l’a massacré, le pauvre.
Quand lui et Slimani sont partis, perdre d’un seul coup deux coéquipiers en sélection n’était pas forcément une bonne nouvelle pour vous…
Quand Youcef avait pris la décision de résilier son contrat, j’ai essayé de le convaincre de rester, mais en vain. Pour Islam Slimani, je me rappelle, il ne restait que quelques minutes avant la fermeture du mercato hivernal. Il m’a envoyé une photo dans le bureau du directeur sportif. Aussitôt après, je l’ai appelé. Il m’a alors expliqué que sa décision de quitter Brest était mûrement réfléchie. Une décision qui s’est avérée bonne puisqu’ à Anderlecht, il a retrouvé la forme et marqué des buts. Je suis très content pour lui.
La blessure d’Ismail Bennacer laisse une place libre au poste de milieu récupérateur, espérez-vous avoir une nouvelle chance en EN ?
L’EN ? Elle est toujours dans un coin de ma tête. Évidemment, être rappelé me comblera de bonheur. Je continue à bosser durement, je n’en parle pas. Le dernier mot revient au coach Djamel Belmadi. Quant à la blessure d’Ismail (Bennacer), j’avoue que j’étais vraiment peiné pour lui, car il était en super forme avant cette blessure.
J’ai suivi cette rencontre en Ligue des champions contre l’Inter Milan. Au départ, je ne pensais pas que c’était grave, c’est après que j’ai appris qu’il allait être opéré. Je lui souhaite un prompt rétablissement.
L’avez-vous appelé ?
Non, je me suis contenté d’un SMS pour lui montrer mon soutien dans cette phase difficile par laquelle il passe. Je rappelle que Bennacer était mon coéquipier à Tours après qu’il a été prêté par Arsenal. Donc, depuis cette aventure passée ensemble à Tours, on a tissé des liens d’amitié assez solides. La dernière fois avant sa blessure qu’on s’est parlé au téléphone, il était content que l’EN enregistre la venue de jeunes binationaux, dont il pense beaucoup de bien. Isma est content d’apprendre que de jeunes joueurs talentueux n’ont pas hésité à opter pour la nationalité sportive algérienne, en montrant leurs réelles intentions de défendre les couleurs algériennes.
Jetez-vous un regard sur la liste à chaque fois qu’elle est rendue publique ?
Oui, pourquoi le cacher. Même si je sais que je n’y serai pas, je jette toujours un coup d’œil pour voir les noms des joueurs sélectionnés.
Impatient de voir celle de juin ?
Je sais à quoi vous faites allusion. Je fais tout pour être à nouveau en sélection, mais le dernier mot revient au coach national.
Suivez-vous les finales européennes dans lesquelles sont concernés Riyad Mahrez et Said Benrahma ?
Ce sont deux coéquipiers en EN, je serai à fond derrière West Ham et Manchester City afin que mes deux amis puissent soulever le trophée. Je profite de l’occasion pour souhaiter bonne chance à Riyad et Said avant leur finale.
Ce samedi face à l’OM, vous serez sur le terrain du Vélodrome, et non pas dans les tribunes…
Quand j’étais à Tours, généralement, les matchs de L2 se déroulaient le vendredi. Donc, je ne ratais aucune rencontre de l’OM au Vélodrome, quitte à faire 6 à 7 heures de route. Franchement, je prenais énormément de plaisir à chaque fois.
Rêvez-vous toujours de porter le maillot de l’OM ?
Disons que l’Olympique de Marseille est un club assez spécial. Petit, j’étais un grand fan. Donc, ce serait bien si je portais ses couleurs un jour. Mais maintenant, je suis un joueur de Brest, je suis à fond concentré pour aider mon équipe à finir en beauté cette saison.
- S.