Gouiri : quand les Français se contredisent

Depuis mardi, jour de l’annonce officielle faite par Amine Gouiri de jouer avec l’Algérie, de l’autre côté de la Méditerranée et, paradoxalement, ce choix est différemment commenté par les médias et autres consultants des chaines françaises.

Tandis que certains estiment que Gouiri savait qu’il n’a pas sa place en équipe de France A, d’autres crachent leur venin sur Amine Gouri à l’image de notre confrère Daniel Riolo qui l’a taclé, lui qui émet des soupçons sur le retard accusé par le joueur pour annoncer son choix. Avec ces réactions contradictoires, on ne voit pas l’intérêt de cette campagne hostile à l’encontre d’un jeune joueur, alors qu’on prétend qu’il n’a aucune chance de jouer chez les A de Didier Deschamps.

 

Hubert Fournier (DTN/ France) « Fekir avec les Bleus ? Ça s’est joué en une après-midi »

La décision prise par Amine Gouiri de jouer avec l’Algérie, suscite de nombreuses réactions et alimente le débat dans la presse audiovisuelle et écrite en France. A cet effet, L’Equipe a interviewé ce vendredi Hubert Fournier, le directeur technique national, qui ne fait pourtant que de très rares sorties médiatiques, mais sans doute les derniers évènements ont donné des idées à notre confrère français. Et le sujet Amine Gouiri était inévitable. Interrogé si la France n’est pas perdante après que l’attaquant du Stade Rennais a opté pour l’Algérie, le DTN français répondra : «Pas du tout. C’est même une fierté d’être à la Coupe du monde, la Fédération qui a le plus de joueurs formés localement. C’est l’élite de l’élite. Tous ne peuvent pas y prétendre, et je comprends que certains aient cette réflexion personnelle». En décodé, pour le DTN français, Amine Gouiri redoutait de ne pas faire une Coupe du monde avec les Bleus, et qu’il pourrait faire cette compétition planétaire avec l’Algérie. En outre, Hubert Fournier est revenu sur la volte-face de Nabil Fekir, lui qui était à l’époque0 l’entraineur de l’Olympique Lyonnais, apporte un témoignage sur cette affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre : «J’ai eu le cas Nabil Fekir à Lyon, il a failli jouer pour l’Algérie, ça s’est joué en une après-midi, et derrière, il est champion du monde». Et d’ajouter en conclusion : «Après, c’est aussi un plaisir de voir l’Algérie championne d’Afrique avec des joueurs formés en France, ça montre, quelque part, qu’on coopère. Les politiques ont un peu de mal à le faire. Nous, les sportifs, on y arrive très bien».

 

Ce que le DTN français n’a pas dit

On se rappelle la manière avec laquelle la France a récupéré Nabil Fekir qui avait appelé Christian Gourcuff, entraineur alors de l’équipe d’Algérie un matin de vendredi de mars 2015, pour lui annoncer son choix de jouer avec l’Algérie. Mais une fois que l’information a fuité, l’ancien président de l’OL Jean Michel Aulas, qui désirait que son joueur évolue avec la France afin de le vendre au prix fort, a appelé l’ancien agent de Nabil Fekir, qui était en cette période aussi celui de Didier Deschamps. L’intervention de l’agent a basculé en faveur des Français, puisque dans l’après-midi, Didier Deschamps a appelé directement Nabil Fekir pour lui dire qu’il figurait dans sa prochaine liste et que son intérêt serait de jouer avec les Bleus, d’où le revirement de l’actuel attaquant du Bétis Séville. En guise de reconnaissance, Didier Deschamps l’incorpore dans les ultimes secondes de la finale de la Coupe du monde 2018 France-Croatie (4-2), afin de le faire participer ne serait-ce que quelques secondes à l’un des plus grands exploits de l’équipe de France. N’était ce compromis entre le sélectionneur français et l’agent de Fekir, celui-ci n’aurait jamais tourné le dos à son pays d’origine. On aurait aimé qu’Hubert Fournier raconte la vérité sur ce qui s’est passé avec Nabil Fekir plutôt que de déclarer que ça s’est réglé en une après-midi !

  1. S.

 

Genesio : «C’est son choix»

Bruno Genesio, l’entraîneur du Stade Rennais, a été interrogé hier, vendredi, sur la décision d’Amine Gouiri de rejoindre la sélection algérienne. «Je suis très content qu’il ait annoncé sa décision, c’est son choix. Mais c’était important qu’il communique, qu’il puisse être tranquille dans sa tête et se consacrer uniquement maintenant au foot et à l’entraînement, ne pas avoir des idées parasites, des questionnements sur ce qu’il doit faire ou pas. J’en avais parlé avec lui il y a une dizaine de jours, en disant que c’était important qu’il prenne et annonce sa décision, c’est très bien qu’il l’ait fait», a expliqué le technicien en conférence de presse.

Une bonne chose aussi pour peut-être l’aider à se libérer après un début de saison compliqué. «Lui comme tous les autres attaquants doivent faire mieux et plus, il le sait, les autres aussi le savent, mais ils dépendent aussi de ce qu’on fait avant d’arriver dans les 25-30 derniers mètres, d’un collectif, d’une façon de jouer, note Genesio. Si à chaque fois qu’on sert nos attaquants, ils sont esseulés ou dans des zones où il est très difficile de marquer, ils ne peuvent pas non plus faire des miracles.»

  1. A.

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