L’ancienne vedette du MCO et de l’EN des années 90 réclame plus de patience aux Algériens envers l’entraineur national Vladimir Petkovic et encense son successeur en attaque Mohamed Amine Amoura. Enfin, il lance un appel aux autorités du pays pour aider tous les clubs afin de relancer notre championnat national.
Contre l’Ouganda, un attaquant a fait la différence dans ce match grâce à sa vitesse phénoménale. Amoura a aidé l’EN à gagner. Les spécialistes le comparent à vous qui aviez les mêmes caractéristiques. Quel est votre avis ?
Ah oui, Amoura, pour moi, est un grand attaquant, il a souvent aidé notre équipe nationale notamment dans les matchs pièges comme celui de l’Ouganda où effectivement il a fait la différence grâce à sa pointe de vitesse surtout quand il part de loin. Ce jeune attaquant, il faut l’encourager et le soutenir. Comme il a encore une grosse marge de progression, il peut développer encore plus son jeu.
Etes-vous étonné qu’il ait atteint un tel niveau ?
Franchement, non, car avec son club belge (Union Saint-Gilloise), il est régulier dans ses performances et ses très belles statistiques sont là pour le confirmer. Comme c’est un élément formé en Algérie, je suis très content pour lui car il est arrivé à se frayer une place en équipe nationale qui est majoritairement composée de joueurs formés en Europe. Amoura prouve bien que contrairement à ce que pense certains, il y a de la bonne patte ici en Algérie, il revalorise en quelque sorte le joueur local. Chez nous, on doit être conscient qu’avec une bonne prise en charge, on pourra disposer d’un riche réservoir au niveau national, et ce sera l’EN car on aura d’autres Amoura à l’avenir.
Dans les matchs en Afrique noire, il sort souvent de grandes prestations…
Quand je regarde les matchs de l’EN, à chaque fois qu’il reçoit le ballon et part à grande vitesse vers la surface adverse, je sens que ça peut faire mouche, je pense le fait qu’il a une petite taille, c’est un atout pour lui pour échapper aux défenseurs surtout quand en face, il se retrouve avec des adversaires qui ont un grand gabarit, comme on l’a vu sur le deuxième but contre l’Ouganda où il fait tout avant de servir idéalement Saïd Benrahma qui fini le boulot !
Sinon avez-vous remarqué d’autres qualités chez lui ?
Sincèrement, je pense qu’il est plus à l’aise à gauche. En revanche, à droite, je le trouve beaucoup moins bon. C’est mon avis, je dois le préciser.
En sélection nationale, l’un des grands problèmes à régler reste le poste d’avant-centre, est-ce votre avis ?
Je dirais que Vladimir Petkovic qui vient d’arriver au poste d’entraineur a besoin de temps pour trouver les solutions dans tous les postes où effectivement il doit procéder à des changements pour rendre l’équipe plus efficace. Les derniers matchs, Bounedjah n’a pas fourni de bonnes prestations, je ne remets pas en cause ses qualités mais force est de constater qu’il a un peu régressé dans son jeu. La preuve, il n’a pas marqué depuis un bon moment. Or, un avant centre, son rôle est de marquer.
Quelle solution préconisez-vous pour résoudre cet épineux problème ?
La solution est simple, les grands attaquants sont sortis de notre championnat. On parle d’Amoura, de Belaïli et Bounedjah. Ce sont eux aussi des produits locaux. En Coupe du monde 1982, 90% de l’équipe nationale était formée de joueurs locaux, on ramenait uniquement 3 ou 4 joueurs de l’Europe. Aujourd’hui, on voit l’inverse. Ce qui reflète le niveau de notre championnat. Toujours est-il, pour espérer sortir de grands clubs, il faut un gros travail de base dans nos clubs, donner plus de moyens aux clubs. Je suis convaincu que bout de quelques années, on réussira à monter une grande équipe nationale qui sera essentiellement composée de joueurs locaux.
Entre temps, l’EN est appelée à se qualifier à la prochaine Coupe du monde. Pensez-vous qu’elle atteindra cet objectif ?
Comme je l’ai dit, le nouvel entraineur a hérité d’une situation très difficile, heureusement qu’il reste presqu’une année avant la reprise des éliminatoires. Entre temps, avec son expérience, il va mettre de l’ordre et trouver des solutions à tous les problèmes en corrigeant les lacunes qu’il a certainement décelées dans les deux derniers matchs. Même si contre l’Ouganda en seconde période, on a remarqué la touche de l’entraineur. Avec lui, je suis convaincu que l’équipe nationale va s’améliorer au fil des matchs.
Joueur, vous n’aviez pas eu la chance de participer à la Coupe du monde, en êtes-vous frustré ?
Le contexte de l’époque (décennie noire) a eu des répercussions sur les performances de l’EN, et pourtant on avait de grands joueurs, les Dziri, Haddou, Rahim Azzedine, Bourahli ou Boukessassa. Rien que le MCO fournissait jusqu’à 8 joueurs à l’EN, le WAT en faisait de même avec Dahleb, Bettadj ou Hebri et j’en passe. Certes, ces joueurs n’ont pas eu la possibilité de faire une Coupe du monde mais le fait que grâce à Dieu, l’Algérie se porte bien suffit à notre bonheur. Toutefois, cela ne m’empêche pas de souhaiter à l’actuelle génération de se qualifier à la prochaine Coupe du monde de 2026.
Après une éclipse de plusieurs années, vous revenez dans le monde du football, en donnant un coup de main au MCO dans l’opération maintien. Un commentaire ?
Le MCO, c’est mon club de cœur. C’est grâce à ce club que j’ai connu la notoriété, ça je ne l’oublierai jamais. La preuve de mon dévouement pour le MCO, je me suis désisté de grosses sommes d’argent. En toute modestie, je n’ai apporté que mon soutien à l’équipe. Mardi passé lorsqu’elle a assuré le maintien, j’étais vraiment très heureux. Néanmoins, le mérite à la société Hyproc qui a consenti de gros efforts financiers. Sans l’apport de cette entreprise, le MCO connaitrait le même sort que le WAT ou l’USMBA qui évoluent en D3. Avec Hyproc, même les catégories jeunes du MCO sont très bien prises en charge. Je voudrais ajouter une chose…
… allez-y
Pour sortir notre football du marasme dans lequel elle se trouve, il faudrait que tous les clubs professionnels soient pris en charge par une grande société, car ce n’est pas équitable que des clubs bénéficient de gros budgets financiers et d’autres non. Quand je vois des équipes telles que le NAHD, le MOC, l’USMH, le MCS, le WAT ou le GCM se morfondre dans les divisions inférieures malgré leurs histoires, ça me fait vraiment mal au cœur. L’Etat doit penser à doter ces clubs d’une société nationale, cela y va de l’intérêt de notre football.
M.S.