Darfalou : ’’A Vitesse, j’ai été injustement écarté par l’entraîneur’’

Après une première partie de saison très compliquée, Oussama a retrouvé la forme et son sens du but après son prêt à Venlo cet hiver. Hélas, pour lui, la crise du coronavirus l’a stoppé dans son élan. Confiné chez lui en Hollande, il nous a appris que la Fédération néerlandaise décidera aujourd’hui si elle arrête ou non définitivement la compétition cette saison.

 

Quand on est confiné à l’étranger, c’est plus ennuyeux à supporter par rapport à ceux qui sont entourés de leurs proches, non ?

Je suis ici en Hollande loin de ma famille qui est en Algérie ; bien entendu, cette chaleur familiale me manque. Néanmoins, le plus important est qu’aucun de mes proches n’est malade. Me concernant, je dirais que même si on n’avait décrété le confinement, je ne me serais pas hasardé à sortir souvent dehors en évitant le contact avec les gens, car il ne faut pas croire que cela n’arrive  qu’aux autres. Rien que le penser serait une grave erreur. Prétendre que seules les personnes vieilles sont invulnérables au virus, c’est l’autre erreur. De nos jours, un enfant de 10 ans est victime de maladies chroniques telles que le diabète ; donc, je recommande le maximum de précautions à tous nos citoyens.

 

A Venlo, votre actuel club, a-t-on prévu un plan de préparation spécial pour les joueurs ?

A l’instar des joueurs d’autres clubs, on a reçu un programme d’entraînement qu’on doit faire chez nous à la maison, avec entre autres des séances cardio (vélo et tapis roulant). Pour d’autres, ils font du footing en forêt chaque matin. De toute façon, on attend la décision que va prendre la Fédération néerlandaise de football.

 

Ça sera quand ?

Ce mercredi (ndlr : aujourd’hui), la Fédération néerlandaise décidera si elle va arrêter ou non la saison. Avec 28.000 personnes atteintes du Covid-19 et 4000 morts, le bilan est vraiment lourd. La décision de reprendre ou non après la compétition sera connue ce mercredi.

 

Admettons qu’on décidera l’arrêt définitif de la compétition, vous aurez des difficultés à quitter le sol hollandais après…

Il se murmure que les vols reprendront prochainement mais juste pour voyager en Europe ; pour aller en Afrique, on dit que les vols reprendront le 18 septembre prochain. Par conséquent, je n’ai pas d’autre choix que de rester ici même de longues semaines après la fin de la période de confinement.

 

Le gouvernement algérien prévoit de rapatrier tous les citoyens bloqués à l’étranger, êtes-vous au courant ?

Si, je suis au courant, mais à ma connaissance, Air Algérie va rapatrier les citoyens qui détiennent un billet retour pour rentrer en Algérie. On prévoit même de regrouper les citoyens se trouvant au Benelux (Belgique, Hollande et Luxembourg).

 

Pourquoi ne solliciteriez-vous pas la FAF pour vous aider à rentrer au pays ?

Je ne pense pas que la FAF pourrait intervenir dans ce cas. Franchement, je préfère rester ici vu qu’en Hollande on a atteint le pic de l’épidémie. Qui sait, peut-être que je suis contaminé sans que je le sache ? Alors mieux vaut éviter d’aller en Algérie avec le risque de contaminer mes proches.

 

Côté sportif, alors que vous amorciez un retour en forme avec votre nouveau club VVV Venlo, cette pandémie vous a stoppé dans votre élan…

Avant le début de la saison, j’avais de gros espoirs de faire une bonne saison avec Vitesse Arnhem. Toutefois, après quelques journées de championnat, j’ai chauffé toujours le banc. Alors, j’ai demandé à mon agent de voir avec la direction pour aller jouer ailleurs. C’est ainsi que j’ai atterri à Venlo, une équipe qui lutte pour sa survie. Rapidement, je me suis en évidence. D’ailleurs, Vitesse Arnhem envisage de me récupérer à la fin de la période de prêt.

 

Ce qui est étonnant car pendant les matches de préparation l’été dernier, vous affichiez une belle forme…

J’étais moi-même étonné quand lors du match de la 1re journée, j’ai été écarté de l’équipe, alors que pendant la préparation, j’ai fait de grosses prestations en marquant des buts. Je ne m’imaginais pas un seul instant sauter du onze rentrant. Après, j’ai demandé des explications à l’entraîneur. Sans me donner des arguments, il m’a seulement répondu : ‘’C’est un choix !’’ Cependant, il y avait une chose m’a beaucoup agacé.

 

Laquelle ?

Quand j’ai constaté que mon concurrent direct au poste enchaînait les prestations moyennes, voire parfois mauvaises, mais l’entraîneur persistait à lui faire confiance. Figurez-vous qu’il n’a marqué son premier but en championnat qu’à la 6e journée. Pour moi, il y a du louche dans cette histoire, car c’était un choix injuste

 

Avez-vous interpellé les dirigeants à ce propos ?

Je l’ai fait mais d’après eux, ils ne pouvaient interférer dans le volet technique ; je suis victime de l’extra-sportif, c’était même très visible.

 

Votre réponse, ils l’ont eue une fois avoir rejoint Venlo ?

J’ai opté pour la difficulté, je dois le préciser, car je rejoignais un club qui se morfondait au bas du classement. Malgré le contexte difficile, j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu en marquant des buts et contribué en toute modestie à la belle série de résultats positifs enregistrée par Venlo ; en 7 rencontres, le club s’est assuré 3 victoires, 3 nuls et n’a perdu qu’une seule fois. J’ai marqué des buts alors, comme je l’ai dit, on évoluait dans un contexte assez particulier. Vous savez, une équipe qui est menacée de relégation se replie derrière en défense. Pour les attaquants, c’est très compliqué de se mettre en évidence. Malgré ce handicap, j’estime avoir apporté ce qu’on attendait de moi. En outre, sur les 7 matches joués avec VVV Venlo, j’ai été désigné à 6 reprises l’homme du match.

 

Avez-vous envie de retourner à Vitesse Arnhem à la fin de votre prêt ?

Le sujet n’est pas d’actualité, aujourd’hui, il serait indécent de parler de transfert ou d’avenir au moment même où toute la planète vit l’un des plus tristes tragédies de l’histoire de l’humanité. Certes, une fois que la vie reprendra son cours normal, on verra mon agent et moi si l’on continuera notre collaboration ensemble.

 

Quand votre contrat expire-t-il ?

En juin 2022, à la fin de mon prêt à Venlo, on va s’asseoir autour d’une table avec les responsables de Vitesse Arnhem pour discuter de mon avenir ; il est possible que je rejoigne un autre championnat.

 

Avez-vous des opportunités ?

C’est un vœu que j’exprime (rires). Non, sérieusement, seul mon agent est en mesure de répondre à cette question. Mais à ma connaissance, il n’a reçu aucune offre, car je le répète, les transferts ou recrutements sont bloqués partout dans le monde, encore plus en Europe car est beaucoup plus préoccupés par cette grave crise du coronavirus.

 

Quand on se rappelle qu’une blessure à la cheville vous a privé de la CAN au printemps dernier, peut-on dire que l’année 2020 commence bien pour vous ?

Pour mon malheur, alors que j’étais dans la liste précédente, lors du dernier stage de l’EN juste avant le départ pour l’Egypte, je me suis blessé à la cheville. Après, c’était compliqué pour moi d’être dans la liste des 23 d’autant que Djamel Belmadi ne pouvait prendre le risque de retenir un joueur qui n’était pas totalement en possession de ses moyens.

 

Vous auriez pu ajouter une ligne dans votre palmarès avec le sacre continental, on imagine votre déception…

J’étais très déçu ! Jouer une compétition d’une telle envergure est le rêve de tout joueur, surtout qu’elle se déroulait en Egypte. Le destin aura voulu que je rate ce grand évènement, mais ce n’est que partie remise. A 26 ans, j’ai encore quelques belles années devant pour me rattraper.

 

Vous caressez le souhait de retourner en sélection ?

Cet objectif, je travaille durement pour l’atteindre. Je reconnais que des attaquants ont fait leurs preuves en équipe nationale, plus particulièrement à la CAN 2019 et les matches qui ont suivi après. Seulement, en football tout peut aller vite ; il suffit de croire en ses qualités et de saisir parfaitement sa chance le jour où on l’aura.

 

L’USMA, votre ancien club, souffle un peu avec la venue d’une société l’a racheté ; avez-vous suivi cela de loin ?

L’USMA est l’un des grands clubs du pays, il est tout à fait légitime qu’une grosse société le rachète. Effectivement, je suis de très près tout ce qui se passe au club. Je suis en contact permanent avec mes anciens coéquipiers tels que Zemmamouche, Koudri ou Meftah. La saison passée, j’ai fais le déplacement au stade Bologhine à deux reprises pour assister aux matches de l’USMA, mais c’était surtout pour revivre la belle ambiance que seuls les supporters de l’USMA savent créer. Quand j’étais au club, je reprenais pendant l’échauffement les refrains qu’ils entonnaient et même parfois pendant le match ; lorsque je marque des buts, je suis doublement heureux.

 

Donnez-vous des conseils à votre frère Mohamed, qui joue à l’ABS ?

Je le fais toujours, pas spécialement avec lui, mais aussi avec mon cousin Khalil qui évolue dans l’équipe réserve de l’ESS. Que ce soit lui ou mon frère, quand ils ont un souci, je suis le premier qu’ils appellent pour les conseiller.

 

Enfin, Helaimia, votre grand ami, nous a confié l’autre jour que dès qu’il a un temps de libre, il saute dans le premier train pour vous rejoindre en Hollande…

Et bien Réda, cela fait plus d’un mois qu’il est hébergé chez moi ; je le considère comme un frère. Le fait qu’il me tienne compagnie allège un peu ma solitude, je dois l’avouer. Les premiers temps, quand il a signé ici en Belgique, il avait quelques problèmes d’adaptation car c’est sa première expérience à l’étranger. Je pense avoir fait de mon mieux pour l’aider à franchir cette étape.

 

Content pour lui qu’il soit convoqué en équipe nationale la dernière fois ?

Super content même ! C’est un garçon gentil en plus de ses grandes qualités de joueur. Ce n’est pas parce que c’est un ami, Helaimia a le niveau pour jouer dans n’importe quel grand championnat européen.

  1. S.

 

              

 

 

 

 

 

 

 

 

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