Arrivé au zénith de sa carrière en pro, Riyad Mahrez, qui est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de la planète, pourrait toucher le graal samedi en remportant la Ligue des champions (Manchester City - Chelsea FC). Mais avant de tutoyer les sommets, l’enfant de Sarcelles a longtemps galéré, notamment lors de sa première saison en pro avec Le Havre. Dans son dernier numéro, le magazine France Football est revenu sur ses débuts dans le club normand.
Après avoir vainement tenté sa chance en Ecosse, l’Espagne et même en Roumanie, Riyad Mahrez, qui évoluait à Quimper (National 2) où il partageait un modeste studio avec Mathias Pogba (frère de l’international français), percevait un salaire mensuel misérable de 750 euros. Il arrive enfin à réaliser son premier rêve, celui de signer un contrat pro avec Le Havre. Le jour de son premier entraînement avec l’ancien club de Tedj Bensaoula, Mansouri et Mesloub, en arrivant à la gare Saint-Lazaire (Paris) en ce 11 juillet 2010 pour prendre le train direction Le Havre, il est un peu en retard. Le train vient de quitter la gare sous ses yeux. Ryad appelle Johan Louvel, l’adjoint de Nobello (ancien sélectionneur des U20 algériens), qui n’est autre que le fils du président du club Louvel pour s’en excuser. Ce dernier s’énerve surtout que le prochain train est prévu une heure après. Ce sera trop tard pour lui d’arriver à l’heure pour son 1er entraînement avec le HAC. Quand il débarque à la fin de la séance au stade, le groupe faisait des étirements de fin de séance. Mais cela n’a pas empêché certains joueurs de dire : ‘’Qui c’est ce maigre ?’’
Louvel : ‘’On savait qu’il allait finir haut’’
Le lendemain, Riyad Mahrez fera son premier entraînement. Rapidement, ses nouveaux coéquipiers, qui l’ont observé de haut, changent d’avis. Avec ses feintes, ses passements de jambes, le groupe havrais se rend à l’évidence que malgré sa morphologie, Mahrez est un footballeur pétri de qualités techniques. ’’On savait qu’il allait finir haut’’, témoigne le fils du président. Logeant dans un modeste appartement avec Walid Mesloub, il roulait avec une vieille voiture. ‘’Riyad était un garçon très bien avec beaucoup de fraîcheur’’, juge un ancien membre du staff technique.
‘’Il se voyait jouer au Barça, remporter la LDC, s’envoler pour la Coupe du monde…’’
Tandis que certains doutaient surtout par rapport à sa morphologie (jugé trop maigre), lui, en revanche, nourrissait des ambitions élevées. ‘’Dans sa tête, se souvient Romain Saiss, un ancien coéquipier au HAC, tout est déjà en place. Mahrez s’imaginait jouer au FC Barcelone, gagner la Ligue des champions, s’envoler en Coupe du monde. Beaucoup le regardaient en rigolant et lui disaient d’arrêter de rêver’’, en rigole-t-il. Grand amoureux du football, le dimanche, jour de repos pour le groupe, Ryad Mahrez enchaînait les five (football à cinq) avec ses amis d’enfance à Sarcelles.
‘’On l’appelait Di Maria‘’
Grand dribbleur et ultra-rapide, petit à petit, Riyad Mahrez met dans la poche tout le monde. Au Havre, on le surnommait Di Maria (star du PSG). Mais parfois, pour le secouer, car il abusait un peu trop de dribles, ses entraîneurs lui faisaient la remarque. Un jour à la mi-temps d’un match, le président Jean-Pierre Louvel lui fait une remarque devant ses camarades dans le vestiaire. ‘’Si tu veux devenir un pro, arrête de te croire à la plage’’, lui fera remarquer son ancien président qui doit être fier aujourd’hui du parcours accompli par l’international algérien, qui est devenue une star mondiale et va disputer une finale de la Ligue des champions.
Il n’a pas attendu les Bleus
L’autre signe du destin, alors que son coéquipier à Leicester N’Golo Kanté avait refusé de jouer pour le Mali, pour Riyad Mahrez, n’ayant rien vu venir de la Fédération française de football, il n’a pas trop attendu pour manifester son désir d’opter pour l’Algérie dont il rejoindra la sélection en mai 2014, juste avant le départ pour la Coupe du monde au Brésil. En tant qu’amoureux de l’EN, on est content que Riyad Mahrez n’ait pas été repéré à temps par les responsables français.
- S.