Un échange de courriers au vitriol avec le SG de la FAF confirme la présence offensive de Mohamed Raouraoua à la première assemblée générale sous l’ère Zetchi qui pourrait ne pas se dérouler comme le président et ses fidèles le souhaitent.
C’est en tous les cas ce que craignent les locataires de Dély Ibrahim, vraisemblablement pris de panique depuis que Raouraoua a confirmé sa participation aux travaux en s’inscrivant à intervenir sur tous les points de l’ordre du jour. Aussi, cette présence qui coïncide avec le changement qui a eu lieu récemment à la tête du MJS n’est pas pour rassurer Zetchi qui a décidé, à la surprise générale, de prendre des mesures «inhabituelles», pour s’assurer, ou du moins, tenter d’éviter que cette AGO tourne au règlement de comptes qui pourrait à son tour mener à la non-adoption des bilans, donc au putsch.
Ainsi, en plus d’interdire à la presse et aux médias d’assister aux travaux de l’AGO, Kheireddine Zetchi a demandé à son secrétaire général de confirmer par écrit la présence de tous les membres de l’assemblée, notamment Mohamed Raouraoua qui, jusqu’à hier dans la soirée, a observé le suspense entier quant à sa venue à Alger. Jusque-là, rien d’anormal, puisque les statuts de la FAF dans l’article 28 exigent les confirmations écrites des participants… Mais ce n’est pas tout, puisque Mohamed Saâd, SG de la FAF, en plus des confirmations, leur a exigé d’envoyer leurs questions «précises» par mail et les sujets sur lesquels ils veulent intervenir «dans les plus brefs délais».
Raouraoua demande à intervenir sur chaque point inscrit à l’ordre du jour
On sait qu’au moins un participant à l’AGO, et pas des moindres, a contesté cette mesure. En effet, l’ex-président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a émis plus que des réserves à la suite de la correspondance de la FAF. Manifestant d’abord sa surprise et son étonnement à la demande du SG de la FAF, l’ancien président de la FAF a terminé par lui rappeler les prérogatives d’un SG au sein d’une fédération. Un échange de mails des plus chauds entre les deux hommes a eu lieu. El-Hadj a commencé par confirmer sa présence et les sujets sur lesquels il souhaite intervenir avant de changer d’approche. «Monsieur Le Secrétaire Général, Je vous remercie pour votre mail relatif à l’AGO et les documents envoyés. Je vous confirme ma participation à cette AGO incha Allah. J’ai lu que vous nous demandez de nous inscrire pour prendre part aux débats, ce qui est INHABITUEL. Aussi, je vous prie de m’inscrire pour intervenir sur tous les points de l’ordre du jour et notamment : - 1/ le rapport moral -2/ le rapport financier -3/ le rapport du commissaire aux comptes -4/ le plan d’action -5/ le projet de budget 2018», a écrit Raouraoua le 12 avril à 18h22, soit 4 jours après l’envoi des convocations.
Le SG exige de Raouraoua des questions précises
«C’es une AGO, pas un lieu de débat»
3 jours plus tard, plus exactement le 15 avril, Mohamed Saâd, jusque-là serein et sûr de ses arguments, a décidé de répondre à son ancien patron en employant le même mot : «inhabituel» en réplique à la remarque de l’ex-président. Le SG de la FAF a par la même occasion exigé de Raouraoua des questions précises, ne se contenant pas de préciser les sujets sur lesquels Raouraoua souhaitait intervenir. «Pour des considérations statutaires, organisationnelles et de timing, nous vous confirmons que les membres de l'AGO sont obligés d'envoyer des questions précises afin de nous permettre de nous préparer en conséquence. Je vous prie donc de bien vouloir envoyer vos questions dans les plus brefs délais. Vous n'êtes pas sans savoir Monsieur le Président qu'il est INHABITUEL qu'une Assemblée générale ordinaire se transforme en un lieu de débats. C'est plutôt un espace d'adoption ou de non-adoption de bilans moral et financier.»
Raouraoua : «Vous ne maîtrisez pas vos fonctions et je le comprends»
Le même jour en début de soirée, Mohamed Raouraoua, tout en finesse, a envoyé un dernier mail à son ancien responsable de la division médias, aujourd’hui SG de la FAF dans lequel il se montre intimidant, supérieur et même ironique. «Bonjour Monsieur Le Secrétaire général. Je suis très surpris par le contenu de votre mail. Je constate que vous légiférez en lieu et place des membres de l’Assemblée générale. Vous semblez ne pas avoir suffisamment assimilé nos statuts et le règlement intérieur ADOPTÉS par l’AG et approuvés par la FIFA. Le fait que vous nous demandez de nous inscrire pour parler avant la séance de l’assemblée est un grave précédent. Contrairement à ce que vous voulez nous imposer pour des raisons que j’ignore, et pour avoir présidé une vingtaine d’assemblées générales de la FAF, je vous signale que le droit à la parole et au débat après chaque point est un droit inaliénable de chaque membre de l’AG.
Dans le cas où personne ne réclame la parole, votre rôle se limite à soumettre la question au vote des membres présents. Par ailleurs, en son temps j’attirerai votre attention sur l’application des statuts que vous n’avez pas respectés pour la prochaine AG. Enfin, étant nouveau à ce poste et je peux à la limite comprendre que vous ne maîtrisez pas encore totalement vos missions et prérogatives. Je vous rappelle que vous n’avez aucun rôle politique et que vous devez vous limiter à assumer vos tâches administratives dans le STICT RESPECT DE NOS STATUTS et RÈGLEMENTS Y AFFÉRENTS», écrit Mohamed Raouraoua. On ne sait pas si le SG de la FAF a répondu à ce mail ou pas.
Veut-il reprendre la FAF ou placer son candidat ?
Zetchi a déclaré récemment que l’AG du 23 ne lui fait pas peur… Pourtant, il le devrait, parce que cette offensive de Raouraoua ne peut pas être un coup de bluff ou un combat perdu d’avance pour lui. L’ex-président de la FAF nous a habitués à gagner toutes ou presque les batailles dans lesquelles il s’engage, du moins localement. Quand il voit que ses chances sont minimes, il ne s’engage pas, comme ce fut le cas en mars 2017. La question qui s’impose présentement est la suivante : veut-il reprendre la FAF ou bien placer un candidat à la place de Zetchi ?
- B.