Alors qu’on s’attendait à un retour en force de l’équipe nationale à l’échelle internationale, sur le terrain, on a eu droit à des fantômes, des joueurs complètement dépassés et qui n’ont pas eu les ressources nécessaires pour aller marquer, ne serait-ce qu’un but, qui sauvera l’honneur d’une équipe, d’un public qui est venu en force pour donner de la voix. Un échec cuisant qui n’était pas forcément attendu, vu les signaux verts et les espérances que le public avaient en cette équipe, mais qui se sont transformées après seulement 4 jours de compétition en déprime.
Qu’est-ce qui n’a donc pas marché au sein d’un groupe où tout était préparé pour briller ? Quelles sont les principales raisons de cet échec inattendu ? On a essayé de vous en faire une petite synthèse, en retraçant les différentes stations depuis le début du stage à Sidi Moussa jusqu’à cette amère élimination. Un constat plein d’anomalies et d’imperfections qui doivent être corrigées si on ne veut pas rater d’autres objectifs, comme le prochain Mondial qui se profile à l’horizon.
Trop enfermer les joueurs leur a mis la pression
Depuis le début du stage au Bafokeng Sport Campus, la sélection algérienne a laissé paraître des signes de malaise. Dès leur installation dans ce centre sportif, ils ont été enfermés par les responsables de la sélection. Ainsi, aucun journaliste, ni même les supporters, pourtant présents en force pour donner un coup de main aux Verts, n’ont été autorisés à approcher les joueurs. Il faut dire qu’on a pu le vérifier depuis le début lorsqu’on a tenté d’assister à une séance d’entraînement, pourtant close. Ce jour-là, on a pu voir de nos propres yeux que Vahid était contrarié.
Cette attitude n’a, semble-t-il, pas porté ses fruits, puisque avec le temps, elle a stressé quelques éléments, pas forcément habitués à ce genre de traitement, leur mettant ainsi une certaine pression. On a même remarqué que certains de nos locaux ont eu la grosse tête, d’où le changement de leur caractère subi qui a été ressenti ensuite sur la pelouse avec une tonne de belles occasions gâchées.
Une chose est sûre, les Togolais ou encore les Tunisiens, pour ne citer que ceux-là, n’ont pas du tout adopté cette stratégie. Ils ont eu des moments de liberté, à l’image d’un Romao, qui a profité la veille du match face aux Verts d’un bon après-midi avec sa femme sur la plage artificielle de Sun City.
Absence d’un vrai leader
Ce fut l’une des craintes qu’on a évoquée depuis très longtemps, plus précisément depuis le retrait un par un des piliers de l’ancienne équipe versions Saâdane.
Le départ massif des joueurs a laissé place à un vide énorme que Vahid a fait en sorte de combler. Il a supervisé des joueurs, il a pris note, il a réussi quelques coups, comme celui de faire venir Feghouli, ou encore Ghoulam récemment, mais il a oublié de garder quelques piliers, des cadres, voire des leaders, capables d’être un soutien moral pour un groupe jeune qui manque d’expérience. D’ailleurs, c’est l’une des raisons qui ont poussé Vahid à rappeler Halliche malgré ses difficultés physiques, lui qui n’a pas joué depuis deux ans. Il a essayé tant bien que mal de prendre le relais de Ziani, Bougherra, Belhadj et Antar. Mais ce rôle est trop difficile à assumer lorsqu’on fait un retour et qu’on trouve de nouveaux visages.
Certains n’ont pas su assumer leurs responsabilités
Le match du Togo était celui de trop, où on a pu remarquer que certains joueurs n’étaient pas capables d’assumer leurs responsabilités, notamment sur la pelouse. Ils ont pris l’habitude de jouer à un niveau bas, ou même dans des clubs de second plan, et se retrouver du jour au lendemain face à des Drogba, des Adebayor, ou même Msakni qui était un risque énorme à prendre, d’autant que Vahid n’a pas hésité à les faire jouer et à leur refaire confiance. Une erreur de sa part que l’EN paye cash.
Des joueurs gâtés = des joueurs capricieux
Depuis quelque temps, la sélection algérienne ne trouve plus de difficultés à organiser des stages, à se préparer dans des endroits calmes. Le centre de Sidi Moussa a été réaménagé pour devenir le nouveau QG des Verts, autrement dit, la FAF a mis tous les moyens de réussite à la disposition de l’EN, et cela encourage de plus en plus de joueurs.
Certains n’ont pas été à la hauteur de la confiance du coach
Vahid en personne l’a déclaré lors de la conférence de presse que certains joueurs se prennent pour ce qu’ils ne le sont pas. Autrement dit, il a remarqué au sein du groupe qu’il y a des éléments qui ne veulent plus progresser et qui se croient désormais intouchables. Il a choisi de leur faire confiance, au final, sa confiance a été trahie. Mais vu l’échec essuyé, il risque d’avoir avec eux à l’avenir un comportement totalement différent.
Manque terrible de réalisme et d’efficacité
Que ce soit face à l’Afrique du Sud, la Tunisie ou le Togo, l’EN a toujours trouvé des difficultés pour imposer sa loi en attaque. Certes, parfois, on peut comprendre que les attaquants ne soient pas inspirés, mais le problème de la sélection est plus profond, puisqu’aucun des 11 joueurs n’est capable de marquer un but. En plus des ratages de Slimani, de Feghouli, et surtout de Kadir, on a vu aussi Belkalem et Halliche avant-hier monter ensemble sur les corners, mais eux aussi, ils n’ont pu faire mieux que leurs amis en attaque.
Le tueur que réclame Vahid n’est pas encore disponible
A la recherche depuis sa venue à la tête de l’EN de solutions pour mettre fin au mutisme du jeu des Verts, Vahid Halilhodzic a cru, à un moment donné, avoir enfin mis la main sur ce qu’il cherchait lorsqu’il a découvert Slimani.
Ce dernier a assumé pendant les éliminatoires son nouveau statut, mais dès ce premier grand examen, il a échoué et a montré ses limites. En même temps, Vahid n’a pas cessé de réclamer un tueur, un joueur capable de frapper là où personne ne l’attend, capable de faire la différence en tête à tête, de percuter et de débloquer des situations compliquées. En l’absence d’un joueur répondant aux critères cités, l’EN ne pouvait en aucun cas aspirer à marquer.
80% du groupe manque d’expérience
Au terme du match face au Togo, les joueurs se sont présentés devant la presse dans un état lamentable. Chacun tentait d’expliquer la débâcle, et le manque d’expérience était le point commun des déclarations de la majorité des joueurs. Ils l’ont évoqué comme principale raison de cette sortie prématurée de la CAN. Il faut dire que mis à part 4 éléments, le reste découvrait cette compétition de haut niveau qui aura eu raison des Verts.
Une préparation mise à l’index
Les techniciens et les connaisseurs ne sont pas arrivés à expliquer la déroute des Fennecs. La plupart ont remarqué que l’EN a dominé la plupart du temps ses adversaires sans la moindre efficacité. Autrement dit, le ballon tournait en rond sans atteindre son objectif. Cela prouve qu’il manquait un grand travail dans cette équipe, notamment le technico-tactique, car si Vahid a soumis ses joueurs à un rythme infernal depuis le début, il n’en demeure pas moins qu’il a un peu négligé le travail devant les buts qu’il a laissé en dernier. Mais au final, ça n’a donc pas suffi.
Le passage au 4-3-2-1 a fait perdre aux joueurs leurs repères
Même si face au Togo, Vahid a préféré l’abandonner pour revenir à son schéma initial, le 4-3-2-1 est l’une des causes de la panne qui a touché la machine des Verts.
Habitués depuis des mois à une tactique plus aérée avec seulement 2 récupérateurs, Vahid a voulu bétonner sa défense en ajoutant un troisième récupérateur. Derrière, cela a donné un résultat, mais cela a causé en même temps un déséquilibre fatal, puisqu’il est à l’origine du malaise offensif et du jeu brouillé auquel on a eu droit. Le 4-3-2-1 n’était sans doute pas ce qu’il fallait avec Slimani en pointe par exemple qui, à son arrivée à Rustenburg, avait le compteur expérience bloqué à zéro. En plus du fait qu’il a, en compagnie des autres locaux, une culture tactique très limitée.
Peu de matches amicaux, moins de cohésion
Entre les lignes défensives, ça a plutôt marché pour l’EN, le problème résidait dans la transmission du ballon vers les attaquants. Slimani s’en est plaint après le match en déclarant ne pas avoir reçu beaucoup de ballons, cela pouvait être travaillé avec plus de matches amicaux. L’EN avait largement le temps pour ça, mais Vahid avait choisi de ne jouer que deux matches, dont l’un face à une équipe des Platinum Stars-bis, des choses n’ont donc pas pu être faites dans les règles de l’art.
Absence de diversité dans le jeu et profondeur des paroles sur papier
Même s’il a promis de présenter une équipe offensive lors de la CAN, Vahid a changé d’avis au dernier moment en ayant recours à des tactiques ultra-défensives. Ceci dit, il pouvait bien en un seul match alterner entre plusieurs dispositifs, ce qui n’a pas été le cas. En tout cas, pas avant d’encaisser les buts comme avant-hier face au Togo, lorsque le coach a effectué plusieurs changement offensifs pour passer d’une tactique à l’autre.
Quant au jeu en profondeur que le Bosnien promettait, on en a vu que du feu, l’équipe s’amusait à écarter le jeu vers un Kadir transparent, plutôt par exemple, que d’aller peut-être servir un Slimani trop esseulé devant.
Des changements tardifs et des remplaçants oubliés, mais qui pouvaient apporter un plus
Les prestations de certains joueurs n’étaient pas à la hauteur, cela n’a pas échappé à la vigilance du public algérien. A un certain moment, en voyant Vahid insister sur certains éléments, on a eu comme l’impression qu’il voulait laisser les joueurs assis tranquillement sur le banc, mais qui pouvaient apporter un plus, à l’image de Boudebouz, ou encore de Bezzaz. Ce duo offensif pouvait apporter le plus qui manquait à l’équipe, d’autant qu’aux entraînements, ils ont montré de belle dispositions, mais tout ça n’a pas attiré l’attention de Vahid appelé à corriger toutes ces lacunes s’il veut avoir de meilleurs résultats à l’avenir.
S. M. A.