EN : Kaoua, un limogeage qui ne dit pas son nom

L’échec des Verts lors de la dernière CAN est collectif. Vahid Halilhodzic et ses adjoints, les joueurs et surtout la FAF devaient assumer leurs responsabilités et encaisser tous ensemble les conséquences de cette élimination au premier tour de la Coupe d’Afrique des nations. Ça n’a pas été le cas, puisqu’un seul homme, Abdenour Kaoua, a payé les pots cassés. Il a été limogé sans raison apparente. Pis encore, on a essayé de nous faire croire que son départ est dû à une maladie qu’il aurait attrapée subitement après leur retour du pays de Mandela.

Et pourtant, Kaoua n’était qu’un simple entraîneur des gardiens de but. Il n’avait absolument aucun mot à dire quant aux choix des joueurs, la méthode du travail ou le programme des entraînements. L’ancien gardien de but du Mouloudia d’Alger n’avait même pas la prérogative de donner son avis sur les gardiens de but dont il s’occupait. Choisir les portiers à sélectionner ou faire le classement des gardiens était pour lui impossible, parce que Vahid Halilhodzic monopolisait tout, prenait toutes les décisions, même les plus banales. Alors les questions qu’on pose et qui s’imposent sont les suivantes : pourquoi Kaoua a-t-il été limogé ? Quelle a été sa responsabilité dans l’échec des Verts ? Et surtout comment se fait-il que ce gardien au passé glorieux se taise et accepte à ce que la FAF avance, à travers ses relais, que son départ est dû à des problèmes de santé ?

 

Le silence complice de l’intéressé   

Pour répondre à ces questions, on a en premier lieu tenté de joindre Abdenour Kaoua avec l’espoir de le voir sortir de sa coquille pour apporter un peu de lumière à cette affaire restée sombre et mystérieuse. Mais comme on s’y attendait, le concerné a changé son numéro de téléphone et toutes nos tentatives de joindre un de ses proches ont été vouées à l’échec. On s’est donc rabattu sur la FAF, avec laquelle Abdenour Kaoua a un contrat moral et écrit, et là aussi, personne n’a accepté d’aborder ce sujet de peur des représailles. Vahid Halilhodzic, quant à lui, était à l’étranger et a refusé de répondre à nos appels incessants. Face à ça, notre curiosité n’a fait qu’augmenter et notre motivation a trouvé des réponses à cette énigme. On a donc emprunté des chemins «non officiels», et là, on a eu droit à des histoires surprenantes les unes que les autres  

Raouraoua a fini par lâcher son ami Kaoua 

Avant d’aborder les versions des uns et des autres sur les raisons de ce limogeage, on rappellera que c’est Mohamed Raouraoua en personne qui a sollicité les services de Kaoua, alors entraîneur des gardiens de but de l’Ittihad de Djeddah. Le moins que l’on puisse dire est qu’il lui a fallu beaucoup de temps pour le convaincre de lâcher son poste en Arabie Saoudite pour rentrer au pays. A cette époque là, Saâdane était à la tête des Verts et le but du président était de renforcer le staff technique des Verts par Kaoua et Benchikha. Les choses ne se sont pas déroulées comme le souhaitait Raouraoua, puisque Saâdane a refusé, juste après la victoire face à l’Egypte 3-1 à Tchaker, de prendre d’autres adjoints. Kaoua et Benchikha ont donc été reversés avec les A’. Ce n’est qu’après le départ de Saâdane que l’ex-gardien du MCA a intégré l’équipe fanion. Le match cauchemardesque des Verts à Marrakech a fini par emporter tout le staff technique ou presque. Kaoua a survécu à ce remue-ménage. Il a une nouvelle fois bénéficié du soutien de Raouraoua.

Jusque-là, Abdenour Kaoua bénéficiait du soutien du président jusqu’à ce que ce dernier ne décide de le lâcher. Vahid a exigé son départ immédiat, Raouraoua a fléchi et a répondu favorablement au Bosnien. Les tentatives du président de le repêcher et de l’intégrer dans le staff des A’ ont été vaines. Kaoua, touché dans son amour-propre, a décide de jeter l’éponge avant de rentrer à Constantine pour se ressourcer auprès de sa famille. Il a évoqué des raisons de santé.

Chacun sa version, chacun son histoire

Pour ce qui est des raisons de cet étrange départ, plusieurs versions ont été relatées par des personnes proches du staff technique national.

C’est ainsi qu’un membre de la délégation algérienne présent en Afrique du Sud a rapporté que

«Abdenour a été limogé, parce qu’on a rapporté au sélectionneur national que des joueurs fumaient (la chicha ?) dans une chambre d’un joueur, et que Kaoua qui était au courant n’a pas daigné informer le sélectionneur national.

Au cours de l’enquête menée par le Coach Vahid, ce dernier a appris que Kaoua, son adjoint, était au courant de l’existence de ce manège et qu’il a sciemment fait de ne pas jouer les «indics». Vahid a pris cela comme une trahison et c’est à partir de là qu’il a décidé de ne plus faire confiance à Kaoua.

Une autre version qui n’a absolument rien avoir avec l’histoire de la chicha nous a été raconté par une autre personne très au fait de la vie des Verts. Il explique les raisons du départ de Kaoua : «Vahid s’est éloigné de Kaoua après le renvoi de Chaouchi du stage de Dar Diaf l’été dernier. Il y a eu un clash entre les deux hommes, puisque Kaoua a voulu se montrer conciliant avec Faouzi Chaouchi au moment où Vahid, lui, a pris sa décision de renvoyer le gardien du MCA. Depuis cet incident, le courant ne passait plus entre les deux hommes. Si Vahid ne s’est pas prononcé sur la question, il ne voulait pas perturber la sérénité du groupe.

L’autre version relatée par un joueur présent en Afrique du Sud dit que Vahid n’aimait tout simplement pas Kaoua. «Au début, Vahid consultait Kaoua et prenait son avis sur chaque décision, mais depuis quelques mois, les deux hommes ne se parlaient presque jamais. Vahid était plus proche de Moine et Brixi qu’il l’était avec Kaoua et Kourichi. D’ailleurs, je suis surpris que Noureddine n’ait pas été limogé lui aussi, parce que franchement…», nous dira notre source. La dernière histoire à laquelle on a eu droit concerne Mbolhi et le rôle négatif qu’aurait joué l’entraîneur en chef des gardiens dans cette histoire. «Vahid comptait sur Kaoua pour suivre le championnat local. Il l’envoyait dans différents stades pour lui dénicher un gardien de but capable de bousculer Mbolhi, mais ce dernier revenait à chaque fois les mains vides. Même quand il l’envoyait superviser des joueurs de champ, les rapports de Kaoua ne plaisaient jamais à Vahid. Je pense qu’Halilhodzic tient Kaoua pour responsable de son choix par défaut à Mbolhi. Même le travail qu’il faisait avec Doukha ne lui plaisait pas. Et pourtant, Abdenour n’est pas né de la dernière pluie et sa compétence est indiscutable…», nous a avoué une autre personne très au fait des affaires de la sélection.      

 

Viré et c’est tout…

Il se pourrait que toutes ces versions soient justes et que le cumul de ces histoires a provoqué cette décision de renvoyer Kaoua. Il est possible aussi que le renvoi de l’entraîneur des gardiens de but de la sélection soit une décision prise sans raison valable. Il a fallu un bouc émissaire et le choix est tombé sur le pauvre Kaoua. Quelles que soient les raisons de ce limogeage qui ne dit pas son nom et qui suscite beaucoup d’interrogations, on est dans l’obligation de dire et de penser qu’il aurait été plus professionnel que la FAF rédige un communiqué dans lequel elle expliquera ou essayera au moins de justifier une telle décision. On a souhaité aussi que l’intéressé, Abdenour Kaoua, fasse une déclaration dans laquelle il dénoncerait son limogeage ou alors il soutiendrait la version de la FAF qui dit qu’il est malade et incapable de tenir son poste au sein du staff des Verts. Mais comme cela n’a pas été le cas, on sera obligés de se contenter de ces différentes versions qui, rappelons-le, sont racontées par des personnes proches de la FAF, du staff et des joueurs.

  1. B.  

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