- Vous paraissez très ému par cette cérémonie en votre honneur. Un commentaire ?
- Je suis très content, je ne le cache pas. Cette initiative qui a rassemblé toute la famille sportive de Relizane et les journalistes de la région ouest dans un climat de fraternité est un moment de bonheur pour moi. Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui, et puis, pour vous dire franchement, vous m’avez manqué, vous tous, le pays, je veux dire.
- Est-ce que vous vous attendiez à une cérémonie comme ça, rien que pour vous ?
- Non, franchement, mais ça m’a fait plaisir et j’ai apprécié. J’espère qu’on ne devrait pas s’arrêter sur Haïmoudi, il faut qu’elle touche d’autres symboles de la ville de Relizane.
- Parlez-nous de votre parcours lors de cette dernière CAN.
- Et bien, je me suis très bien préparé mentalement et physiquement pour ce challenge. J’ai suivi un programme avec plusieurs techniciens. On commence les entraînements dès 9h jusqu\'à 11h, suivi d’un débriefing sur l’analyse des matches, ce qui restait de la journée, c’était des balades pour décompresser.
- Est-ce que vous vous attendiez à être désigné pour le match d’ouverture, et notamment, le plus important de tous, celui de la clôture ?
- Pour ce qui concerne le match d’ouverture, j’avoue avoir eu un grand espoir de le diriger, parce que j’ai reçu le titre du meilleur arbitre d’Afrique. Quelques petits indices m’indiquaient çà et là que ce match était pour moi, oui, je l’avoue. Pour ce qui concerne la finale, je n’ai à aucun moment pensé la diriger, surtout au tout début de la compétition, parce que pour moi, l’équipe nationale de mon pays, je la voyais en finale. Mais une fois les Verts éliminés, je ne vous cache pas que quelque part, je m’étais dit qu’il serait intéressant pour moi, Algérien, d’en faire un objectif. La suite vous la connaissez. Je pense honnêtement avoir été le mieux préparé, et le match de la Côte d’ivoire-Nigeria a fait augmenter ma cote.
- Comment vous avez préparé et vécu cette finale ?
- Je ne vous cache pas que j’avais une grosse boule au ventre pour la grande responsabilité envers mon pays. C’est une finale de CAN et l’arbitre est algérien, je me devais de réaliser un sans-faute. Pour moi, c’est une question de fierté nationale, c’était pour moi un devoir de faire un grand match et d’arbitrer avec tout mon savoir-faire. Pour ainsi dire, j’avais le trac, mais avant de rentrer sur la pelouse du Soccer City Stadium, j’ai reçu un coup de fil du président de la FAF, M. Raouraoua. Ce dernier m’avait dit : «Mon fils, tous les Algériens sont derrière toi et ils te soutiennent à fond.» Vous ne pouvez pas savoir ce que cela m’a fait du bien. J’étais gonflé à bloc et concentré au maximum. Tout le pays me regardait, je me suis surpassé pour l’honorer.
- Et après le match ?
- Après le match ? (Il reste un court moment, les yeux dans le vide, larmoyant) Après le match ? Je ne peux pas l’expliquer en quelques mots. J’étais heureux, fier et très ému à la fois, surtout quand j’ai vu la joie dans les yeux des organisateurs et les félicitations du président de la FIFA, M. Blatter et de la CAF, M. Hayatou, et de Hadj Raouraoua, ainsi que le président de la commission des arbitres de la CAF, M. Tarek.
- Revenons un peu en arrière, si vous le permettez. Est-ce que vous rêviez d’atteindre ce haut niveau lorsque vous avez commencé l’arbitrage, il y a de cela quinze années ?
- Pour être clair avec vous, toute personne a un rêve en étant petit. Il y a ceux qui le réalisent à court terme et d’autres à long terme. Ces rêves grandissent avec la personne. Pour moi, mon but dans l’arbitrage était d’être un international. Après l’avoir eu, je voulais arbitrer la Ligue des champions d’Afrique, et je ne me suis pas contenté de cela, j’avais faim de notoriété et de beaucoup d’ambitions. J’ai fait la coupe d’Afrique, obtenu le statut du meilleur arbitre africain. On peut dire que j’ai tout obtenu, et le seul défi qui me reste, c’est d’arriver avec mon pays à la Coupe du monde en 2014.
- Apres la fin de la CAN, quel est votre programme pour la suite ?
- Je vais prendre un peu de repos, et après, je recommence ma préparation et mes activités à la Ligue de Relizane et suivre le programme de la FAF pour ce qui reste du championnat national. Après quoi, je vais avoir un entretien avec le président de la Commission fédérale d’arbitrage, M. Belaïd Lacarne, pour évaluer ma performance dans la CAN. Sur le plan international, nous avons deux stages, le premier à Casablanca au Maroc fin avril, et le deuxième à Rio de Janeiro au Brésil du 25 au 30 mai prochain pour la préparation de 3 rendez-vous internationaux : La Coupe des confédérations du 15 au 30 juin au Brésil, la Coupe du monde des U20 en Turquie du 25 juin au 22 juillet et la Coupe du monde des U17 aux Emirats arabes unis. Voilà, vous savez tout maintenant (rires).
- Un mot pour la fin…
- Je remercie toute la famille journalistique algérienne et le journal El Balegh qui m’a honoré. Je n’oublie pas aussi votre quotidien Compétition ainsi que tous les Algériens et les habitants de la ville de Relizane qui m’ont soutenu. J’ai une pensée très forte à ma défunte mère que Dieu ait son âme. Je suis fier de ma famille et de mes enfants Mohamed, Abdellah et Yousra.
G. B.