- Le Real n’a pas pensé à vous recruter ?
- Non, comme je vous l’ai dit, seul l’Atlético Madrid était intéressé par mes services.
- En 1982, malgré des noms ronflants et de grands matchs…
- Le passé, c’est le passé, on ne peut rien y changer, il faut parler du futur.
- Votre avis sur la participation au Mondial d’Espagne où tout le monde s’attendait à vous voir. Etait-ce des choix tactiques ?
- Non, pas du tout, il n’y avait aucun choix tactique. Un joueur est venu me proposer de faire un groupe afin que tel ou tel élément soit titulaire, j’ai refusé, chacun joue pour lui-même. Finalement, ils ont constitué un groupe pour faire jouer ce joueur, c’était le seul à ne pas avoir eu sa place dans l’équipe.
- En 1986, lors d’un match éliminatoire pour le Mondial mexicain, l’Algérie menait 3-0 face à l’Angola puis le match s’est achevé sur le score de 3-2, certains ont incombé la responsabilité à vous et à Merzekane. Qu’avez-vous à dire à ce propos ?
- Je n’accorde pas d’importance à ce genre de dires. C’est ça le charme du football, tu mènes et tu te retrouves mené, tu fais match nul, et à la fin, tu gagnes, ça n’a rien à voir. D’ailleurs, après cet épisode, j’ai décidé de ne plus jouer en équipe nationale. On a eu un vif échange avec l’entraîneur qui m’a dit que j’allais être suspendu, alors j’ai arrêté. A cette époque, Merzekane et moi, on jouait avec un cigare. Tous les joueurs du monde commettent des erreurs. La question que je me pose est la suivante : avec des entraîneurs de renom, qu’aurait fait l’EN de 1982 et 1986 ?
- Pourtant, il y avait l’illustre technicien de l’ex-Yougoslavie, le grand Rajkov…
- On ne l’a pas laissé travailler, on l’a arrêté bien avant.
- Selon Abdelkader Meziani, Rajkov lui avait dit que vu qu’il évoluait à l’USMH, il ne pouvait pas jouer, un commentaire ?
- Je ne peux rien vous dire sur ce sujet, je n’étais pas présent. Si Meziani l’a dit, il ne ment pas.
- Quel est le but qui reste gravé dans la mémoire d’Alilou …
- Il y en a beaucoup quand même. Celui face à Boufarik au 5-Juillet, ou celui contre la JSK, le fameux 3-2, ou encore contre les Canaris 1-0, le tableau était éteint et les fans déjà sortis. La belle époque.
- Vous étiez connu pour les petits ponts aussi qui ont fait vibrer les gradins…
- Il n’est pas donné à tout le monde de faire un petit pont. Un petit pont, tu le fais quand tu n’as pas de solutions. Exemple : tu roule en voiture et tu tombe dans l’encombrement. Un petit pont, c’est comme trouver une issue pour sortir de la circulation. Sur le terrain, ça te permet d’ouvrir une brèche dans la défense adverse. Tu débloque la situation. Le public aime, et toi, tu as trouvé la solution pour démarquer tes camarades afin de te positionner.
- Concernant l’EN actuelle, tout le monde a dit qu’elle joue bien, qu’en pensez-vous ?
- J’aimerais bien savoir ce que veut dire pratiquer du beau football. Les statistiques parlent de possession… J’ai entendu dire qu’on avait atteint les 68% de possession, c’est bien, nous sommes devenus le Barca. Sauf que Barcelone avec une telle possession de balle, elle plante quatre banderilles, remporte la coupe d’Europe. Le fait d’avoir posé la balle et d’avoir bien joué est une bonne chose, ça prouve qu’Halilhodzic est en train de travailler, mais la finition est absente ; d’accord, ça viendra en bossant. Quand on prépare une équipe nationale pour participer à la Coupe d’Afrique, c’est qu’on a choisi les meilleurs. Il faut placer un système de jeu fait de circulation de balle, c’est bien, mais après on est éliminés.
- Donc pour vous, le problème réside dans la valeur du joueur ?
- Pas tout le monde, il y a des joueurs comme Boudebouz qui a sa place, Ziani aussi.
- Mais le sélectionneur a dit que le championnat du Qatar n’est pas d’un bon niveau…
- Il faut savoir dans quelles équipes évoluent nos joueurs et le mettre noir sur blanc, et c’est à vous, journalistes de le faire. Est-ce que notre gardien de but avait un championnat où évoluer ? Il n’en avait pas, alors pourquoi a-t-il joué ?
- Justement, Halilhodzic préconisait de faire appel aux joueurs compétitifs, mais lors de la CAN en AFS, Mbolhi a participé. Pourquoi Vahid a-t-il changé de politique ?
- C’est simple, car il a un bon salaire.
- Tout le monde parlait de Chaouchi au lieu de Mbolhi…
- Je ne suis ni pour Mbolhi ni pour Chaouchi, je sais une chose
simple, il faut avoir les meilleurs gardiens qui jouent et qui
brillent dans leur championnat.
Mbolhi, s’il ne joue pas, il n’a pas sa place à l’EN.
- Que pensez-vous du fait que l’EN est composée d’un grand nombre d’émigrés ?
- Moi je dis qu’il faut choisir les meilleurs dans chaque poste. Un joueur qui joue dans les meilleures équipes, comme Boudebouz qui joue à Sochaux, ou Feghouli à Valence, il doit avoir à ses côtés des joueurs de qualité. Feghouli a tourné en rond, mais n’a rien pu faire.
- On parle de manque d’expérience parfois aussi, alors que vous avez participé à la CAN à l’âge de 20. Qu’en dites-vous ?
- L’expérience commence à 17 ou 18 ans. A cet âge-là, tu joues en senior ; à 21ans tu gagnes en expérience. Ce n’est pas en devenant vieux que tu deviens un joueur d’expérience. Il faut un entraîneur de qualité, des dirigeants de qualité aussi, le président de la Ligue nationale doit être à la hauteur et le président de la FAF. Tout le monde doit accomplir ses tâches pour sauver le foot national.
- Mais le président de la FAF a réussi dans son rôle en participant après une éternité au Mondial…
- Je n’ai jamais vu la presse demander au président de la FAF de faire son bilan. Il est là pour le développement du football pendant son mandat. Après 24 ans, on se qualifie en Coupe du monde et on ne fait rien de bon. En CAN, on est éliminés du premier tour. Faites votre constat.
- L’EN s’apprête à livrer une bataille pour arracher une place au Mondial. A votre avis, est-ce possible ?
- En toute sincérité, je ne connais pas bien l’EN. Je l’ai vue contre le Togo, une équipe vraiment faible. J’ai vu aussi le but de la Tunisie. Capable ou pas de se qualifier, honnêtement je ne sais pas, car je ne la connais pas. Cela dit, je ne suis pas contre le maintien d’Halilhodzic au moins jusqu’après le Mondial.
- On dit qu’il y a des hommes qui travaillent à vos côtés dans l’ombre, pouvez-vous les citer ?
- Vous me donnez l’occasion de rendre hommage à Kaoua et à Abdelghani Salhi.
- Pour finir, vous êtes Barça ou Real ?
- Barça, bien sûr !
M. Z. / I. Z.