EN : la concurrence est désormais totale

Depuis le stage de Marcoussis, qui a marqué le début de son règne, le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, a toujours répété, même martelé, et cela jusqu’à sa dernière conférence de presse samedi dernier, que l’un de ses objectifs principaux était d’instaurer en équipe nationale une concurrence totale.

 Le bBosniaque avait constaté à son arrivée, que l’une des causes du mauvais rendement de la sélection, sous la fin du règne Rabah Saâdane et durant la totalité de celui d’Abdelhak Benchikha, était essentiellement due à un « embourgeoisement » des cadres de l’époque, qui étaient assurés, quoi qu’il arrive et quoi qu’il se passe, à conserver leur poste. Cet état de fait, pour le head coach des Verts, a eu pour effet de faire diminuer la grinta des joueurs et leur implication à travailler dur à l’entrainement, puisque les places étaient assurées. Et a par la même démotivé aussi les remplaçants ou la jeune génération, découragée à l’idée de ne pas jouer de toute façon sauf accident.

Halilhodzic met les joueurs sous pression

Le Bosniaque a toujours eu à l’idée de faire progresser l’équipe en instituant une totale émulation entre tous les footballeurs algériens en activité d’où qu’ils viennent, aussi bien expatriés que locaux. Il avait à l’idée de motiver tout son monde en instaurant l’idée qu’à chaque stage, on repartait de zéro et que n’importe quel nom des 23 convoqués pouvait se retrouver dans le 11 de départ. Il a compris que le seul moyen d’y arriver était d’orchestrer une totale redistribution des cartes en équipe nationale et a dû procéder dans un premier temps à la mise à la retraite forcée ou non de certains cadres, comme Karim Ziani par exemple, et au recrutement massif de joueurs locaux et de jeunes évoluant en Europe qu’il a mis dans le bain.

Les blessures ont gêné le déroulement de son plan au début

Le constat fait, et les symboles brisés, l’opération concurrence totale de coach Vahid s’est heurtée à une cascade de blessures impressionnantes et à certains binationaux qui ont mis plus longtemps que prévu à répondre à l’appel du drapeau.

Même le poste de capitaine n’échappe pas à la règle

Mais, malgré le fait que l’infirmerie verte continue à se remplir, l’échec de la CAN 2013 et la venue en masse des derniers binationaux ont permis à la situation de se décanter et ce stage préparant Algérie – Bénin entrera dans l’histoire comme étant le premier stage où une concurrence  totale , quel que soit le poste, aura été installée. Le discours sans langue de bois, clair, net et sans bavure de l’entraîneur national à propos du comportement de ses joueurs sur et en dehors du terrain est la preuve qu’il sera impitoyable avec les vaincus. Même le poste de capitaine n’échappe pas à cette règle avec un Madjid Bougherra en numéro 1 d’une courte tête, avec derrière une concurrence sans merci entre Mehdi Lacen, Medjani et Guedioura, alors qu’il fut une époque où Yazid Mansouri avait été capitaine plus de trois ans de suite.

Gardiens : Doukha fait chanceler Mbolhi

Alors que l’on croyait qu’au lendemain du deuxième match de l’équipe nationale, lors de la Coupe du monde 2010, Algérie – Angleterre (0-0), Raïs Mbolhi, surnommé Spider man par ses fans, avait signé un contrat à durée indéterminée au poste de gardien numéro 1 de la sélection, force est de constater que depuis l’arrivée d’Halilhodzic, son poste est menacé. Menacé certes par l’avènement du gardien de l’USM El-Harrach, Azzedine Doukha certes, mais aussi par le fait que Mbolhi, jadis numéro1 inamovible, soit devenu fébrile parce qu’il sait qu’un gardien meilleur que lui peut l’éjecter de sa place dans la cage de l’EN. On peut poser le problème autrement. Est-ce que Doukha aurait autant travaillé et aurait été aussi motivé dans l’ancien système où il était quasiment assuré de ne jamais jouer numéro 1. Rien n’est moins sûr. Conséquence inattendue de « cet appel d’offres » à pourvoir tous les postes de l’équipe nationale, il y a même bataille pour le poste de deuxième et troisième gardien entre Cédric et Zemmamouche. Aussi, le retour de Faouzi Chaouchi ne dépend que de Vahid Halilhodzic mais aussi des performances du gardien de but des Mouloudéens d’ici la fin de saison.

Défense : deux fauteuils pour quatre

Même si c’est un domaine où d’ordinaire le turn over est déconseillé, la retraite d’Anthar Yahia et la longue blessure de Bougherra ont forcé le Bosniaque à lancer ou relancer des joueurs qui étaient sur le banc et qui attendaient leur heure, comme Medjani ou Belkalem, ou qui étaient dans le trou comme Halliche. Comme à ce poste, depuis la fin du duo « Yahia – Bougherra » le duo Belkalem – Medjani n’arrive toujours pas à se détacher. Dans ce compartiment, on peut dire que la concurrence continuera entre les quatre protagonistes : Bougherra, Medjani, Halliche et Belkalem, jusqu’à ce qu’une charnière centrale donne totalement satisfaction à l’entraîneur national.

Côté gauche : Ghoulam talonne Mesbah

Depuis la décision du « TGV » Nadir Belhadj de prendre sa retraite, dans l’inconscient collectif, on ne voyait pas qui d’autre que l’ancien Milanais et néo-Parmesan, Djamel Mesbah, pour le poste d’arrière gauche titulaire. Mesbah a d’ailleurs donné satisfaction et occupé ce poste de titulaire, y compris après l’arrivée de Faouzi Ghoulam, le Stéphanois, dans le « club Algérie ». Le problème, c’est que « Mesbahissimo » s’est blessé juste avant le match Algérie – Bénin, et qu’il a donné involontairement, la nature ayant horreur du vide, sa chance à Ghoulam qui l’a saisie en rendant une bonne copie et en se permettant même de faire une passe décisive sur le premier but de Feghouli, en centrant en première intention sans tergiverser. La tergiversation, le péché mignon de Mesbah. Ce match de Ghoulam a fait monter sa cote auprès de coach Vahid et l’a fait se positionner dans la roue de Mesbah comme on dit dans le jargon cycliste, quasiment dans ses talons.

Côté droit : Mostefa bat Cadamuro au sérieux

Côté droit, après que le bon vieux soldat Mehdi Mostefa ait, par devoir, dépanné au poste d’arrière droit, un poste qui ,rappelons-le, n’est pas le sien, on se disait que l’arrivée de l’arrière droit de la Real Sociedad, Liassine Cadamuro, allait solutionner définitivement un poste vacant d’un défenseur droit de métier depuis trop longtemps. Et bien une CAN et un match plus tard, Cadamuro n’a pas convaincu le head coach des Verts en Afrique du Sud et s’est retrouvé la cible d’une sanction disciplinaire à la suite de son absence injustifiée au dernier stage. Il semble que le «  bon vieux grognard » de « Napoléon Vahid » soit en passe, grâce à son sérieux et son abnégation, en train de remporter la bataille face au fantasque Cadamuro Bentayba.

Récupération : Taïder pousse Guedioura et Lemouchia sur le banc

Alors qu’on croyait ce secteur de la récupération figé avec les capitaine et vice-capitaine, Mehdi Lacen et Adlène Guedioura au poste de numéro 1 et numéro 2 avec Lemouchia sur le banc, il semble que les 90 minutes de Saphir Taïder soient en train de faire bouger les choses. Car avec son match exceptionnel à la récupération et même à la relance, le jeune et fougueux joueur de Bologne ait donné un sérieux coup de vieux à Adlène Guedioura, qui paraissait au ralenti, emprunté et très loin techniquement. Il est sûr que la prestation de Taïder a dû déjà mettre à Vahid Halilhodzic l’eau à la bouche de le voir associé avec Lacen lors du prochain match. Medhi Lacen récupérerait les ballons tout en stabilisant le milieu, laissant des bons de sortie à Taïder pour soutenir les attaques et récidiver en marquant des buts. Si Guedioura ne se reprend pas lors du prochain match amical face au Burkina Faso, et que Taïder reste à ce niveau, il pourra dire adieu à sa place de titulaire.

Milieu : une guerre de tranchées

Ce poste de milieu de terrain, meneur de jeu, est le plus explosif en ce qui concerne la concurrence, puisqu’il est le poste où traditionnellement il y a le plus de joueurs algériens. Et en équipe nationale, il y a pléthore de milieux de terrain de haut niveau alors qu’il n’y a malheureusement que deux places à pourvoir puisque dans le système mis en place par Halilhodzic, Soudani occupe la troisième place, côté gauche en temps que deuxième attaquant, pour soutenir l’attaquant seul en pointe. Vahid ayant l’embarras du choix, gare à la moindre petite erreur dans le jeu, à l’entraînement, où même en dehors des terrains, car elle risque de se payer cash. Demandez à Boudebouz et Kadir ce qu’ils en pensent. Dans ce compartiment, Sofiane Feghouli, encore buteur mardi soir, occupe le poste de numéro 1, Brahimi qui vient d’arriver est encore en phase d’évaluation et aura encore deux ou trois chances pour convaincre et Djabou s’est invité au festin en faisant face au Bénin trois minutes de toute beauté. En perte de vitesse Fouad Kadir, auteur d’une mauvaise CAN et Ryad Boudebouz, pour cause de sanction disciplinaire.

Attaque : les statistiques désigneront le vainqueur

Pour terminer, le sujet le plus sensible et le plus cornélien auquel coach Vahid aura à y faire face, c’est celui de l’attaque. Pardon celui de l’efficacité offensive, qui nous a fait couler lors de la dernière CAN et nous a fait cruellement défaut mardi soir malgré le score de 3 à 1, qui aurait pu être, au vu des occasions manquées, plus lourd encore. A ce poste qu’il connaît bien, Vahid Halilhodzic a fait appel à toutes les forces vives de la nation. Rafik Djebbour, meilleur buteur du championnat grec, Nabil Ghilas, meilleur buteur du championnat portugais, Hillal Soudani, le seul buteur dans le jeu lors de la dernière CAN et Islam Slimani, attaquant du CRB, qui a toujours donné satisfaction à Tchaker. Il a même convoqué Ishak Belfodil, mais celui-ci réfléchit encore aux dernières nouvelles. A ce poste, plus que le cv, le seul critère qui déterminera le ou les titulaires sera l’efficacité avec l’équipe nationale. Face au Bénin par exemple, l’attaquant du CRB a marqué et pas celui de l’Olympiakos. Les statistiques risquent d’être les seuls critères de sélection du Bosniaque.   

Mohamed Bouguerra

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