EN-Kheireddine Zarabi : «Une revanche sur le sort»

Issu d’une famille de footballeurs, Kheireddine Zarabi joue au Portugal, l’ancien joueur du RCK, de l’ESS et du CRB vient d’accéder avec son club en première division, il revient sur cet exploit et nous parle de sa vie au Portugal.

- Vous venez de réaliser le rêve de toute une ville en contribuant à l’accession du FC Arouca en Liga Zon Sagres (D1 au Portugal), quelles sont vos impressions ?

- C’était l’objectif de l’équipe, ce n’est que lors des dernières journées qu’on a pu la garantir, je suis content tout comme les nombreux fans de l’équipe et tout la ville d’Arouca qui entre dans l’histoire.

- C’était l’objectif de la direction depuis le début ou bien l’appétit est venu en mangeant…

- Depuis l’année dernière, on avait des blessures, on s était contentés du maintien, mais cette année, il y a eu un renouveau, on a recruté des joueurs, et le premier objectif était l’accession.

- Vous avez joué cette année…

- J’étais suspendu au début, à cause du célèbre problème de suspension pour dopage. Après, j’ai repris, c’était au tour ensuite d’une blessure de venir me déranger, un déboitement de l’épaule, mais petit  à petit je suis revenu, c’était dur car le train était en marche, mais, malgré tout, j’ai fini par jouer grâce au soutien de l’entraîneur et du président.

- C’est votre première accession depuis que vous jouez à l’étranger, n’est-ce pas ?

- Effectivement, car mon entrée dans ce pays s’est faite directement en D1, via le portail de Belenenses, puis c’était Setubal avant de rater d’un cheveu l’accession avec Leixox, et, finalement, j’ai enfin pu réaliser cet exploit avec Arouca.

- Vous avez fêté comme il se doit votre accession avec une parade et des milliers de fans tous heureux de cet exploit…    

- Oui, avec le bus et on a sillonné les rues d’Arouca. Il y avait une magnifique ambiance.

- D’après ce qu’on a pu voir à travers les photos de cette parade, Arouca n’est qu’un petit village…

- Oui, exact, c’est un petit village situé à quelques 50 minutes de Porto, ceci dit, il y a tout ici, et on ne se sent pas du tout isolé et l’année prochaine, incha Allah, on, aura droit à un derby Arouca-Porto, ça promet d’être chaud, quand je vois la joie des fans après cette accession, la fête ne va pas s’achever de sitôt.

- Il y a une grande ferveur autour de ce club, le confirmez-vous ?

- C’est vrai, n’oubliez pas, il y a de cela 5 années, cette équipe n’existait pratiquement pas, elle était encore dans les divisions inferieures, mais du jour au lendemain, il y a eu l’arrivée du président actuel qui s’est lancé dans ce défi qu’est de placer Arouca parmi les clubs de l’élite, le club a donc enchaîné les accessions jusqu’à atteindre le premier palier aujourd’hui, et ce en mettant les moyens et en recrutant de bons joueurs et un bon entraîneur. 

- Le chemin suivi par Arouca ressemble étrangement à celui de l’Arba ici au bled…

- (Rire). Oui, on peut dire ça.

- Revenons à vous, on peut dire que Kheireddine Zarabi est revenu de loin vous qui étiez suspendu pour dopage l’année passée, non ?

- Je vais d’abord revenir sur cette histoire, tout ce qui s’est passé c’est que notre préparateur physique nous donnait des vitamines pour nous aider à mieux récupérer, vu qu’on jouait souvent deux fois par semaine, ces vitamines, tous les footballeurs portugais en prennent, et un jour un athlète contrôlé positif en Allemagne a tout chamboulé et cela a coïncidé avec un contrôle antidopage que j’ai effectué après un match avec un coéquipier, et nous avons payé pour une erreur que nous n’avons pas commise, le prix était cher : 7 mois de suspension.

- Il vous fallait donc une saison comme celle-ci pour vous racheter…

- Oui, et Dieu merci, je peux aujourd’hui dire que j’ai pris ma revanche sur le sort.

- Depuis que vous avez quitté le pays pour monnayer votre talent à l’étranger, peut-on dire que cette aventure avec Arouca est la plus réussie ?

- Et la plus spéciale, l’accession est quelque chose de très fort, en accédant on est entrés dans l’histoire, un petit village qui place son équipe parmi les plus grands, comme vous me l’avait dit tout à l’heure c’est le même sentiment que ressentent les gens de l’Arba, voire Aïn Fakroun cette année. 

- Les Algériens les plus connus au Portugal sont ceux évoluant en sélection, à savoir Ghilas, Soudani et Halliche, est-ce qu’il vous arrive de les rencontrer ?

- Ghilas je l’ai déjà rencontré, car il y a des joueurs qui jouent avec moi et qui ont évolué avec lui à Moreirense, on ne se connaît pas bien, quant à Soudani et Halliche de temps en temps, on se voit à Porto, quand on y va pour s’approvisionner en viande halal, on parle aussi au téléphone, car je les connais depuis qu’on était au pays, moi et Halliche on se voyait depuis bien longtemps surtout qu’il a joué ici à Madeira, et j’ai même joué contre lui.

- La presse au Portugal parle souvent d’eux, ils sont respectés grâce à leur statut d’international, pas vrai ?

- Oui, mais ici, il n y a pas de place pour les sentiments, quand tu n’es pas en forme, on te critique, contrairement à chez nous où une certaine presse vous caresse souvent dans le sens du poil même quand vous ne jouez pas bien…

- On a vu que votre grand frère Abderraouf est très content pour toi, il publie sur les réseaux sociaux plus de photos de vous que de lui après votre accession…

- C’est vrai, ça me fait plaisir, d’ailleurs c’est grâce à lui et à toute ma famille que j’aie pu surmonter les difficultés, mon frère et mon père m’ont toujours guidé dans ma carrière grâce à leur expérience.

- Il est en Finlande actuellement, le pays que vous avez rejoint après votre départ du pays, vous l’avez sûrement tuyauté ?

- Oui, un peu, mais mon frère a assez d’expérience, c’est plutôt à lui de m’aider et de me diriger, c’est mon premier appui.

- Parlons un peu de l’EN, cette dernière a toujours eu des problèmes dans l’axe de la défense, mais jamais on a pensé à vous…

- J’aime mon pays, et ce n’est pas en mettant un bracelet aux couleurs de l’EN que je vais le prouver comme le font la plupart maintenant, ceux qu’on a connus avec les récents succès de l’EN et la qualification au mondial, moi aussi j’aime l’Algérie et j’ai défilé avec le drapeau après notre accession, j’ai joué en D1 et en D2 portugaises, mais jamais on ne s’est intéressé à moi.

- Peut-être qu’avec cette accession les choses vont changer…

- Je ne suis pas nouveau en D1 portugaise, je vous dis la vérité, je crois tout simplement que j’ai été marginalisé à cause de ce qui s’est passé avec mon frère en sélection (NDLR : il a eu des problèmes avec Raouraoua et Saâdane), on s’est vengés sur moi, et on me reproche d’être le frère d’Abderraouf, mais moi je reste à la disposition des Verts même à 40 ans je ne leur dirai pas non car c’est de mon pays qu’il s’agit.

- Les plus beaux moments de votre carrière ici au pays, vous les avez passés au RCK, d’ailleurs les fans de cette équipe n’oublieront jamais le duo que vous composiez dans l’axe avec Liadé le Burkinabé, qu’avez-vous à dire de la situation dans laquelle patauge le club en D2 amateur ?

- Je suis fier d’avoir porté les couleurs de ce club, mais il y a trop de pression là-bas, ils ne laissent pas les gens travailler, il y a trop de changements aussi, et c’est le club qui paye cash ce laisser-aller, sincèrement ça fait mal au cœur de voir le club descendre et trouver du mal à remonter, j’espère que les choses évolueront bientôt dans le bon sens, je garde le contact avec les supporters du Raed via facebook, ils m’ont toujours soutenu, et jamais ils m’ont insulté, malgré tout ce que j’ai vécu comme difficultés avec le club.

- Cet été vous serez en fin de contrat, est-ce que vous envisagez de rester à Arouca ou partir ailleurs ?

- Effectivement, j’avais signé deux ans qui prendront fin cet été, j’attends d’ailleurs mon manager pour y voir plus clair, mon club veut me garder en profitant d’une option dans mon contrat qui lui donne cet avantage en cas d’accession, j’ai en même temps d’autres contacts, que je prendrai le temps d’étudier avant de décider de quoi que ce soit.

S. M. A.

 

 

- «Pour certains, il suffit de mettre un bracelet avec un drapeau algérien pour être appelé en sélection»

- «L’EN ne s’intéresse pas à moi car je suis le frère d’Abderraouf»

- «Arouca, c’est l’Arba du Portugal»

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