Il était arrivé presque sur la pointe des pieds, lui l’ancien défenseur du club phare de la Kabylie. Une entrée en scène tout ce qu’il y a de naturel, tant le monsieur est respectable, disposant d’une aura qui lui permettait de figurer en bonne place dans l’organigramme du club. Quoi de plus naturel de voir l’enfant du club, le charismatique défenseur Hannachi présider à la JSK ? Dès les premières années de son règne, Moh-Chérif Hannachi va s’appuyer sur les acquis du club et marcher sur les pas de ses illustres prédécesseurs, dont Dda Boussaad Benkaci. La JSK est au sommet encore, le club kabyle est égal à lui-même. Hannachi apporte avec lui la fraîcheur d’un jeune capitaine et la force d’un homme qui a envie de marquer son équipe. Les résultats sont encourageants, la JSK respire le bien-être et reste l’exemple à suivre, tant son environnement est sain. Vers la fin des années quatre-vingt-dix, soit après sept années de présidence de Moh-Chérif, la JSK, qui a déjà à son palmarès la prestigieuse Ligue des champions et la (défunte) coupe des clubs vainqueurs de coupe, va rentrer dans la légende africaine en s’adjugeant la Coupe de la CAF, trois fois de suite s’il vous plaît. Un grand coup. Il n’y a pas à dire, Moh-Chérif Hannachi vient de frapper un grand coup en entrant dans le cercle très fermé des clubs ayant réussi la passe de trois. Seuls Al-Ahly du Caire, l’ES Tunis et le RAJA Casablanca l’ont fait, et maintenant il faudra compter avec la JSK de Hannachi.
Il faut savoir quitter la table, lorsque…
Nous sommes dans les toutes premières années 2000, la JS Kabylie compte parmi les clubs les plus prestigieux au monde (classement FIFA, par continent et par aura nationale). Le club kabyle est en tout cas un des plus prestigieux du continent noir. Le monde bouge, le football tout autant, la Grèce est championne d’Europe, la Turquie demi-finaliste de la Coupe du monde. Le football va à une vitesse grand V. La JSK qui a atteint les sommets se devait de passer à autre chose. La politique du club reste la même. Au lieu de passer à un autre mode de gestion autrement plus adapté aux exigences du moment, Hannachi s’accroche à son archaïsme sinon fait pire. Hakim Medane et Hamid Sadmi, respectivement manager général et président de section, se sont efforcés à donner une autre envergure au club en lançant plusieurs projets, notamment celui du rajeunissement de l’intérieur. Hannachi stoppe tout. C’est le début de la glissade. A court d’argent, lâché par de nombreux mécènes et sponsors, Moh-Chérif Hannachi devra faire face à la bronca des supporters. La tension est telle entre le club et ses propres supporters que la JSK est forcée à l’exil. Elle prendra ses quartiers à Boumerdès.
Le retour à Tizi se fait dans la douleur.
L’absence de stratégie, de projet, plonge le club kabyle dans les abysses d’une grave instabilité. Les entraîneurs défilent à la barre, les managers généraux aussi, les résultats ne changent pas. La JSK peine à retrouver son aura. Les supporters, aidés par plusieurs anciens joueurs, tentent de déloger Hannachi de son poste. L’homme est tenace, il s’accroche vaille que vaille et fait front. Hannachi avait eu pourtant d’excellentes portes de sortie honorable, il ne les a pas prises. C’est son choix.
M. O.