Amoros : «Les Algériens ne tiennent pas 90 minutes»

C’est un Manuel Amoros détendu, professionnel et prêt au combat qui a accepté de répondre avec beaucoup d’à propos et de courtoisie à nos questions. Un technicien français qui est conscient de la tâche qui sera la sienne dimanche et qui fera tout pour contrecarrer les rêves algériens de Coupe du monde

-Manuel Amoros, comment se présente pour vous ce match retour face à l’Algérie ?

Nous nous donnons à fond pour que cela se présente bien. Nous savons que ce sera très compliqué. Nous savons aussi que l’Algérie est une grande nation de football. Nous sommes à Porto-Novo depuis une semaine et demie. Et nous préparons les choses tranquillement et sereinement.

Pensez-vous que le fait d’avoir eu tous vos joueurs quasiment depuis une semaine serait un avantage ?

Clairement oui. Car bien que nous soyons dans une période où les joueurs, qui viennent de connaître une longue et éprouvante saison, ne rêvent que de vacances. Mais jouer un match de Coupe du monde reste un challenge suffisamment important pour motiver un joueur. Ce genre de match, j’en ai joué lorsque j’étais joueur, et c’est extraordinaire et ça n’arrive pas tous les jours dans une carrière. La longueur du stage nous a servis à remobiliser les troupes pour les mettre en pression petit à petit pour arriver au top le jour du match. Il ne faut pas mettre trop de pression aux joueurs, le match doit se jouer dimanche et il ne faut pas trop le jouer dans les têtes.

On vous a vu très en colère à Blida lors du match aller, au point que vous ne vous êtes même pas présenté à la conférence de presse. Que s’est-il passé au juste ?

Je voudrais éclaircir les choses. Je présente mes excuses aux journalistes algériens, mais personne n’est venu me chercher au vestiaire pour me dire de me présenter à une quelconque conférence de presse. Lorsque je suis sorti du couloir pour aller au bus, j’ai répondu sans problèmes à vos confrères qui se trouvaient en zone mixte. Donc, voilà, il n’y a eu aucune mauvaise volonté de ma part.

Nous pensions que vous étiez en colère à cause de l’arbitre de ce match aller. Cela a-t-il eu aussi une incidence sur votre humeur ?

Vous savez, lors de ce match, il y a eu une injustice. La première mi-temps a été favorable à l’Algérie. Ils pouvaient marquer 3, 4, 5 buts sans problème. Malheureusement, ils ont été maladroits, et notre gardien a fait aussi quelques beaux arrêts. La seconde période a été beaucoup plus équilibrée. Ils ont eu quelques occasions de scorer, et nous aussi, nous nous en sommes procurés. Dans ce match, il y a eu un fait de jeu, une position de hors jeu flagrante qui n’a pas été sifflée. Lorsque c’est un hors jeu litigieux, on n’y peut rien, c’est la faute à pas de chance, l’arbitre est un humain. Mais lorsqu’elle est flagrante comme l’a été celle-là, je suis désolé, c’est de l’injustice.

Et l’expulsion de votre gardien, comment la jugez-vous ?

Injuste aussi. Car lorsqu’on regarde les images, on s’aperçoit qu’il ne prend pas le ballon de la main. D’ailleurs, l’arbitre central qui était proche de l’action a laissé jouer. Et c’est l’arbitre de touche qui est à plus de 35 mètres qui voit le hors jeu et agite son drapeau en indiquant que le gardien avait touché la balle en dehors de sa surface. Mais je suis aussi objectif et je ne m’arrête pas à ça. Nous avons fait une très mauvaise première mi-temps. Nous avions prévu de ne pas subir, nous avons subi. Sans ce coup du sort, on aurait pu arracher le nul. En plus, nous avons perdu notre gardien numéro 1 qui ne pourra pas jouer dimanche.

Qui sera son remplaçant ?

C’est Guillaume Bémenou qui le remplacera dimanche.

Ce gardien n’est-il pas sans club ?

Il n’a pas de club actuellement, mais il s’entraîne dur. Vous savez, nous sommes une petite nation de football, nous n’avons pas énormément de gardien de but. On fait avec les moyens du bord. Nous n’avons pas comme vous des joueurs qui jouent partout en Europe et pour certains dans des grands clubs. L’Algérie est un pays de football. Vous avez un grand réservoir en Europe, un championnat structuré. Il y a du travail de formation qui y est dispensé. Nous, au Bénin, on y arrive, mais tout doucement et petit à petit, car c’est plus difficile.

Vous récupérerez pour ce match le capitaine, Stéphane Sessegnon, un grand atout. Soulagé, n’est-ce pas ?

Bien sûr que je suis soulagé. C’est le leader du groupe. C’est un homme qui de par ce qu’il dégage, son expérience et ses qualités naturelles, va nous apporter énormément.

Pourquoi ce choix de Porto-Novo ? Parce que la pelouse est de mauvaise qualité ?

Non, détrompez-vous. La pelouse est meilleure qu’à Cotonou. Après, il faut voir avec le président de la Fédération qui a choisi le stade. Peut-être que cette alternance des deux villes a pour but de contenter tous les supporters en leur permettant de voir les Ecureuils. En tout cas, c’est la première fois que nous jouons ici. Espérons que cela nous portera bonheur.

Peut-être que le président Moucharafou, très en colère à Blida, a choisi Porto-Novo pour mettre la pression aux Algériens ?

Les tribunes sont plus petites qu’à Cotonou, certes, mais le terrain est aussi grand qu’à Blida. Ce n’est pas un petit stade. Mais la comparaison s’arrête là, car la pelouse de Blida était en très bon état. C’était vraiment exceptionnel.

Vous qui connaissez bien les footballeurs algériens, les individualités sont là, certes, mais que pensez-vous de l’équipe et du collectif algérien ?

Moi, je ne peux juger à travers le match aller et la CAN. Et tout ce que je peux vous dire, c’est que vous disposez d’un groupe de qualité. Ils ont été meurtris de leur élimination précoce, car lorsqu’on est l’Algérie, on vient à la CAN pour la remporter. Malgré cet échec, votre président de Fédération a été intelligent, il n’a pas voulu tout chamboulé, il a maintenu le groupe et sa confiance à Halilhodzic. On est pour ou on est contre, mais il a choisi de poursuivre le travail. Alors que dans le football d’aujourd’hui, on n’aime pas le long terme. Alors que l’on ne doit pas voir que le résultat, mais laisser travailler quelqu’un sur le long terme pour mettre en place son programme. Je pense que votre président a été intelligent, selon moi.

De quoi allez-vous vous méfier dimanche ?

Vous savez, nous avons scrupuleusement étudié l’équipe d’Algérie. Nous avons vu beaucoup de belles choses, mais aussi des failles. Pour résumer, l’équipe n’a pas 90 minutes dans les jambes. Elle ne tient pas le match au complet. Cela a été flagrant contre le Togo. Enorme domination algérienne. Beaucoup d’occasions sans marquer de but. Fléchissement physique qui permet au Togo de revenir dans le match et de l’emporter.

La fonction exacte de Manuel Amoros au Bénin, quelle est-elle ?

Officiellement, je suis entraîneur de l’équipe nationale du Bénin «A». Je suis secondé par mon staff et épaulé par l’entraîneur des A’ et des U17. Mais comme souvent en Afrique et de par mon expérience en Europe en matière d’organisation, j’essaye d’apporter ma modeste contribution à la Fédération et au ministère de tutelle, mais le dernier mot leur revient. C’est un petit pays, on doit mettre la main à la pâte.

Le futur de Manuel Amoros ?

Je suis sous contrat jusqu’en 2014 (rire). Pourquoi ? Vous avez des informations sur mon avenir ? Ce que je sais c’est que ce match n’est pas décisif  pour moi. Même si je ne gagne pas, je resterai l’entraineur du Benin

On vous annonce à la JS Kabylie. Confirmez-vous l’information ?

Non. A ma connaissance, il n’y a pas eu de contacts. De toutes les manières, je suis concentré à 100% sur le Bénin jusqu’à nouvel ordre.

 

 

 

 

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