Est-ce parce que depuis hier le compte à rebours des jours, un an, qui nous séparent de la Coupe du monde Brésil 2014 a été actionné sur la plage de Copa Cabana à Rio de Janeiro, mais il flotte chez nous un parfum de 19 novembre 2009, de lendemain d’Oumdormane, depuis la victoire des Fennecs dimanche dernier.

Le problème, c’est que nous ne sommes pas en novembre 2013, date à laquelle nous connaîtrons les 5 qualifiés de la zone Afrique mais juste en juin, que rien n’est encore joué et que l’équipe nationale doit encore disputer deux matchs importants dont un déplacement capital et périlleux à Kigali pour affronter les Guêpes.

Nous ne sommes pas encore qualifiés

Lorsqu’on regarde le reportage de l’ENTV qui nous filme les joueurs dans l’avion comme s’ils revenaient avec la qualification en poche, qu’on lit les manchettes des journaux et qu’on regarde les réseaux sociaux, on a l’impression que l’on a notre ticket pour la World Cup. Le problème, c’est que certes nous sommes en tête de ce croupe H, mais que nous n’avons que deux points d’avance sur le Mali alors qu’il reste encore 6 points à distribuer. Autant dire que toute contre-performance, lors d’un des deux prochains matchs, hypothéquerait sérieusement nos chances de qualification. Et combien même nous passerions cet obstacle, il nous restera un match barrage en aller et retour à disputer. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.

Il faut raison garder

Mais le plus inquiétant, ce sont les déclarations de certains joueurs, dont le capitaine Madjid Bougherra sur RMC et dans la presse nationale,  qui sont d’un optimisme débordant et qui se voient déjà arpentant les rues d’Alger sur l’autobus impérial en totale communion avec le peuple. Un optimisme qui n’a jamais réussi à l’équipe nationale par le passé. Un passé  récent qu’il ne faut pas oublier et duquel il faut tirer les conséquences.

L’Algérie n’est forte que lorsqu’elle est outsider

Car notre équipe nationale, ces dernières années, n’a réussi à se transcender que lorsque les médias et la rue n’y croyaient plus en elle. Pour paraphraser le jargon des courses hippiques, lorsqu’elle a le statut d’outsider. Et les exemples dans un sens ou dans l’autre sont légion. Qui aurait parié sur les Fennecs face à la toute puissante équipe d’Egypte ? Personne, il n’y a qu’à lire les archives de l’époque ou les forums de supporters sur Internet. Pourtant, le groupe de Saâdane, touché dans son orgueil et voulant prouver au monde qu’il se trompait, a réussi l’exploit. Ce même groupe qui, une fois son billet en poche pour la Coupe du monde 2010, est arrivé en Angola avec des lunettes de soleil façon « Festival de Cannes » et qui a pris 3 à 0 face au modeste Malawi. Une fois le Malawi passé, la bande à Yahia, lynchée par la presse et les supporters, a éliminé l’épouvantail Côte d’Ivoire dans un match épique qui sera élu par la FIFA match de l’année. Et nous ne parlerons pas de Bangui où nos chevilles étaient enflées, ou de la dernière CAN que nous étions censée remporter avec les résultats que l’on sait. Car si nos joueurs ont eu autant de grinta et de hargne à Cotonou, c’était pour laver l’affront de la CAN 2013. Pour prouver à la presse et aux supporters, qui ne s’étaient pas déplacés en masse, face au Burkina Faso, qu’ils étaient encore là et bien là et qu’ils allaient faire mentir leurs détracteurs en sortant un gros match à Porto-Novo et c’est ce qu’ils ont fait. Le problème qui se pose maintenant c’est : iront-ils à Kigali avec l’esprit de Porto-Novo ou avec celui du Malawi ? La question mérite d’être posée.

Rwanda-Algérie sera le match le plus dur de la poule

Car il ne faut pas se leurrer. Même si on nous balance des déclarations du type : « Nous allons tout donner à Kigali », ou bien «  Nous voulons les 6  pointse » ect. inconsciemment après la victoire du Bénin et tout le bruit que cela a fait, car c’était, il faut bien l’avouer, une perf’, un relâchement psychologique a du s’opérer. Car nos joueurs qui sont très connectés Internet n’ont pu s’empêcher de lire les unes des journaux et les déclarations d’amour de leurs supporters, sur leur compte Facebook, qui font d’eux des Leo Messi ou des Zidane en puissance. Des déclarations d’amour qui ont pour but de les remercier et de les booster pour leur match, mais qui, compte tenu de « la jurisprudence Bangui-Luanda», risquent de les handicaper et de leur faire croire, et nous le disons sous forme de boutade, que juste le fait d’apparaître à Kigali leur rapportera trois points. Le Rwanda a toujours été, à l’instar du Bénin d’ailleurs, une équipe difficile à manœuvrer, surtout lorsqu’elle joue chez elle. Elle est souvent dernière de la poule car elle joue par à-coup. Et que je joue le premier match à fond, et que je t’en laisse filer deux, et, enfin, que je me remette à jouer en fin d’éliminatoires pour fausser la poule.

Kigali sera le Chililabombwe de Vahid

Car même si beaucoup, dont le capitaine des Verts, ont voulu comparer le Bénin-Algérie de Porto- Novo au Zambie-Algérie de 2009, le véritable Chililabombwe de Vahid et ses ouailles, ça sera le stade de Kigali. Car à Porto-Novo, grâce à Dieu, la pluie a fait retomber la température et a donc adouci le climat. A Kigali, à 15h30 de l’après-midi, le soleil sera à son zénith et nos joueurs souffriront énormément. Et il n’y aura pas de Daniel Bennet, de Eddy Maillet ou de Haïmoudi à l’arbitrage mais monsieur Yacuba Keita, qui a prouvé son degré de nuisance surtout lorsqu’il arbitre les Guêpes rwandaises donc attention.

Mobilisation générale pour dimanche

Pour toutes ces raisons, le mot d’ordre de Vahid Halilhodzic et de son staff, du capitaine et des joueurs expérimentés devra être « Mobilisation générale ». Nous n’avons réussi que 50% du chemin, il y en a encore 50 à parcourir et cela passe par une victoire à Kigali. Il faut oublier Porto-Novo et repartir à zéro avec le même œil du tigre qui nous a permis de prendre les 3 points au Bénin. Oublier le Brésil et ne penser qu’à la bataille de Kigali.

Mohamed Bouguerra