Il était à ce moment-là 14h30 (heure locale) soit une heure avant l’entraînement des Verts. En fait, on a tout de suite pu se rendre compte qu’il y avait des barrages de police partout pour fermer la route. On avait beau leur expliquer que nous étions journalistes algériens, les policiers n’ont rien voulu savoir. Du coup, nous avons été contraints de rouler sur une piste pour arriver au stade. A notre arrivée, là aussi, on nous dit pas question que la voiture rentre. On s’exécute et on marche à pied jusqu’à la porte du stade. Mais une fois de plus, l’accès est interdit et on nous demande de quitter les lieux sur-le-champ et d’emprunter une autre route. On insiste pour connaître les raisons de toutes ces interdictions, et là on nous dit que le président de la République rwandaise était à l’intérieur du complexe en train d’animer un meeting en prévision des prochaines élections.
A ce moment-là, on comprend que couvrir la séance des Verts sera certainement difficile.
15 minutes de négociations pour laisser le staff rentrer
Malgré toutes ces interdictions, on marche près d’un kilomètre pour tenter d’accéder via une autre porte. Et là, on rencontre nos collègues journalistes algériens venus couvrir l’événement. On avance vers l’entrée principale et encore une fois plusieurs hommes en civil cette fois-ci viennent nous dire qu’il est strictement interdit d’y accéder du fait que le président de la République est à l’intérieur. On leur explique encore une fois que nous sommes des journalistes algériens, mais ils n’ont rien voulu savoir.
Au moment où nous tentions de rentrer, le bus du staff, venu à 15h00 pour préparer les plots et la disposition du terrain de l’entraînement, arrive. Nouredine Kourichi et Cyril Moine n’ont rien compris à ce qui se passait. Le chargé de sécurité, qui a accompagné le staff, est descendu pour faire comprendre que l’équipe d’Algérie avait un entraînement, mais là aussi rien. Korichi, Moine, l’entraîneur des gardiens et Brixi décident donc de descendre du bus, ils avancent vers la porte pour rentrer, et là encore interdiction d’y accéder.
Korichi : «Vous voulez mon badge, voilà, je vous montre mon chronomètre»
Les policiers demandent des badges prouvant qu’ils faisaient vraiment partie du staff de la sélection algérienne, Korichi qui n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles a répliqué : «Vous voulez voir mon badge et bien attendez je vais vous le montrer. Et il sort son chronomètre au policier qui n’a rien compris. Des négociations ont donc commencé entre les adjoints de Vahid, le chargé de la sécurité et le service d’ordre rwandais. «On va vous parler, mais sortez d’abord du stade et après on verra», n’ont cessé de répéter les policiers.
Tout a été fouillé, même les ballons
Les trois adjoints ressortent du stade et de nouvelles discussions ont commencé. Après près d’un quart d’heure, les membres du staff technique ont finalement réussi à y accéder. Mais avant, tout a été fouillé. Tous les sacs un par un, même les ballons ont été contrôlés. Il faut dire que toute la presse présente n’en revenait pas du fait qu’aucune consigne n’a été donnée aux responsables du stade afin que l’équipe algérienne puisse accéder pour s’entraîner comme le prévoient les règles de la FIFA. Pire encore, les policiers ont contrôlé nos appareils un par un, nous demandant d’effacer toutes les photos du fait que nous étions dans une zone sécurisée et qu’on n’avait pas de ce fait le droit de prendre des photos.
Vahid et les joueurs n’ont rien compris
Cinq minutes plus tard, ce sont les deux petits bus de l’équipe nationale qui arrivent au stade Amahoro. Là aussi et face à la stupéfaction de Vahid Halilhodzic qui était dans le premier bus, pas d’accès. Les joueurs eux aussi sont restés là à ne rien comprendre. L’un des agents de sécurité accompagnant la délégation algérienne expliqua donc au coach national qu’il ne sera pas possible de rentrer avec le bus. Vahid sort et demande à sa troupe de faire pareil et de rentrer à pied. Les joueurs à leur tour descendent du bus et rallient la pelouse à pied. Nous, journalistes, on a enfin pu y accéder avec les joueurs au stade pour couvrir la séance.
C’est dire que, sachant pertinemment que l’équipe algérienne allait se présenter au stade, il y a tout simplement eu excès de zèle de la part des autorités ruandaises. Ces dernières auraient pu tout simplement donner des consignes pour que tout ce scénario soit évité. En fait, on a tout simplement voulu jouer sur le moral des joueurs et le staff. Ce fut le cas pour les adjoints qu’on a vu vraiment énervés, et ça se comprend tout à fait. Les joueurs, quant à eux, sont restés zen et se sont dirigés le plus normalement du monde à leur séance d’entraînement.
Les Rwandais ont voulu se rattraper en offrant 2 heures d’entraînement
Enfin, pour se rattraper par rapport à ce qui s’était passé, les responsables rwandais ont fait savoir aux Algériens qu’ils pouvaient aller jusqu’à deux heures d’entraînement et qu’ils n’allaient pas les chasser au bout d’une heure seulement comme le prévoit la FIFA. Les joueurs se sont finalement entraînés pendant 1h50’.
A. H. A.